« 21
rue La Boétie », c'est le titre donné par la journaliste Anne Sinclair,
épouse de l'ancien président du FMI Dominique Strauss-Kahn, à la biographie au sujet de son grand-père, le marchand d'art Paul Rosenberg
(1881-1959) parue chez Grasset.
Paul
Rosenberg fut avec Daniel Kahnweiler et Ambroise Vollard l'un des marchands les
plus avisés et en vue de la période d'avant-guerre lorsqu'il misa sur plusieurs
artistes qui allèrent connaître la célébrité, tels Picasso, Matisse, Braque ou
Léger avant de décider de quitter la France pour New York à l'aube de la
Seconde Guerre Mondiale.
Etabli
au 21 rue La Boétie à partir de 1911, Rosenberg avait d'abord bâti sa notoriété en vendant des
tableaux impressionnistes pour ensuite s'intéresser aux peintres modernes et
acquérir nombre de chefs d'œuvre au cours d'une carrière fructueuse qui lui
permit d'ouvrir une succursale à Londres et d'organiser d'importantes
expositions durant les années 1930.
Obligé
de quitter précipitamment Paris, il laissa derrière lui une collection de
quelque 200 tableaux qui tombèrent entre les mains des nazis durant
l'Occupation. A New York, où naquit Anne Sinclair en 1948, Paul Rosenberg ouvrit une nouvelle galerie et mena une
existence plutôt aisée mais, meurtri par le traitement infâme qu'il avait subi de la
part du régime de Vichy, il ne parvint jamais plus à renouer avec le succès qu'il
avait connu auparavant à Paris.
Anne Sinclair a mis la dernière main à son livre à
New York en étant elle-même forcée de rester cloîtrée dans une maison louée à l'occasion
des démêlés judiciaires de son mari accusé du viol d'une femme de chambre dans
un grand hôtel de la ville.
C'est en s'entendant demander par un fonctionnaire si ses quatre grands-parents étaient français lorsqu'elle voulut renouveler ses papiers d'identité qu'Anne Sinclair, subitement outrée d'être ramenée aux heures sombres de l'Occupation, a décidé de raconter la vie de son grand-père, exilé à New York en 1940.
Attirée malgré elle par l'adresse de la galerie de Paul Rosenberg, l'ancienne star de la télévision aujourd'hui directrice éditoriale de la version française du Huffington Post a ainsi voulu faire revivre la légende de ce dernier qui fut déchu de sa nationalité française en 1940 parce qu'il était né juif.