L'artiste
autrichienne Maria Lassnig qui s'était souvent représentée dans des
autoportraits plutôt décapants, est décédée à Vienne le 6 mai 2014 à l'âge de
94 ans au moment même où le MoMa PSI du quartier de Queens à New York lui a rendu
hommage.
Maria
Lassnig a été une artiste assez atypique qui a développé sa méthode de la
conscience du corps en peignant ses oeuvres à travers une perception mentale
d'elle-même ou de ses sentiments.
Dans "Du Oder Ich" (Toi ou moi), une
peinture de 2005, elle s'était notamment représentée nue, chauve et sans oreilles en
train de brandir deux pistolets, l'un vers sa tête et l'autre en direction du
spectateur pour exprimer vraisemblablement ses réflexions à l'égard du public
qui l'avait longtemps ignorée avant qu'elle ne connaisse le succès la
soixantaine passée.
Elle avait
notamment représenté son pays à la Biennale de Venise en 1980, l'année où elle devint la première femme professeur de peinture à l'Université des arts
appliqués de Vienne avant de se voir octroyer le grand prix de l'Etat autrichien en
1988. L'an dernier, elle avait reçu le Lion d'Or de la Biennale de Venise pour
couronner sa carrière.
Bien que malade durant ces dernières années, Maria Lassnig avait continué à
travailler avec une énergie remarquable et toujours avec autant de liberté.
Née d'une mère célibataire le 8 septembre 1919 à
Kappel im Krappfeld, une petite ville du sud de l'Autriche, Maria Lassnig avait
été élevée par sa grand-mère après le mariage de cette dernière avec un homme
plus âgé qu'elle avec qui il passa son temps à se quereller.
Après avoir étudié à
l'académie des beaux-arts de Vienne durant les années 1950, Maria Lassnig vécut
à Paris où elle rencontra André Breton et d'autres personnalités du mouvement
surréaliste. Subissant l'influence des peintres de l'art expressionniste abstrait,
elle produisit des oeuvres abstraites portant souvent le titre d' "autoportrait"
avant de se tourner vers la figuration durant les années 1960. Elle s'installa ensuite à New York où elle s'intéressa aux démarches de Dan Graham ou Vito
Acconci dont les oeuvres traduisaient la notion du corps mais elle
demeura toujours aussi ignorée.
Maria Lassnig produisit
également des films durant les années 1970 en explorant sa vie de manière
comique ou les formes féminines avant d'exercer son influence sur des artistes
tels que Thomas Schütte, Nicole Eisenman ou Dana Schutz.
Elle n'avait jamais voulu se marier en estimant qu'elle serait dévorée par une
vie de couple pour être frustrée de ne plus pouvoir peindre.