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L'INCROYABLE DECOUVERTE A MUNICH DE 1406 OEUVRES SPOLIEES PAR LES NAZIS Par Adrian Darmon
05 Novembre 2013
Catégorie : News

Alors qu'on les croyait perdues à jamais, quelque 1406 œuvres spoliées par les nazis avant et au début de la Seconde Guerre mondial dormaient depuis plusieurs années dans un appartement de Munich occupé par le fils d'un collectionneur et marchand d'art actif sous le IIIe Reich avant leur découverte faite par la police le 28 février 2012.

Cornelius, le fils d'Hildebrand Gurlitt qui avait profité de ses relations avec les nazis pour revendre pour leur compte ou acheter des œuvres d'art confisquées à des institutions et surtout à des collectionneurs juifs ou cédées par nombre d'entre eux à vil prix au moment où ils avaient fui l'Allemagne, avait ainsi conservé ces centaines de dessins et tableaux pour en en céder certains à des galeristes peu regardants afin d'assurer sa subsistance dans cet appartement transformé en véritable capharnaüm selon les enquêteurs.

C'est lors d'un contrôle douanier effectué le 22 septembre 2010 à bord d'un train circulant entre la Suisse et l'Allemagne que Cornelius Gurlitt fut trouvé en possession d'une enveloppe contenant 9000 euros, ce qui était pourtant légal. Mais face à ses déclarations confuses à propos de la provenance de cet argent et de ses moyens d'existence, nonobstant le fait qu'il n'avait aucune existence avérée dans les registres de l'administration allemande, les douaniers obtinrent 17 mois plus tard l'autorisation d'effectuer une perquisition chez lui, laquelle mena à la découverte de cet incroyable trésor alors que son père, interrogé après la guerre au sujet de ses relations avec les nazis, avait mené les enquêteurs en bateau en affirmant que toute sa collection avait disparu lors des bombardements de Dresde par l'aviation alliée.

La collection d'Hildebrand Gurlitt, mort en 1956 dans un accident de voiture après avoir su si bien berner les autorités, revint ainsi à sa veuve Hélène puis à son fils qui vécut à la manière d'un clandestin jusqu'au moment de son interpellation.

Confrontés à la stupéfiante découverte de ces tableaux disparus estimés à un milliard d'euros au bas mot, les autorités allemandes préférèrent garder le silence, le temps de faire un inventaire précis des œuvres saisies et de retrouver leurs légitimes propriétaires avant que le magazine « Focus » n'évente l'affaire au début du mois de novembre 2013.

Il s'agit là de la plus grande découverte de tableaux volés dans le cadre de l'Holocauste depuis des années et on se doute bien que nombre d'œuvres restent cachées en Allemagne et surtout en Suisse où certaines des personnes impliquées dans le trafic organisé par les nazis mirent à l'abri dans des coffres de banques helvétiques des centaines de tableaux et autres objets confisqués par ces derniers à des juifs ou achetés à vil prix à ceux ayant pu fuir à l'étranger tandis que les oeuvres jugées majeures étaient destinées à nourrir la collection du musée d'art du IIIe Reich de Linz.

C'est une tâche immense à laquelle les autorités se sont heurtées pour établir un catalogue des œuvres retrouvées chez Cornelius Gurlitt et recenser celles qui ont fait l'objet d'avis de recherche par Interpol tout en ayant à identifier les propriétaires spoliés. Parmi ceux-ci figure la journaliste Anne Sinclair après la découverte dans l'appartement de Munich d'un tableau de Matisse volé par les nazis à son grand-père Paul Rosenberg, après le départ précipité de ce célèbre marchand d'art pour les Etats-Unis en 1940.


                                                                    Un saisissant autoportrait de Dix 

Cornelius Gurlitt vivait plutôt comme un clochard dans son appartement jonché de détritus et de boîtes de conserves périmées depuis 30 ans alors que les conditions climatiques de stockage des toiles s'y trouvant étaient déplorables. Ce dernier vivait là en reclus, les stores baissés, la seule fenêtre laissant passer la lumière du jour étant celle de la cuisine.


