Considérée comme aussi
importante que la Madone de Raphaël conservée à Rome, la Madone et la famille du maire Meyer de
Darmstadt par Hans Holbein a été vendue au milliardaire allemand Reinhold Würth pour une somme
non dévoilée, probablement supérieure à 50 millions d'euros, a-t-on appris le
18 juillet 2011.
Devenue l'œuvre d'art la plus chère acquise en Allemagne
depuis la Seconde guerre mondiale, ce tableau exposé publiquement au château de
Darmstadt durant cent cinquante ans avait été prêté de 1947 à 1958 au
Kunstmuseum de Bâle en échange d'un soutien par les Suisses aux enfants sous-alimentés
de Darmstadt.
Peint par Holbein en 1526 pour le banquier et bourgmestre de sa ville natale de
Bâle Meyer von Hasen, cette Vierge de la Miséricorde qui porte un manteau
protégeant la famille du commanditaire, avait atterri entre les mains du
marchand français Le Blond un siècle plus tard. Se retrouvant face à deux
clients, un vendeur de livres d'Amsterdam et Marie de Médicis, Le Blond vendit
à la reine une copie qui fut plus tard
acquise par le roi de Saxe et céda l'original au libraire. On retrouva l'œuvre
à Paris en 1822, lorsqu'elle devint la propriété du prince Guillaume de Prusse,
qui l'a légua à son épouse, née Hesse.
Le tableau avait intégré en 2003 les collections du
Städel Museum de Francfort, à titre de prêt et le musée espérait pouvoir le
conserver mais son offre 40 millions d'euros n'a pas été jugée suffisante.
Le tableau appartenant aux héritiers des prince de
Hesse aurait pu être cédé à plus de 100
millions d'euros s'il n'avait pas été interdit de sortie du territoire
allemand, a indiqué Christophe Graf Douglas, le marchand d'art qui s'est chargé
de sa vente du tableau.
Le tableau intégrera donc les collections de l'homme
d'affaires qui s'est formellement engagé à le montrer au public dans une vieille église du
XIIe siècle située près de Stuttgart qu'il a fait restaurer à grands frais pour
la transformer en galerie privée.
Donatus de Hesse, son dernier propriétaire, a dû se séparer de ce chef d'œuvre afin d'acquitter plus de 13
millions d'euros de droits de succession après la mort du dernier membre de
l'une des branches de la famille, Margaret von Hessen und bei Rhein dont la
disparition en 1997 avait abouti à la fusion de son patrimoine avec celui de la
branche de la famille située à Cassel.