Secrétaire général du gouvernement depuis 2006, Serge
Lavisgnes a été désigné au poste de président du Centre Pompidou pour 5 ans en
remplacement d'Alain Seban qui tentait de briguer un 3e mandat.
Né le 6 mars 1954 à Toulouse et sorti 3e de
l'ENA en 1989, Serge Lavisgnes est devenu conseiller d'Etat en 2005 puis secrétaire général du
gouvernement l'année suivante
Sa nomination au poste le plus convoité de la
culture a constitué une véritable
surprise un mois avant l'échéance du mandat d'Alain Seban qui espérait être
reconduit dans ses fonctions.
Plutôt
connu comme un haut-fonctionnaire de fort calibre, Lavisgnes a été
essentiellement un homme des arcanes du pouvoir d'une grande compétence pour préparer des dossier
sensibles et les conseils des ministres qui a su rester à un poste-clé durant
une dizaine d'années sous les mandats des présidents Chirac, Sarkozy et Hollande.
Conseiller
en 1995 de François Bayrou alors ministre de l'Education nationale, Lavisgnes a été grandement admiré pour ses compétences juridiques et techniques mais il convient de rappeler que ce passionné de littérature, notamment des oeuvres de Proust, Flaubert, Stendhal,
ou encore les philosophes des Lumières, a passé l'agrégation en 1978 et enseigné le
français, pendant sept ans, dans un collège de Malesherbes (Loiret).
Serge
Lasvignes n'a jamais dirigé une maison aussi importante que le Centre Pompidou
qui dispose d'un budget de 120 millions d'euros et draine chaque année
5,2 millions de visiteurs mais où les conflits sociaux sont fréquents.
Sa
nomination a suscité de vives critiques du fait qu'il n'est nullement un homme du
sérail des conservateurs de musées et qu'il ne semble donc pas connaître grand chose à
l'art mais c'est oublier que le Centre Pompidou
n'est pas seulement un musée mais aussi un institut de recherche ainsi que la
première bibliothèque de lecture d'Europe sans compter que celui-ci organise de nombreuses
manifestations et dispose d'une antenne à Metz et prochainement à Malaga, en
Espagne.
Pour sa
part, Alain Seban qui rejoindra le Conseil d'Etat, son corps d'origine, avait
la réputation d'être autoritaire sans compter qu'il n'était pas conservateur ni
diplômé en art après avoir été: polytechnicien puis énarque et fréquenté l'Ensae.
Néanmoins, il avait occupé diverses fonctions
dans la culture, notamment à l'Opéra, la
Comédie-Française et les musées tout en ayant été conseiller culturel du
président Jacques Chirac avant d'être nommé au Centre Pompidou.
Sous ses
mandatures, les entrées au musée et aux expositions sont passées de 2,5 à
3,5 millions par an et il a pu se glorifier d'avoir attiré plus de 770 000
visiteurs lors de l'exposition consacrée à Salvador Dali, ce qui n'a toutefois pas suffi
à le faire reconduire à son poste, la décision de nommer Lavisgnes ayant été
plutôt prise à l'Elysée à l'instigation de la ministre de la Culture.
Alain Seban
aurait semble-t-il été victime de son autoritarisme et de sa volonté à tout régenter
au risque de se frotter aux représentants du personnel du Centre Pompidou.
Toujours est-il que Serge Lavisgnes a été jugé apte à gérer le musée plus efficacement pour veiller à
son équilibre budgétaire, charge à son directeur Bernard Blistène de mener à
bien les projets d'exposition et son développement au plan international.
Le Centre
Pompidou a connu dix présidents depuis son ouverture en 1977 mais
depuis,l'art est devenu mondialisé et la concurrence entre musées plus vive,
d'où le besoin d'un tandem Lavisgnes-Blistène, l'un pour la gestion, l'autre
pour la culture.
Il n'en reste pas moins que la
nomination de Serge Lasvignes a créé des remous dans le milieu de l'art du fait
qu'il n'a eu aucun lien professionnel avec la culture. N'empêche, ce dernier a affirmé être fasciné par le
Centre Pompidou. Sa finesse d'esprit et son côté consensuel devraient ainsi lui
permettre de s'affirmer à son poste comme il l'a démontré avec un art consommé en occupant des
fonctions sensibles à l'Elysée.
Pour sa part, la ministre de la Culture Fleur Pellerin a
indiqué qu'elle avait elle-même proposé sa candidature au Président de la
République en raison de sa profonde expérience dans le domaine administratif et
ajouté que le Centre Pompidou n'avait pas vocation à être dirigé par un
conservateur.