Le
ministère de l'Intérieur a mis en ligne depuis le début du mois de novembre
2011 un site Internet recensant quelque 6000 objets de toutes sortes qui
auraient été volés par les manutentionnaires savoyards de l'Hôtel Drouot
appelés les « Cols Rouges ».
Les pièces
présentées sur ce site appelé à rester ouvert jusqu'au 28 février 2012
concernent tout autant des œuvres de grands maîtres que de l'argenterie, des
sculptures, des vins fins, des jouets, des photos, des souvenirs de familles ou
des objets sans réelle valeur, tous saisis des conteneurs appartenant aux
« Cols Rouges » au cours de près de 150 perquisitions opérées par la
police après la découverte d'un vaste trafic d'objets d'art à la fin de 2009.
La police
espère ainsi retrouver les propriétaires de ces objets pour déterminer où et
quand ils ont été dérobés, ce qui parfois sera compliqué vu que nombre de
ceux-ci proviendraient de successions sans héritiers.
L'affaire
des « Cols Rouges », ces vilains canards qui s'ingéniaient à voler en
se prenant peut-être pour des colverts, a causé un tort considérable à l'Hôtel
Drouot qui s'est constitué partie civile dans le cadre de l'instruction pénale
en cours d'autant plus que leur trafic a duré vraisemblablement durant des
décennies.
Ayant le
monopole de la manutention à l'Hôtel des Ventes depuis près de 180 ans, les
Savoyards, appelés ainsi car ils étaient originaires de Savoie, se recrutaient
carrément de père en fils pour finir par former une sorte d'Etat dans l'Etat
avec un système pyramidal et des règlements particuliers édictés par les plus
anciens qui conduisirent à des abus déjà évoqués au milieu des années 1970 dans
une édition spéciale du « Canard Enchaîné ».
Chargés de
la manutention des objets lors d'inventaires de successions ou du transport
d'œuvres destinées à être stockées puis vendues à l'Hôtel Drouot, de nombreux « Cols
Rouges » n'hésitèrent pas à se remplir les poches pour revendre aux
enchères les pièces qu'ils volaient. Les 250 tonnes d'objets saisis dans leurs
conteneurs entreposés dans un dépôt près de Paris ont témoigné ainsi de
l'ampleur du trafic qu'ils avaient mis en place.
Depuis le
début de cette sale affaire qui avait démarré avec la découverte d'un tableau
de Courbet volé en 2004, 38 manutentionnaires et 4 commissaires-priseurs,
soupçonnés de complicité, ont, tout comme l'Union des commissionnaires de
l'Hôtel des Ventes (UCHV), été mis en examen pour association de malfaiteurs,
complicités et recels de vols en bande organisée.
Depuis
plus d'un an, les « Cols Rouges » ont été révoqués et remplacés par
les manutentionnaires du groupe Chenue qui se chargent dorénavant d'assurer le
transport et la manutention de près de 800 000 objets dispersés annuellement à
l'Hôtel Drouot et dans d'autres salles d'Île de France.