                                                                       Un magnifique dessin de Canaletto

Au départ, son père avait été menacé par les nazis du fait qu'il avait une grand-mère juive mais celui-ci sut se rendre indispensable à leur égard en les aidant à écouler nombre d'œuvres qu'ils avaient confisquées. Selon « Focus », au moins 300 œuvres trouvées dans son appartement figureraient dans la liste de celles appartenant à « L'Art dégénéré » saisies par les nazis, notamment des tableaux de nombreux peintres expressionnistes allemands, tels Emil Nolde, Max Beckmann, Ernst Ludwig Kirchner ou Otto Dix. Il y aurait également plusieurs toiles impressionnistes ou d'artistes comme Toulouse-Lautrec, Picasso et Chagall, l'auteur d'une magnifique toile allégorique, ainsi que des œuvres de peintres comme Max Liebermann ou Carl Spitzweg.


                                                                               Une rare oeuvre de Franz Marc

Parmi ces œuvres figurent un émouvant autoportrait d'Otto Dix peint  vers 1919 resté inconnu ainsi qu'un rare dessin de Canaletto. Cornelius Gurlitt, aujourd'hui âgé de 80 ans, aurait notamment mis en vente en décembre 2011 auprès de la maison Lempertz de Cologne une gouache de Max Beckmann titrée « Le Dresseur de lion », soit deux mois à peine avant la perquisition effectuée par les douanes à son domicile.

La découverte du fabuleux butin détenu par Cornelius Gurlitt n'a pas manqué de susciter de nombreuses interrogations au sujet de son père qui avait su si habilement berner les Alliés après que les troupes britanniques eurent saisi au printemps de 1945 à Hambourg une collection enregistrée à son nom de 115 tableaux, 19 dessins et plusieurs caisses contenant des objets d'art de toutes sortes.

Les Britanniques transférèrent ensuite cette collection à la commission de recensement des biens culturels saisis par les Alliés dirigée alors par des spécialistes attachés auprès de l'armée américaine qui se chargeaient alors de faire un inventaire précis des oeuvres retrouvées. Interrogé à propos de ses liens avec les nazis, Gurlitt, qui était fortement soupçonné d'avoir participé au pillage d'oeuvres d'art en France occupée, sut habilement berner les enquêteurs en leur déclarant que le reste de sa collection avait été détruite à Dresde et qu'il avait été forcé de composer avec le régime du IIIe Reich pour sauver sa vie en raison du fait qu'il avait une grand-mère juive.

Hildebrand Gurlitt parvint en 1950 à se faire restituer cette collection constituée entre autres de toiles de maîtres anciens et d'artistes impressionnistes français ou expressionnistes allemands alors qu'il aurait très bien pu cacher l'existence de centaines d'oeuvres d'art cachées ailleurs sinon il aurait alors poursuivi ses activités après la guerre pour acquérir celles-ci.

Les observateurs se sont demandés où étaient passés certaines des oeuvres saisies en 1946 que les enquêteurs allemands n'ont pas retrouvé dans l'appartement de son fils, notamment "Wagon dans les Dunes" de l'artiste impressionniste juif allemand Max Liebermann, des tableaux des expressionnistes Chritisan Rohlfs et Georg Grosz ainsi qu'un Fragonard, un Guardi ou des paysages de Ruysdaël ou Théodore Rombouts.

Parmi les tableaux retrouvés à Munich figurent plusieurs oeuvres considérées par les nazis comme faisant partie de "l'art dégénéré" que ceux-ci retirèrent des musées et institutions allemandes pour les détruire ou pour les vendre. D'autres auraient été acquis à vil prix auprès de collectionneurs juifs qui purent trouver le moyen de fuir l'Allemagne au milieu des années 1930 pour se réfugier à l'étranger. Quant aux tableaux anciens, ceux-ci pourraient provenir de musées étrangers pillés sur ordre des nazis pour aller alimenter le musée voulu par Hitler à Linz.

