On croyait tout savoir des œuvres de Vincent Van Gogh décortiquées à souhait par de multiples spécialistes depuis plus d'un siècle mais voilà que le Van Gogh Museum vient de publier un volumineux catalogue axé sur la période de sa carrière allant de 1885 à 1888 pour apporter des conclusions surprenantes, notamment au sujet d'un de ses premiers autoportraits qui en fait serait celui de son frère Théo, son principal soutien jusqu'à son suicide en 1890.
Jusqu'à présent, les historiens se demandaient pourquoi Vincent n'avait jamais peint le portrait de son frère qui lui ressemblait assez étroitement alors que ce dernier avait tout fait pour lui permettre de trouver des clients tout en entretenant avec lui une correspondance forte de plus de 650 lettres.
Lors du vernissage d'une exposition estivale organisée par le musée sur les années passées par Van Gogh à Anvers et Paris, Louis Van Tilborg, le restaurateur en chef de cette institution et Ella Hendriks, chargée des recherches sur l'œuvre du peintre, ont ainsi révélé que Théo avait bien été portraituré par son frère sur un carton de 19 x 14 cm peint au printemps de 1887, montrant celui-ci de trois-quarts avec un chapeau bleuté, une œuvre comparée avec un autre autoportrait dans lequel des différences marquantes ont été relevées.
Dans le premier tableau, la barbe du personnage taillée en fin collier, n'est pas rouge mais plutôt ocre alors que l'oreille visible de gauche est plus ronde et moins pointue.
Néanmoins, dans le portrait censé le représenter, Théo porte un chapeau de paille, attribut du peintre de plein air, alors que dans l'autre portrait Vincent se montre avec un feutre sur la tête, un genre de chapeau porté par marchand. Pour Tilborg et Hendriks, cette interversion aurait été voulue, comme un pied de nez fait par l'artiste qui s'amusait parfois à placer des indices dans ses œuvres.
La nouvelle publication en langue anglaise Vincent van Gogh, Peintures 2. Anvers et Paris, 1885-1888 concerne en tout pour tout 93 œuvres exécutées au cours d'une période relativement courte et bien moins marquante de sa carrière par rapport à son séjour en Provence ou ses derniers mois à Auvers-sur-Oise mais témoignant d'un changement rapide de son style qui s'est développé sous diverses influences, notamment celle des Impressionnistes et de l'art japonais.