En dépit de la crise qui a persisté depuis fin 2008, le marché de l'art contemporain dans le monde a progressé de 15% en 2012/2013 pour dépasser le milliard d'euros pour la première fois, a annoncé la société Artprice le 10 octobre 2013.
De juillet 2012 à fin juin 2013, le produit des ventes d'art contemporain réalisé par des artistes nés après 1945 a donc atteint 1,047 milliard d'euros, soit 140 millions de plus que pour la période correspondante de 2011/2012.
Par compte, le marché de l'art dans le monde a globalement reculé avec une baisse de 2,4% à 8,092 milliards d'euros en 2012/2013 pour cependant maintenir le cap honorablement grâce à la croissance insolente de l'art contemporain et celles des ventes des artistes émergents, notamment asiatiques.
Le marché de l'art contemporain bénéficie ainsi d'un crédit de confiance quoique celui-ci reste fragile tant il est difficile d'appréhender le devenir d'artistes en pointe aujourd'hui recherchés qui demain risquent de devenir délaissés.
Certes, les nouveaux musées qui se créent dans le monde achètent beaucoup d'art contemporain et les investisseurs s'y intéressent étroitement, notamment les collectionneurs à forte capacité financière dont le nombre a considérablement augmenté ces dernières années. Pour satisfaire une demande accrue, l'art contemporain est devenu incontournable, a signalé Artprice qui a oublié de préciser que ce domaine a été investi par des millionnaires désireux de prendre d'importantes dividendes en pensant que les cotes des artistes sur lesquels ils ont misé ne cesseront pas de grimper.
L'art contemporain n'a pourtant représenté que 13% des transactions du marché de l'art mais étant donné son attrait, il semble destiné à prendre de l'ampleur alors qu'au début des années 2000, les ventes de ce secteur totalisaient seulement 75 millions d'euros avant de grimper jusqu'à 979 millions en 2007/2008. La crise financière avait sévèrement affecté le secteur de l'art contemporain pendant deux ans avant que celui-ci ne regagne le terrain perdu et dépasse le record de 2007/2008.
L'art "post-war" réunissant les artistes nés entre 1920 et 1945 comme Andy Warhol ou Jackson Pollock est resté stable à 1,66 milliard d'euros en 2012/2013, a précisé Artprice. L'art moderne", qui couvre la période 1860-1919, a cependant reculé de plus de 9% à 3,85 milliards d'euros, mais il représente encore 47% des transactions en valeur sauf que les oeuvres importantes proposées sur le marché se sont raréfiées. Pour sa part, l'art ancien a baissé de 7% à 758 millions, le XIXe siècle progressant néanmoins de 12% à 771 millions.
Le dynamisme de l'art contemporain ne tient pas au nombre de ventes qui se maintiennent autour de 45.000 lots, mais au marché haut de gamme qui n'en finit pas de se doper aux records, a souligné Artprice, les 140 millions d'euros supplémentaires reposant principalement sur une dizaine d'adjudications venues récompenser notamment les artistes les plus chers de l'année, les Américains Jean-Michel Basquiat et Jeff Koons. Ill convient toutefois de préciser que la santé de ce domaine repose essentiellement sur les motivations de très riches collectionneurs prêts à se disputer les meilleures pièces à coups d'enchères faramineuse, ce qui veut dire que les véritables amateurs sont devenus hors-jeu pour laisser la place à des spéculateurs qui ne soucient pas de la valeur esthétique d'une oeuvre mais de la plus-value qu'elle peut engendrer.
Basquiat, né à New York, d'origine portoricaine et haïtienne, a ainsi totalisé 162,55 millions d'euros de ventes publiques sur son nom en 2012/2013. Il était déjà numéro un l'an dernier avec 79,9 millions d'euros de transactions cumulées. Il a fait deux fois mieux cette année pour dépasser largement de très grands peintres d'autres générations comme l'Impressionniste Claude Monet (30,4 millions d'euros) ou Pablo Picasso (29,4 millions).
Dans le classement des artistes contemporains, c'est un autre Américain, Jeff Koons (né en 1955), qui se situe à la deuxième place avec 40,14 millions d'euros de ventes cumulées. Une belle remontée pour cet artiste qui produit surtout des oeuvres avec l'aide de multiples assistants qui était neuvième l'an dernier. Ses "Tulips" (23,6 millions d'euros) ont été vendues trois fois plus cher qu'un bronze de Giacometti (7,8 millions pour "La Jambe")
Cette année, la 3e place est revenue à'Américain Christopher Wool (né en 1955) comme l'an dernier, avec 25,2 millions d'euros de vente tandis que le Chinois Zeng Fanzhi (né en 1964) qui était numéro deux l'an dernier, s'est retrouvé relégué à la quatrième place avec 25,1 millions d'euros (contre 33,2 millions d'euros l'an dernier). Son compatriote Zhou Chunya (né en 1955) a pris la cinquième place devant le Britannique Peter Doig (né en 1959) et un autre Chinois, Chen Yifei (1946-2005) tandis que le Britannique Damien Hirst (né en 1965), quatrième l'an dernier, a reculé à la 8e place. On trouve à la neuvième place l'Américain Mark Grotjahn et à la dixième, un Allemand, le photographe Andreas Gursky.
Les Etats-Unis sont redevenus numéro un pour l'art contemporain en 2012/2013, supplantant de peu la Chine, les ventes organisées là-bas ayant bondi de plus de 56% par rapport à l'année précédente, à 353,77 millions d'euros, un record historique. "C'est à New York, capitale mondiale du marché haut de gamme, que tout se joue", selon Artprice.
La Chine, qui a été le moteur de la croissance du marché de l'art ces dernières années, est repassée à la seconde place en 2012/2013 à la suite d'une baisse de 5,9% de ses ventes d'art à 353,57 millions d'euros, un recul dû à la baisse de son PIB tout autant qu'à l'envie de ses millionnaires de digérer leurs précédents achats. Le Royaume Uni a pris la 3e place avec 221,4 millions d'euros loin devant la France qui a totalisé 29,2 millions d'euros de ventes d'art contemporain avec toutefois une progression de 35% résultant essentiellement de belles ventes de Basquiat.