On sait que Hildebrand Gurlitt fit de fréquents voyages à Paris pour ramener en Allemagne des oeuvres saisies par les nazis que ceux-ci  avaient mis en transit au Musée du Jeu de Paume et qu'il eut des relations étroites avec Bruno Lohse, le représentant du maréchal Goering, et des marchands français qui collaborèrent activement avec l'occupant. Il visita même l'atelier de Picasso en 1942 et lui acheta personnellement une oeuvre tout en se privant pas de forcer des juifs à leur brader des tableaux.

Gurlitt avait été également en contact avec Adolf Wuster, conseiller culturel à l'ambassade du Reich à Paris qui avait supervisé les saisies de certaines collections juives dont celle de Paul Rosenberg dont un tableau de Matisse qui ne figurait pas dans l'inventaire de 1946 a retrouvé chez son fils, ce qui pourrait soit signifier qu'il n'avait pas révélé en 1946 l'existence d'autres tableaux en sa possession soit qu'il continua à acheter des oeuvres spoliées aux juifs bien après la guerre.

Le quotidien "Le Figaro" s'est d'ailleurs demandé si Gurlitt n'avait pas continué à entretenir des relations avec Lohse ou Wuster après1946 tout en signalant qu'en 1947, le capitaine Doubinsky, représentant à Munich de Rose Valland, l'historienne d'art résistante qui avait dressé en secret une liste exhaustive des oeuvres volées qui avaient transité au Jeu de Paume, avait conseillé aux Américains de mener une enquête plus poussée sur Gurlitt mais ces derniers ne l'écoutèrent pas.

Quoiqu'il en soit, il convient de se pencher sur le cas de la veuve de Gurlitt qui, si elle ne fut pas complice de ses agissements, devait être parfaitement au courant de la provenance des tableaux qui lui revinrent après sa mort.

Toujours est-il que dix ans après la mort de son mari, elle reçut un courrier des hétiers de Henri Hinrichsen, un collectionneur de Leipzig mort en déportation à Auschwitz en 1942, qui lui avaient demandé si elle pouvait savoir où pouvaient se retrouver un Pissarro et trois tableaux allemands disparus de sa collection.

Hélène Gurlitt répondit à cette lettre en ces termes: " Messieurs, concernant votre demande du 5 décembre 1966 reçue le 1er janvier 1967, je ne puis dire que toutes les archives- ainsi que les inventaires- de notre compagnie ont disparu durant les bombardements de Dresde où elles venaient d'être transférées de Hambourg.

Mon mari est décédé le 9 novembre 1956 à Düsseldorf. La galerie d'art du Dr H. Gurlitt n'a pas repris ses activités depuis 1945. Très sincèrement."

On devine à travers ces lignes la duplicité manifestée par Hélène Gurlitt qui entretint ainsi le savant mensonge de son mari en gardant pour elle ce qu'il avait amassé depuis l'arrivée au pouvoir des nazis en 1933, un mensonge que son fils a perpétué pour déclarer aux enquêteurs pourquoi ils n'avaient pas attendu sa mort pour découvrir alors son incroyable trésor.

On s'attend également à des enquêtes dans le milieu de l'art puisque plusieurs galeries avaient acquis sans sourciller des oeuvres proposées par Cornelius Gurlitt qui en avait notamment vendu une auprès de la maison helvétique Koller en 1990. Encore une fois, le marché de l'art risquera d'être secoué par de dérangeantes révélations.

On s'est par ailleurs interrogé sur le fait que la maison de Salzbourg appartenant à Cornelius Gurlitt n'ait toujours pas été perquisitionnée alors qu'elle aussi pourrait contenir d'autres oeuvres de la collection de son père.

En attendant, cette affaire fera vraisemblablement le bonheur de maisons de vente comme Sotheby's ou Christie's où certaines des oeuvres retrouvées à Munich pourraient être mises en vente par des héritiers de collectionneurs spoliés une fois qu'ils les auront récupérées.

Adrian Darmon


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