Devenu un artiste de plus en plus recherché avec une augmentation constante de sa cote depuis ces quinze dernières années, Jean Michel Basquiat, mort en 1988 d'une overdose à 28 ans, est en passe d'atteindre de nouveaux sommets après le record de 48,8 millions de dollars enregistré pour « Dustheads », une toile de 1982 achetée 400 000 dollars en 1996 revendue en mai dernier par Christie's à New York.
Ce record pourrait bien tomber lors des prochaines ventes aux enchères organisées à Londres et à New York pour rapprocher Basquiat un peu plus des autres ténors du marché de l'art, tels Warhol, Rothko ou Bacon.
Juste après sa mort, les œuvres de Basquiat se vendaient généralement bien en-dessous de la barre des 100 000 dollars et ceux qui misèrent sur cet artiste éphémère en gardant leurs acquisitions bien au chaud chez eux eurent le nez creux en voyant sa cote grimper de manière spectaculaire dans les années qui suivirent.
Maintenant, les collectionneurs sollicitent les maisons de vente pour récolter les fruits de leurs anciens achats en sachant pertinemment que les belles culbutes sur Basquiat seront plus difficiles à réaliser dans les années à venir.
C'est donc un nombre impressionnant d'œuvres de cet artiste longtemps paumé et ignoré qui vont être proposées à la vente dans les semaines à venir, que ce soit à la FIAC, à la Frieze Art Fair de Londres ou dans des ventes aux enchères dans la capitale du Royaume-Uni ou à New York ou sera proposée « Untitled », une toile de 1982 estimée entre 25 et 35 millions de dollars qui avait été achetée par un collectionneur européen pour l'équivalent de 115 000 dollars en 1992.
Et dire que dix ans plus tôt, Basquiat avait bien du mal à céder ses oeuvres à plus de 3000 dollars alors qu'il vivait surtout d'expédients et occupait souvent des squats tout en se shootant à l'héroïne mais il eut la chance d'attirer l'attention du galerie suisse Bruno Bischoffer qui se chargea alors de le propulser sur le devant de la scène d'autant plus qu'il venait en même temps de séduire Andy Warhol en personne lequel accepta de collaborer un temps avec lui et le fit connaître du Tout-New York.
D'autres galeristes comme Daniel Templon ou Enrico Navarra prirent ensuite le risque de capitaliser sur cet artiste sorti de nulle part pour alors inciter des collectionneurs à acheter plusieurs de ses œuvres pour prendre des millions au passage en tirant profit de son profil d'artiste maudit disparu trop tôt.
Basquiat était vraiment atypique dans les années 1980 en peignant des œuvres plutôt naïves et primitives avec des têtes de morts, des signes, des symboles en les associant à des photocopies Xerox sur des supports variés pour décliner un vocabulaire simple et établir les premiers jalons du Street Art dont il fut des premiers tenants puisqu'il commença par faire des graffiti dans les rues et des stations de métro à New York et aussi à Paris où il fut très tôt repéré par le collectionneur Richard Rodriguez, son premier découvreur dans la capitale.
Basquiat a donc suscité l'engouement des collectionneurs de sa génération qui ont retrouvé en lui des repères de leur jeunesse pour en faire une star incontestée du marché de l'art au point que certains analystes ont été jusqu'à prédire qu'il dépasserait Warhol dont le record a été établi à près de 72 millions de dollars pour alors être en passe de rejoindre dans la légende cet autre artiste maudit que fut Vincent Van Gogh.