Les responsables du Coutauld Institute de Londres ont longtemps cru dur comme fer que le musée possédait un faux tableau d'après le maître hollandais du clair-obscur Dirck Van Baburen peint par Hans Van Meegeren, connu pour avoir produit des plagiats de Vermeer avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale. Or, il s'agissait vraiment d'une oeuvre peinte au 17e siècle.
L'oeuvre avait été offerte en 1960 par un donateur qui avait indiqué qu'elle avait été réalisée par Van Meegeren, ce faussaire qui avait dupé le maréchal Goering en lui vendant des faux Vermeer. Titré "L'Entremetteuse", ce tableau représentant une scène de bordel peinte en 1622, avait d'ailleurs été reproduit à l'arrière-plan de deux oeuvres de Vermeer, "Le Concert" (vers 1664) et "Jeune Femme assise devant le virginal" (vers 1671).
Le donateur en question était le professeur Geoffrey Webb, un spécialiste de l'histoire de l'architecture qui avait reçu ce tableau en cadeau pour avoir permis aux Pays-bas de récupérer des oeuvres volées par les nazis. Ce fut ainsi qu'il avait offert ce tableau au Courtauld en étant persuadé qu'il s'agissait d'un faux de Van Meegeren après avoir entendu qu'il avait été saisi par les autorités néerlandaises en 1945 dans sa villa de Nice.
Par la suite, l'oeuvre était restée dans les réserves de l'Institut pour n'être montrée que lors de trois expositions sur des faux entre 1961 et 1986, à Londres et à Minneapolis. Néanmoins, il fit l'objet de diverses études lesquelles ont finalement amené les spécialistes à penser qu'il pourrait bien être de la main de Van Baburen et qu'il aurait appartenu à Vermeer lui-même. Seulement voilà, il existe de par le monde trois autres versions de "L'Entremetteuse", dont deux plus abouties, l'une au Rijksmuseum d'Amsterdam et l'autre, jugée encore de meilleure qualité, vendue par Christie's à la fin des années 1940 puis achetée par le Boston Museum of Fine Arts.
Les analyses menées sur le tableau de l'Institut Courtauld ont permis de déterminer que la toile datait bien du 17e siècle et que les pigments employés étaient d'époque mais les spécialistes ont désormais acquis la conviction qu'il s'agirait plutôt d'une copie de l'atelier de Baburen ou du travail d'un suiveur. Pour le reste, celui que posséda Vermeer pourrait bien appartenir au Musée de Boston.