Les ventes organisées en Chine participent grandement à la bonne santé du marché de l'art mondial mais tout n'est pas aussi rose dans ce pays puisque la demande s'y est réduite en 2012 alors que l'impressionnante quantité de faux proposés aux enchères n'a pas laissé d'inquiéter.
Bref, le volume des ventes réalisées en Chine a baissé en 2012 de 50% par rapport à l'année précédente pour n'atteindre qu'un CA global de 4,4 milliards d'euros, selon une étude publiée le 20 décembre 2013 par l'association des groupes de ventes de Chine.
Cette étude n'a offert aucune explication au sujet de cette régression due en partie à une surveillance plus étroite des autorités sur les importations et exportations d'objets d'art et plus généralement à la baisse du développement économique de la Chine et au nombre inquiétant de faux apparus dans les ventes. A cela, il convient d'ajouter l'incapacité de nombreux acheteurs à régler leurs achats.
Il y a près de 600 groupes de ventes en Chine spécialisés essentiellement dans la vente de peintures modernes et classiques ou de calligraphies, notamment des oeuvres de peintres comme Qi Baishi, Fu Baoshi ou Li Keran dont une toile titrée "Montagnes en Rouge" a atteint près de 40 millions de dollars aux enchères. Leur principal problème est de se faire régler les oeuvres qu'ils ont vendues, le pourcentage d'impayés atteignant jusqu'à 40%, Poly, le groupe leader, ayant été durement affecté par cette situation due au ralentissement de l'économie chinoise pour avouer avoir enregistré un bon tiers d'impayés sur son produit de 2012.
En fait, le marché de l'art ne tient la route qu'à travers les achats des multimillionnaires de la planète dont le nombre a été croissant depuis une décennie mais son développement est loin d'être idyllique comme on a pu le constater récemment avec la décision de Sotheby's de se séparer de Tobias Meyer, le grand manitou des ventes qui venait pourtant d' engranger 380 millions de dollars, dont 105,4 millions rien que pour le "Silver Car Crash" d'Andy Warhol lors d'une seule soirée de vente d'art contemporain en novembre tandis que dans le même temps le groupe Christie's culminait pour sa part à près de 700 millions de dollars.
Exit donc Tobias Meyer, remercié par Bill Ruprecht, le président de Sotheby's lui-même soumis à la pression de Daniel Loeb, l'un des principaux actionnaires du groupe qui a réclamé avec insistance une réforme en profondeur du groupe.
Comme d'autres avant lui, Meyer a décidé de se mettre à son compte en espérant attirer à lui les riches vendeurs et acheteurs qui lui avaient fait confiance pour travailler avec Sotheby's, ce qui veut dire qu'être au service d'une grande maison de vente est valorisant à condition de ne pas s'y encroûter même avec un salaire mirifique surtout que la pression peut être insupportable lorsque les résultats escomptés par son patron ne sont pas au rendez-vous.
Ne pas parvenir à vendre une oeuvre estimée à plusieurs millions de dollars est ainsi un échec difficile à avaler, voire même une humiliation puisque les critiques peuvent pleuvoir en tous sens sur l'intéressé. Le moindre faux pas est donc inexcusable et peut provoquer un stress immense, comme Tobias Meyer l'a signalé après son départ de Sotheby's. Gageons qu'il aura désormais beaucoup moins de soucis en travaillant en solo.
Pour leur part, après avoir constaté que les ventes aux enchères classiques risquaient de marquer le pas à tout moment, Sotheby's et Christie's ont pris les devants en développant leurs transactions de gré à gré pour fonctionner ainsi à la manière des galeries, ce qui n'a pas manqué d'irriter nombre de professionnels. En attendant, la seule lueur d'optimisme pour le marché réside dans le fait que le nombre des milliardaires de la planète (ils sont plus de 2100 à l'heure actuelle) a été en augmentation constante et que ceux-ci ont vite rejoint le gros contingent des acheteurs prêts à miser de fortes sommes sur des oeuvres pour espérer les revendre avec un joli bénéfice.
Disposant d'une fortune globale de 6500 milliards de dollars, ces acheteurs dépensent au moins 15 millions de dollars par an sur le marché de l'art, cependant une misère par rapport à leur portefeuille mais suffisamment pour que celui-ci poursuive sa progression en devenant toutefois un club fermé pour milliardaires devenus plus des spéculateurs imbus de leur position sociale que de véritables collectionneurs.