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UN MARCHE EN PLEIN BOOM, MAIS ATTENTION... Par Adrian Darmon
10 Juin 2014
Catégorie : Marché

Tiré vers le haut par des acheteurs riches à outrance, le marché de l'art contemporain a connu un mois de mai 2014 plutôt faste en enregistrant plus d'un milliard et demi de dollars de recettes à travers les diverses ventes organisées par Christie's et Sotheby's, de quoi pavoiser pour l'avenir sauf que celui a risqué à tout moment d'être soumis à l'éclatement d'une bulle devenue terriblement spéculative.

Le 13 mai à New York, ce marché a ainsi connu une effervescence sans pareille avec les quelque 745 millions de dollars engrangés par Christie's qui a largement battu son précédent record de 691,5 millions établi le 13 novembre 2013 lorsqu'Elaine Wynn, la reine des casinos de Las Vegas, s'est offerte pour 142,4 millions de dollars le triptyque de Francis Bacon intitulé "Trois études de Lucian Freud" tandis que le "Balloon dog" orange de Jeff Koons a atteint la somme insensée de 58,4 millions de dollars, soit la somme d'au moins trois tableaux de Rembrandt

La frénésie d'achats manifestée par des milliardaires américains et asiatiques ont donc fait jubiler les responsables des grandes maisons de vente et galeries qui ont fâcheusement oublié les affres de la crise financière de l'automne 2008 pour demeurer convaincus que rien n'arrêtera la marche en avant de l'art contemporain.

Il y a ainsi de nombreuses questions qui restent en suspens car la seule explication de l'envolée de ce marché s'est limitée à dire que le nombre des milliardaires de la planète, dont 300 rien qu'en Chine, avait augmenté significativement depuis cette dernière décennie avec l'arrivée de nouveaux acheteurs désireux d'investir des sommes conséquentes dans l'art.

Dorénavant, les nouveaux collectionneurs n'ont plus grand chose à voir avec les amoureux de l'art d'il y a trente ans qui faisaient gentiment ronronner le marché alors que la spéculation n'y avait pratiquement pas cours jusqu'au moment où les riches Japonais changèrent le donne à partir de 1987 en achetant à des prix astronomiques de grandes quantités de verreries Art Nouveau de Gallé et de tableaux impressionnistes avant de subir de plein fouet les effets de la crise économique survenue lors de la Guerre du Golfe de 1991.

Ce premier coup de semonce ne dura que brièvement, le temps de voir apparaître les nouveaux millionnaires de la Perestroïka qui au début de l'an 2000 commencèrent à faire main basse sur la plupart des oeuvres russes proposées en vente avant de miser sur l'art contemporain juste avant l'émergence du marché chinois devenu pour sa part hautement spéculatif et volatile.

Jusqu'en septembre 2008, le marché de l'art contemporain, un domaine présentant l'avantage indéniable d'être inépuisable par rapport aux autres, a poursuivi sa belle envolée jusqu'à la catastrophe financière de 2008, survenue 24 heures après la vente aux enchères mémorable de dizaines d'oeuvres de Damien Hirst qui avait décidé de se passer des galeries pour l'organiser à son seul profit.

En l'espace d'un an, ces oeuvres d'Hirst perdirent plus de 30% de leurs prix obtenus lors de cette vacation qui avait fait date à Londres tandis que la crise économique étendit ses ailes sur toute la planète mais contre toute attente, le marché se réveilla brutalement à la fin de 2012 grâce aux nouveaux millionnaires asiatiques qui au niveau des ventes mondiales permirent de placer la Chine a égalité avec les Etats-Unis. 

La santé insolente du marché de l'art contemporain masque toutefois une réalité bien plus sombre, à savoir 1: que celui-ci est devenu une sorte de casino pour des acheteurs prêts à toutes les folies. 2: que les acquéreurs d'oeuvres vendues à plus de 200 000 euros l'unité sont en grande partie dénués de connaissance 3: que 30% des achats effectués sur le marché chinois depuis 2012 n'ont pas été honorés 4: que les ventes d'oeuvres et d'objets d'art de qualité moyenne se sont effondrées globalement en raison de la crise économique mais aussi d'un changement profond de société, la nouvelle génération étant plus portée sur le Street Art, la B.D ou le Design.

En jetant leur dévolu sur des oeuvres de prix, la plupart des millairdaires attirés par le marché de l'art eu ont recours à des conseillers pour savoir quoi acheter car rares sont ceux qui sont à même de décider ce qui est bon ou pas à prendre. Ils se sont ainsi comportés comme les acteurs de la finance misant sur des titres pour les faire monter à leur guise en prenant toutefois le risque évident de créer une bulle spéculative. 

