Considéré
comme un des pionniers du Pop Art avec Andy Warhol et Roy Lichtenstein,
l'artiste américain James Rosenquist est mort à 83 ans le 31 mars 2017.
Né le 29 novembre 1933 à Grand Forks, dans le Dakota du Sud, il
avait étudié à l'Université du Minnesota avant de recevoir une bourse pour
l'Art Students League de New York et de débuter sa carrière en peignant des
panneaux publicitaires et des affiches de cinéma.
Installé ensuite dans un
atelier du sud de Manhattan, il produisit ses propres créations dans la
mouvance de Rauschenberg, Jasper Johns ou Chamberlain qui furent les premiers
représentants de la seconde vague du Pop Art à partir de 1962..
Après avoir abordé le monde de la publicité comme Warhol, Rosenquist se
lança donc tout naturellement dans le Pop Art en intégrant dans ses oeuvres des
objets de consommation courante pour alors participer activement à l'émergence
de ce courant artistique mis également à l'honneur par Lichtenstein et Oldenburg qui fit contrepoint à
l'Expressionnisme-abstrait.
L'artiste participa à de nombreuses expositions à partir de 1962
après avoir exploité les possibilités d'images simplifiées et les grands formats
en créant des oeuvres à connotation érotique avec un sens de la couleur très
personnel. Travaillant à partir de photographies qu'il réalisait lui-même , il
se basa essentiellement sur la mise en valeur de l'idée visuelle en juxtaposant les images comme des
écrans inconciliables pour inviter le spectateur à des lectures multiples.
Ainsi sa toile I love you
with my Ford de 1964 était constituée de trois bandes rectangulaires et
soudées avec une calandre de voiture, un visage de femme embrassée dans le cou
et un gros plan de spaghetti aux tomates alors qu'en agrandissant démesurément
les objets usuels, il chercha à les faire voir hors de leur contexte en leur
donnant un aspect abstrait pour perturber la vision du spectateur et l'obliger
à faire un choix.
Ses collages de la dimension d'un panneau d'affichage furent les
oeuvres les plus énigmatiques et provocantes du Pop Art. En 1966, il peignit
souvent les mêmes sujets en explorant les possibilités de supports nouveaux et
travailla en ronde-bosse pour donner l'illusion des espaces.
A travers ses représentations de l'American Way of Life, on le
compara un peu à Magritte en raison de l'impersonnalité de la technique et de
sa mise en oeuvre d'un jeu associatif des images mais à l'inverse de ce
dernier, il se contenta de dévoiler le mystère intime du réel quotidien sans
logique exigeante.
En fait, Rosenquist ne chercha qu'à susciter chez le spectateur
le plus grand nombre de réflexes associatifs primaires mais il eut néanmoins
une influence sur les peintres narratifs français avant de se tourner vers une
peinture plus accusatrice, comme avec la série The Serenade for the Doll after Claude Debussy inspirée par les
problèmes liés au développement du sida et de se rapprocher à la fin de sa
carrière de l'abstraction d'un Kenneth Noland ou d'un Ellsworth Kelly
Son tableau le plus fameux fut F-111 peint entre 1964 et 1965, une oeuvre monumentale de 26 mètres
de long sur 3 de haut dans lequel il montra une fillette sous un casque à
permanente, un champignon atomique et des spaghettis qui est exposée au Museum
of Modern Art (MoMA) de New York.
Rosenquist s'éloigna ensuite du Pop Art en créant des toiles
abstraites en estimant qu'il fallait qu'il évolue pour ne pas rester accroché
au passé. L'artiste ne connut pas cependant le succès phénoménal de Warhol ou
de Lichtenstein dans les ventes publiques en étant seulement crédité d'un
record de 3,3 millions de dollars pour sa toile "Be Beautiful" en
2014 chez Sotheby's.