L'année 2013 a été historique pour le marché de l'art dont le CA annuel a dépassé plus de 12 milliards de dollars, un record absolu avec un record mondial de 127 millions pour l'artiste britannique Francis Bacon établi par Christie's et près de 15 000 nouveaux records d'artistes, selon le rapport annuel du site Artprice.
Cette année faste a été favorisée par une demande mondialisée, notamment avec des acheteurs d'Asie, du Moyen-Orient et de Russie qui ont joué un rôle essentiel dans la bonne tenue du marché et affiché un féroce appétit pour les artistes phares du XXème siècle qu'ils ont arrachés record après record.
Artprice a signalé que depuis 2010, le monde de l'art avait été bouleversé par l'émergence de la Chine, une puissance qu'aucun acteur du marché ne pouvait désormais plus ignorer puisqu'elle a égalé les Etats-Unis au palmarès du produit total des ventes par pays.
Le produit de ventes annuel mondial a donc été en hausse de 13 %, passant de 10,6 milliards de dollars à 12,05 milliards, et l'indice global des prix de l'art a pris 15 points en 2013, au profit d'une hausse générale de l'ordre de 80 % en 10 ans.
Artprice a estimé que l'escalade des prix dans les ventes de prestige où la prise de bénéfice peut grimper de plusieurs millions en quelques minutes, n'était nullement le symptôme d'une nouvelle bulle spéculative du fait que le marché de l'art haut de gamme a fini par reposer non plus sur une poignée d'acheteurs fortunés dont le retrait du jeu conduirait à un effondrement global, mais sur un nombre grandissant d'acheteurs richissimes conquis par les hautes sphères du marché de l'art, pour des raisons diverses et variées.
Par ailleurs, huit des cinquante meilleures enchères de 2013 ont concerné des artistes vivants et ce Top 50 enchères compte même une œoeuvre du XXIème siècle : "The Last Supper" (2001) de l'artiste chinois Zeng Fanzhi.
Les recettes de la Chine ont donc encore été en hausse en 2013 (+21 %) malgré une année américaine d'excellence (circa 20 % de hausse). Le duopole Chine/États-Unis a désormais contrôlé près de 70 % du marché de l'art en termes de volume d'affaires en se retrouvant au coude à coude, la Chine ayant totalisé 4,1 milliards de dollars des ventes, juste devant les USA avec 4 milliards.
Face à cette montée en puissance, les autres places de marché ont été distanciées. Avec 2,1 milliards de dollars, le Royaume-Uni a généré deux fois moins de recettes que la Chine ou les Etats-Unis mais aucun autre pays n'a mis en danger sa 3ème place. Quatrième au palmarès, lanterne rouge du Marché de l'Art, la France n'a totalisé que 549 milliards de dollars (4,5 % du marché) devant l'Allemagne (207 milliards et 1,7 % du marché), la Suisse (159 milliards et 1,3 % du marché) et l'Italie (110 milliards de dollars et 0,9 % du marché)
Avec seulement 34 % d'invendus sur une offre pléthorique, le marché n'a jamais été aussi gourmand dans l'histoire et a digéré deux fois plus d'oeuvres qu'il y a 10 ans.
Il y a toutefois à mettre un bémol dans le rapport d'Artprice vu que le C.A de la Chine n'est pas tout à fait réel puisque plus de 35% des oeuvres achetées en 2013 sont demeurées impayées. Par ailleurs, alarmées par les flux d'argent sale dans les transactions d'oeuvres d'art, les autorités chinoises ont commencé à prendre des mesures contre le blanchiment d'argent qui pourraient avoir des conséquences sur les recettes des ventes en Chine sans compter que loin d'être terminée, la crise économique pourrait un jour ou l'autre avoir des répercussions sur les ventes mondiales. Par ailleurs, la situation en Ukraine et l'intervention armée ordonnée en février 2014 par Vladimir Poutine en Crimée pourraient entraîner des mesures de rétorsion envers les oligarques russes, ce qui risquerait de freiner leurs achats sur le marché de l'art. En conséquence de quoi, l'année 2014 est loin de s'annoncer aussi brillante que 2013 pour le marché de l'art.
Adrian Darmon