Déterminée à uniformiser la TVA au sein de l'Union, la Commission de Bruxelles a provoqué en ce mois de mars 2012 un cataclysme en Allemagne en lui enjoignant à faire passer de 7 à 19% la taxe sur les objets d'art, une décision lourde de sens qui risque non seulement de mettre le monde culturel allemand à genoux mais aussi la culture européenne.
Il semble donc que les commissaires européens ont fait peu de cas de l'industrie culturelle européenne en la mettant sur le même pied qu'une économie classique pour croire que son ordonnance pourrait passer comme une lettre à la poste. Ainsi, porter la TVA allemande sur les objets d'art à 19% équivaudra à provoquer un effondrement de tous les secteurs culturels de ce pays, que ce soit les musées, les galeries, le public, les collectionneurs ou les artistes qui en majorité empochent de faibles revenus.
Il va sans dire que le gouvernement allemand s'est montré plus que réticent à faire appliquer cette ordonnance décidée par les fonctionnaires de Bruxelles qui paraissent pour le moins peu enclins à considérer le caractère particulier de l'industrie culturelle européenne en estimant qu'une oeuvre d'art et une boîte de conserves ne présenteraient aucune différence sauf que la première a pour principe d'être intangible sans compter le plaisir qu'elle procure à un individu et l'importance qu'elle peut avoir pour le rayonnement culturel d'un pays alors que la seconde est simplement faite pour être jetée une fois consommée.
Il semble dès lors naturel d'appliquer un taux réduit de TVA sur les objets d'art et ce, pour de sérieuses raisons, la première étant que l' intérêt primordial de l'Europe est de préserver sa culture millénaire et à la développer pour maintenir son rang dans le monde.
Bref, taxer les oeuvres d'art à taux plein reviendrait à étrangler les galeries, appauvrir les artistes, réduire le nombre des collectionneurs et casser la dynamique des musées. Uniformiser la TVA à travers l'Union aurait donc pour résultat de mettre la culture européenne sous l'éteignoir et d'engendrer des effets contraires à ceux escomptés par la Commission de Bruxelles. Finalement, celle-ci aurait urgemment besoin de revoir sa copie pour éviter déjà une crise sérieuse avec l'Allemagne et devrait en outre prendre le soin de faire appel à des spécialistes du monde l'art pour définir une fois pour toutes une politique culturelle commune tenant compte du caractère éminemment spécifique des oeuvres d'art qui ne peuvent être soumises qu'à une taxe acceptable par tous. Finalement, au lieu de vouloir rogner les ailes de la culture, la Commission de Bruxelles ferait mieux d'appliquer une TVA à taux plein sur la stupidité qui rapporterait certainement des milliards d'euros à la pelle...
A.D