Le prestigieux
Turner Prize a été décerné le 2 décembre 2013 à Laure Prouvost, qui est ainsi
devenue la première artiste contemporaine française à remporter cette
récompense dotée de 25 000 livres (30
200 euros).
Née à Croix (Nord),
près de Lille, l'artiste vit à Londres depuis
l'âge de 18 ans, ce qui lui a permis de participer, avec "Wantee", au
Turner Prize, ordinairement réservé à un résident ou à un natif britannique. Elle a été préférée à Lynette Yiadom-Boakye, David Shrigley et Tino Sehgal qui s'était vu décerner le Lion d'or de la dernière biennale de Venise.
Présidé par Penelope
Curtis, directrice de la Tate Britain,
le jury a été particulièrement impressionné par les vidéos de l'artiste associées à des
sculptures mêlant la réalité, la fiction, les technologies modernes et
l'histoire de l'art.
A la dernière foire
Frieze de Londres, l'artiste avait exposé sur le stand de la galerie
britannique MOT International des
sculptures et de vieux meubles avec des objets réalisés par une grand-mère
virtuelle alors que son mari était affairé à creuser sous le salon de sa maison
un tunnel censé le mener en Afrique.
Après des études à
l'institut Saint-Luc de Tournai, en Belgique, Laure Prouvost s'est installée
en 1999 en Angleterre pour les poursuivre au Saint Martin College of Arts puis au Goldsmiths College de Londres.
A Saint Martin, elle a notamment subi l'influence de l'enseignement quelque peu déjanté
du peintre John Latham (1921-2006) dont elle devint son assistante durant un temps.
Elle a également été
inspirée par l'artiste allemand Kurt Schwitters (1887-1948), qui dut renoncer à
son fameux Merzbau installé dans sa maison de Hanovre son Merzbau pour se réfugier en 1940
en Angleterre et surtout par la vie de sa compagne Edith Thomas, surnommée «
Wantee » du fait de son accent germanique lorsqu'elle lui demandait « Want tea
? » (Veux-tu du thé ?) Elle avait d'ailleurs présenté à la Tate Britain
une installation en hommage aux années anglaises de Schwitters en imaginant que
son grand-père fictionnel fût son ami, une œuvre qui aura certainement plu au
jury du Turner Prize.
Se revendiquant à
moitié britannique, Laure Prouvost est peu connue en France où elle
est néanmoins présente à la Biennale de Lyon après avoir exposé à la Belle de
Mai à Marseille.
L'artiste sera exposée à New
York au New Museum en février 2014 puis en septembre à Paris,
à la galerie Obadia.