Une commission mise en place par le gouvernement autrichien a accepté
le 14 juin 2010 la restitution aux héritiers du collectionneur Richard Neumann
d'œuvres d'art dont deux panneaux d'autel du peintre néerlandais du XVIe siècle
Maerten Van Heemskerck saisis par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale
et aujourd'hui conservés au Kunsthistorisches Museum de Vienne.
Cette commission chargé de
déterminé les provenances d'œuvres jugées litigieuses dans le cadre des saisies
opérées par les nazis avant et pendant la guerre a également recommandé de
rendre deux autres tableaux et deux statuettes à Thomas Selldorff, le
petit-fils de Richard Neumann, un industriel juif à la tête d'une entreprise de
textiles qui avait été forcé de fuir l'Autriche au moment de l'Anschluss en
1938.
Demeurant à Vienne, Richard Neumann avait possédé plus de 200 œuvres d'art
avant de fuir à Paris et ensuite en Espagne lorsque les troupes allemandes
envahirent la France. Parti s'installer à Cuba, il devint en 1954 un des
membres fondateurs d'un musée à La Havane puis après la révolution cubaine, il
émigra à New York où il mourut en 1961 à l'âgede 82 ans.
Au moment de son départ forcé de Vienne, ses œuvres d'art avaient mises sous
séquestre par les nazis puis ensuite vendues par sa fille en 1938 dans des
conditions désavantageuses au musée de Vienne.
Après la
guerre, Neumann n'avait pas manqué de demander la restitution de ses œuvres au
musée de Vienne mais celui-ci avait fait valoir que celles-ci avaient été
payées intégralement bien qu'il n'eût jamais reçu le solde de la vente – resté gelé
sur un compte ouvert par sa fille. Neumann s'était alors déclaré disposé à
rembourser le musée pour récupérer ses œuvres, mais s'était heurté à une
interdiction d'exportation de biens culturels pour obtenir satisfaction.
Loin de se décourager, Neumann avait déposé une seconde plainte en 1952, ce qui
avait conduit le Kunsthistoriches Museum à lui proposer en échange d'autres
œuvres moins importantes de sa collection ainsi qu'une indemnité de 3000
dollars.
Installé
à Boston, Thomas Selldorff reprit le flambeau de son grand-père en formulant
une troisième demande pour la restitution des oeuvres conservées au musée de Vienne mais le gouvernement autrichien fit encore la sourde oreille au prétexte
qu'il ne pouvait restituer celles-ci puisqu'elles avaient été dûment payées. Cette
fois, il s'est appuyé sur un amendement de 2009 favorisant les propriétaires de
biens spoliés pour récupérer ces oeuvres en échange du remboursement de la somme qui avait été payée en 1938 par le musée.