De la sorte, les oeuvres d'artistes légendaires de la Renaissance ou d'autres comme Rembrandt, Velasquez, Degas, Monet, Renoir, Modigliani ou Dali pour ne citer que ceux-là ont souvent fini par n'être vendues qu'au tiers et même au quart des prix obtenus pour celles de Calder, Warhol, Lichtenstein, Pollock, Rothko, Newman, Bacon, Freud, Basquiat, Richter, Wool, Hirst ou Jeff Koons qui ont eu le vent en poupe sur le marché.

La qualité et le talent n'ont pas eu d'importance dans les choix de ces nouveaux acheteurs qui ont fini par former un club à part sur le marché pour l'électriser à coups d'enchères faramineuses tout en risquant de le fragiliser chaque fois un peu plus.

Pour ceux-ci, il a donc paru normal qu'un mobile de Calder titré "Poisson Volant", une peinture de Christopher Wool ou un Barnett Newman aient été adjugés respectivement pour 25,9 millions, 23,4 millions et 84 millions de dollars alors que les observateurs ayant analysé le marché depuis 25 ans ont jeté l'éponge face à une situation qui a rappelé à certains égards celle survenue en 1991. 

Il convient de signaler qu'en raison des répercussions de la guerre du Golfe, les oeuvres d'art contemporain se vendaient plutôt difficilement entre la fin des années 1980 et l'orée de l'an 2000 tandis que la Russie et la Chine n'avaient pas commencé à se démocratiser au niveau des affaires et que les Emirats du proche-Orient n'étaient pas impliqués dans les ventes d'art. 

Ayant perdu au début des années 1990 la plupart de ses acheteurs japonais affectés par la crise économique et le tremblement de terre dévastateur de Kobé, le marché ne compta plus alors que sur les ventes de tableaux anciens ou modernes, d'objets d'art, de meubles du XVIIIe siècle et de pièces Art déco tout en ayant à faire face à un effondrement des prix de la peinture impressionniste lorsque plusieurs banques nippones voulurent se séparer de centaines d'oeuvres pour se renflouer.

En dépit de deux ralentissements dus aux attentats contre les tours jumelles de New York en septembre 2001 et à  l'intervention des troupes américaines en mars 2003, le marché de l'art parvint à trouver un nouveau souffle grâce aux nouveaux amateurs russes et asiatiques qui firent gonfler les ventes d'art contemporain à coups de millions de dollars. 

Les effets redoutés de la crise financière de 2008 ne déstabilisèrent le marché que durant une année, le temps pour les grandes maisons de vente de redéfinir de nouvelles stratégies de marketing et de damer le pion aux galeries en étoffant les services offerts à leurs clients.

Dans ce contexte, les petites galeries ont eu du mal à survivre face aux grandes disposant de moyens financiers suffisants pour résister à la concurrence des maisons de vente tandis que les foires d'art contemporain ont connu une expansion sans précédent en se multipliant en Europe, aux Etats-Unis et en Asie.

Dotés d'un énorme appétit, les nouveaux acheteurs russes, asiatiques et moyen-orientaux ont permis au marché de connaître à nouveau un développement spectaculaire sans plus compter exclusivement sur les amateurs américains ou européens tandis que les grandes maisons de vente et galeries ne se sont pas privées de faire miroiter à leurs clients la possibilité d'intéressantes plus-values. En conséquence de quoi, les prix ont explosé pour des artistes sur lesquels les amateurs se seraient abstenus de miser de grosses sommes dix ans auparavant.

Cette soudaine inflation des prix s'est accélérée brutalement à partir de résultats surprenants obtenus pour des artistes dont la cote a plus que triplé d'une année à l'autre alors que le rôle des critiques, si influents naguère, s'est réduit comme peau de chagrin face à celui joué dorénavant par d'anciens conservateurs de musées ou directeurs de maisons de ventes qui sont devenus les conseillers des nouveaux collectionneurs.

Pas vraiment motivés par l'amour de l'art, ces nouveaux venus sur le marché ont donc surtout cherché à faire des placements susceptibles d'être fructifiés rapidement tout  en voulant asseoir leur position sociale alors que d'autres s'en sont servis pour blanchir de l'argent sale et échapper à la surveillance du fisc de leur pays sans compter que des barons de la drogue qui ont acheté des oeuvres d'art avec les revenus illicites de leur trafic pour les revendre et encaisser de l'argent officiel.

Sur les quelque 2200 milliardaires recensés dans le monde, près de mille se sont activés sur le marché de l'art pour supplanter les vieux collectionneurs qui pour la plupart n'ont pas eu les moyens financiers de résister à leur boulimie d'achats, surtout dans le domaine de l'art contemporain où valsent les millions. A l'inverse, les autres domaines qui nécessitent des connaissances bien plus affinées, comme la peinture ancienne ou impressionniste, ont sérieusement marqué le pas depuis une décennie.

