Dernier grand représentant de la sculpture classique en France, Paul Belmondo (1898-1982) a enfin eu droit à la consécration qu'il méritait avec l'ouverture à Boulogne-Billancourt d'un musée portant son nom et abritant quelque 1500 oeuvres léguées à cet effet par ses enfants.
Elève de Charles Despiau qui mourut désespéré d'avoir été victime de l'opprobre qui s'abattit sur lui pour avoir été l'ami d'Arno Breker, le sculpteur officiel du régime nazi, Belmondo n'osa pas faillir à son indéfectible amitié à l'égard de son maître en allant en 1941 à Berlin l'accompagner avec d'autres artistes tels Vlaminck, Derain, Von Dongen et Dunoyer de Segonzac, ce qui lui valut après la guerre d'être inquiété et interdit d'exposer et de vendre ses oeuvres durant un an.
N'ayant certes pas mérité d'être traité de "collaborateur", lui qui avait aidé nombre de victimes de la persécution nazie durant l'Occupation, l'artiste vécut sa condamnation comme une injustice tout en travaillant sans relâche pour renouer rapidement avec le succès qu'il avait connu avant guerre.
Belmondo put donc retrouver son rang et bénéficier de nombreuses commandes dès 1947 sans toutefois obtenir la récompense suprême espérée par tout grand artiste, c'est à dire un lieu consacré à son oeuvre à son nom apte à lui conférer une gloire permanente. N'ayant pu y parvenir de son vivant, malgré de multiples récompenses et décorations, c'est son fils Jean-Paul devenu star du cinéma, qui s'est employé avec pugnacité à le réhabiliter en oeuvrant pour la création de ce musée situé dans l'ancienne propriété des Rothschild, le château Buchillot au 14 rue de l'Abreuvoir à Boulogne transformé en un écrin époustouflant de modernisme où les oeuvres de l'artiste sont remarquablement mises en valeur.