L'art contemporain a atteint de tels sommets au niveau des prix au point que ce domaine est devenu la chasse gardée d'acheteurs bien nantis sans compter que les amateurs d'art et même les critiques ont du mal à apprécier des oeuvres qui esthétiquement leur paraissent plutôt douteuses.
La moindre oeuvre d'art contemporain dépasse allègrement les 5000 euros dans les galeries et maisons de vente alors que les artistes en pointe dans ce domaine voient les leurs se vendre à des prix faramineux grâce à des opérations de marketing qui relèvent de tours de passe-passe.
Le marché de l'art a ainsi résisté à la crise grâce à des enchères spectaculaires enregistrées en faveur d'artistes chinois, américains ou autres au profit d'un plus d'un millier de millionnaires de la planète cherchant à sécuriser une partie de leurs avoirs sans souvent avoir une quelconque notion de la valeur intrinsèque d'une oeuvre qui ne vaut en fait ce qu'on veut bien miser sur elle.
Toutefois, le pire est de constater que l'art contemporain se nourrit fréquemment du n'importe quoi, en allant de la dérision à la provocation sans qu'on sache vraiment analyser ce que les galeries ou maisons de vente proposent.
Nombre d'artistes se sont revendiqués de Duchamp ou de Warhol pour s'affirmer sur la scène internationale, certains comme Koons, Cattelan ou Hirst se permettant de définir des oeuvres qu'ils créent avec l'aide de nombreux assistants mais au final, c'est surtout le niveau indécent des prix qui interpelle nonobstant le fait que plusieurs critiques ont baissé les bras en dénonçant un art devenu impossible à analyser vu que le marché est régi par une cinquantaine de puissants galeristes et les principales maisons de vente.
Fait marquant, des collectionneurs ont commencé à se détourner de l'art contemporain après avoir constaté que certains artistes valaient bien plus cher que des maîtres comme Brueghel, Rembrandt, Velazquez, Fragonard ou autres qui en leur temps étaient célébrés comme des génies de la peinture. Ainsi, Richard Rodriguez, le découvreur de Jean-Michel Basquiat en France, a fini par manifester son écoeurement de voir le monde de l'art contemporain devenir la proie des spéculateurs pour se tourner vers les maîtres anciens.
" Il n'y a plus rien à faire dans ce domaine devenu bordélique à souhait où la création équivaut souvent à de la merde vendue à des prix indécents. Vive donc l'art ancien où de belles choses peuvent être acquises à des prix plus qu'abordables avec en prime le plaisir des yeux," a déclaré Rodriguez.
Il est vrai qu'un Brueghel à 500 000 euros, un Téniers à 200 000, un Clouet à 150 000, Un Ruysdaël à 400 000, un Pater à 250 000, un Boucher à 600 000 ou tout autre oeuvre d'un maître ancien qui ne dépasse pas souvent le million d'euros vaut bien plus esthétiquement qu'un "trucmuche" d'un artiste contemporain que des acheteurs dénués de goûts iront s'arracher pour plusieurs millions d'euros.
On dira certes que les anciens n'ont plus la vogue et que les oeuvres contemporaines font partie de la vie de leurs acheteurs sauf que durant des siècles, l'évolution de l'art s'est faite à travers des jalons apparemment logiques tandis que les révolutions constatées de temps à autre avaient un sens. Aujourd'hui, les véritables amoureux de l'art se sentent déconnectés et bien en peine de comprendre ce qu'on leur présente devant leurs yeux sans oublier que les oeuvres susceptibles de leur paraître intéressantes sont souvent inabordables.
Pour moins de 3000 euros ont peut donc souvent s'offrir un plaisant tableau du 17e siècle alors que pour la même somme, on n'a droit à pas grand chose dans le domaine du contemporain. En conclusion, il n'y pas photo entre une oeuvre de Poussin et une toile de Hirst représentant des ronds de couleur et dont le prix peut dépasser les deux millions d'euros dans une vente. Et si une Bugatti fait rêver d'innombrables amoureux des automobiles mythiques, il devrait en être de même concernant un tableau ancien de belle qualité à la beauté toujours aussi présente et dont l'auteur aura fait l'objet d'une étude pertinente de la part d'un critique.