Les nouveaux collectionneurs d'art n'ont donc pas éprouvé de difficultés à collectionner de l'art contemporain en se fiant à des cotes d'artistes désormais à l'image des valeurs boursières. Les prix pour Warhol, Koons, Wool, Richter et une petite centaine d'autres artistes n'ayant pas cesser de monter, ils ont acheté les yeux fermés, certains allant jusqu'à se créer des musées privés.

La convergence entre le marché de l'art et le monde de la finance est ainsi devenue patente d'autant plus que les maisons de vente ont pris le parti d'offrir des garanties à leurs vendeurs avec l'assurance pour ceux-ci de vendre leurs oeuvres quoi qu'il arrive. Lors de la vente record de  Christie's,  40 des 72 lots du catalogue avaient été nantis de garanties dont 29 de la part de la maison de vente, ce qui signifiait que ceux-ci étaient vendus avant même de passer le test des enchères.

Ce système de garantie a permis de maintenir le marché au plus haut tandis que nombre d'amateurs ont misé sur des artistes dès leur première exposition organisée par une grande galerie pour acheter un lot d'oeuvres avant de les revendre en réalisant de confortables bénéfices trois ou quatre ans plus tard. Maintenant, il s'agit de savoir si le marché s'est transformé en bulle spéculative et si oui quand celle-ci éclatera.

Pour l'instant, il n'y a pas de danger apparent sauf que les acteurs du marché de l'art seraient avisés de se rappeler que les crises financières sont cycliques, surtout lors de conflits armés comme cela s'est passé en 1973 et en 1991. Les spectres de la crise qui affecta l'Allemagne après la Première Guerre Mondiale pour favoriser la montée du nazisme puis de celle qui suivit la catastrophe de Wall Street en 1929 n'ont donc pas cessé de planer sur la planète.

Rappelons que lors de la révolution industrielle qui eut lieu en Europe et aux Etats-Unis entre 1860 et 1914, le marché de l'art connut aussi une intense période de prospérité grâce à l'avènement de la bouregoisie qui fit la fortune de plusieurs artistes dont les oeuvres vendues alors à prix d'or ne valurent toutefois plus grand chose après 1918.

Personne ne peut dire ce que vaudront les stars actuelles de l'art contemporain d'ici 20 ou 30 ans puisque tout dépend de la situation économique mondiale qui repose elle-même sur les événements géopolitiques. Une grande crise énergétique ou un effondrement de la croissance chinoise ou américaine pourraient ainsi avoir des répercussions sur le marché de l'art lequel, en dépit de l'incroyable couverture médiatique dont il bénéficie, ne génère qu'un chiffre d'affaires global qui ne dépasse pas 60 milliards d'euros, une paille par rapport au flux annuel d'argent sur les places financières.

Pur le moment, les nouveaux milliardaires n'ont pas réduit leurs achats en se montrant toutefois de plus en plus sélectifs au fur et à mesure de leur implication sur le marché de l'art qui ne tient que sur la réputatin d'à peine une centaine d'artistes contemporains, la France étant à quant à elle un parent pauvre dans ce domaine avec pour seules stars Pierre Soulages et Martial Raysse dont les oeuvres sont susceptibles de dépasser la barre du million d'euros au enchères.

La conclusion à tirer de ce constat est que le marché est devenu réservé à une élite de nantis pour la plupart ignares qui le considèrent simplement comme une annexe des places financières pour donc le tirer vers le bas puisque la connaissance et la notion du beau sont désormais secondaires. Cela entraîne des répercussions plutôt néfastes pour ceux qui désirent faire carrière dans le monde de l'art et dont l'horizon paraît bouché puisqu'il est en ce moment impossible de réveiller les consciences pour revenir à une situation cohérente.

En se basant sur le fait que le marché aux Puces de Saint-Ouen, le plus important au monde, a enregistré un effondrement de plus de 55 % de son chiffre d'affaires en moins de trois ans, force est de reconnaître que le commerce traditionnel des antiquités s'est retrouvé à l'agonie alors que l'Hôtel Drout n'a dû sa survie qu'à des ventes de prestige où la bonne marchandise s'est malgré tout raréfiée. 

Les 84 millions de dollars enregistrés le 13 mai chez Christie's pour "Black Fire I" de Barnett Newman, les 80,8 millions de dollars payés le même jour pour le triptyque Trois études de John Edwards par Lucian Freud, les 66,2 millions de dollars obtenu par "Sans Titre" de Mark Rothko ou les 62,8 millions de dollars dépensés pour "Race Riot" d'Andy Warhol ne serviront donc pas à masquer l'incohérence d'un marché investi par des spéculateurs et où les véritables passionnés d'art n'ont plus les moyens de jouer un quelconque rôle.


Adrian Darmon
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