La 39e édition de la Foire
Internationale d'Art Contemporain (FIAC) ouvre ses portes du 18 au 21 octobre
2012 dans une atmosphère de crise mais aussi de soulagement après le rejet par
le parlement d'un amendement visant à inclure les objets d'art dans l'impôt sur
la fortune.
Cette année, la FIAC s'est agrandie avec le
désir de se transformer en étalant ses ailes au Grand Palais avec 182 exposants
et avec sa manifestation « Hors les Murs » sur l'esplanade des
Invalides, la place Vendôme, le Jardin des Plantes ou aux Tuileries avec
l'envie d'attirer un nombre plus important de visiteurs étrangers et de
curieux.
Néanmoins, la FIAC donne encore l'impression de faire
du copier-coller avec ART Basel et la Frieze de Londres, deux évènements plus
importants sur la scène du marché de l'art pour qu'on soit tenté de la
surnommer « Fiac simile ».
Certes, on note une présence accrue de jeunes
galeristes pour donner un nouveau souffle à cette manifestation bon chic bon
genre qui fait se pâmer les bobos devant des œuvres parfois discutables pour
créer un show très parisien et où l'art contemporain a tendance à faire croire
qu'on est content pour rien…
Les faiseurs de goût qui cherchent à imposer
leurs choix au marché ont souvent le chic de nous offrir des potions étranges,
voire imbuvables, mais qu'à cela ne tienne puisque les gogos sont toujours au
rendez-vous mais à chaque fois, la FIAC se sauve du ridicule en prenant la précaution de montrer des œuvres modernes devenues incontournables aux yeux du public.
Se voulant internationale histoire de
rivaliser avec Art Basel et d'autres manifestations indétrônables, la FIAC
accueille ainsi des bateleurs de l'art venus de divers horizons en passant par
la Pologne, la Palestine, la Roumanie, le Danemark, l'Allemagne et même les
Emirats arabes unis pour se donner un air des plus folkloriques alors que les
galeries françaises ne forment qu'un tiers des participants.
Reste à savoir si cette édition sera un bon
cru du fait que la crise mondiale n'a épargné que le haut du marché, c'est à
dire le segment des œuvres se vendant à plus de 250 000 euros, ce qui, en
fonction de la baisse sensible du pouvoir d'achat des classes moyennes, risque
d'affecter les jeunes artistes qui démarrent sur le marché.
Néanmoins, on trouve de tout à la FIAC, des
multiples à moins de 3000 euros, des œuvres de créateurs présentés comme prometteurs à moins de
1000 euros et d'autres au-delà de 100 000 euros et puisque l'amendement visant
à inclure les œuvres d'art dans l'ISF n'est pas passé, les organisateurs
espèrent ardemment que les collectionneurs se sentiront enfin soulagés pour continuer à
acheter sans trop compter.
Au-delà du négoce, les organisateurs de la
FIAC ont tenu à multiplier les débats et les échanges d'idées sur l'art
contemporain, un domaine sans cesse en mutation donc difficile à appréhender
par le public lorsqu'il s'agit de déterminer quelles seront les tendances qui
émergeront à l'avenir.
Bref, dire ce que sera demain l'art
contemporain est comme se muer en voyant pour lire dans le marc de café sans avoir
la garantie de voir ses prédictions vraiment se réaliser mais les galeristes transformés
en camelots sont toutefois là pour imposer leurs poulains sur la scène
artistique sans craindre le ridicule en n'ayant qu'à invoquer leur dieu
Marcel Duchamp pour affirmer béatement que tout est art.
Adrian Darmon