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LE DELICAT PROBLEME DES RESTITUTIONS D'OBJETS PILLES EN AFRIQUE SOUS L'ERE COLONIALE
22 Novembre 2018
Catégorie : FOCUS
Cet article se compose de 2 pages.
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Pour Le Monde Diplomatique, l'important est de sortir ces objets de leur engourdissement muséal, de leur carcan autant ethnologique qu'esthétique, en rendant possibles des réappropriations diverses et contradictoires, en encourageant la multitude des angles de vue car il est essentiel de remettre ces objets en jeu, par le moyen d'un débat constructif reposant davantage sur un esprit de réconciliation que sur le principe moral de la réparation – de manière à éviter que les butins des guerres coloniales et plus largement les objets des Autres ne deviennent des armes d'affrontements, au risque de transformer le « musée universel » en espace de confrontation généralisée.

Ce qu'avait déclaré le président Macron en novembre 2017 avait laissé entrevoir une remise en question du sacro-saint principe d'« inaliénabilité » brandi depuis des décennies par l'État. En clair : les biens des musées français ne peuvent être ni donnés, ni vendus. C'est la loi.Un principe au nom duquel, en mars 2016, le premier ministre Jean-Marc Ayrault rejetait fermement la demande de restitution du Bénin concernant les objets sacrés du royaume de Dahomey, pillés au XIXe siècle et désormais détenus par le Musée du Quai-Branly, à Paris.

Le journal « La Croix » a signalé que les  deux auteurs du rapport sur les restitutions avaient concentré leurs recherches sur  l'Afrique subsaharienne, principale concernée par les pillages et spoliations à l'époque coloniale. Selon les experts, 90 % du patrimoine historique africain aurait été « emporté » en France à partir du milieu du XIXe siècle. Soit près de 90 000 œuvres.

À lui seul, le Musée du Quai-Branly en détient 70 000 (sur les 300 000 de sa collection), dont 46 000 seraient « restituables ». Dans les plus grandes collections des États africains, le chiffre tombe de 3 000 à 5 000 objets. « Le cas de l'Afrique subsaharienne est emblématique de cet absolu déséquilibre, avait souligné Felwine Sarr sur France Culture. Il n'est pas juste que l'essentiel du patrimoine d'une communauté entière ne soit pas là, qu'il ne permette pas aux peuples de reconstruire leur histoire, leur mémoire, qu'ils ne puissent pas reconnecter leur jeunesse avec cette histoire», avait-il poursuivi.

Plus que sur la valeur souvent inestimable de ces biens, Bénédicte Savoy et Felwine Sarr se fondent sur leur dimension « émotionnelle et symbolique ». « Je sais la douleur des perdants qui se font déposséder de leur patrimoine. J'ai aussi mesuré combien, plus le temps passe, plus cette douleur s'accroît », soulignait l'historienne de l'art en mars dernier, lors d'une présentation à la presse de leur mission.

Plaidant pour « une nouvelle éthique relationnelle » avec le continent africain, les auteurs ont ainsi écarté l'idée de restitutions temporaires. Si le processus de rapatriement « doit être progressif » afin de s'adapter à « l'état de préparation des pays africains », les retours ne peuvent être selon eux que définitifs. Butins de guerre, vols, pillages, trafics, achats…, le rapport énumère les différentes formes d'appropriation des œuvres de 1885 à 1960. Surtout, il propose une modification du code du patrimoine « qui permette de prendre en compte tous les cas de figure ». Aux pays africains concernés de déposer leurs demandes à la France sur la base de l'inventaire qu'ils ont dressé.

Dès son annonce, le rapport a suscité l'émoi des milieux de l'art, conservateurs de musée et galeristes en tête, inquiets de voir fondre leurs collections. « La constitution de collections en Afrique ne peut pas se faire sur le dos des collections nationales occidentales », a estimé Julien Volper, conservateur au Musée royal de l'Afrique centrale à Tervuren, en Belgique. Pour lui, la question est d'abord d'ordre philosophique. « Juger des actes du XVIIIe ou du XIXe siècle selon les lois et surtout la morale actuelles, c'est entrer dans l'anachronisme du ressenti,a-t-il déploré Avant de réfléchir à des conditions de retour pour ces œuvres, il aurait fallu s'interroger sur la légitimité même de cette démarcheOr on a confié cette mission à deux personnes qui non seulement ne sont pas africanistes, mais ne sont absolument pas neutres sur le sujet. »

En Afrique aussi, des réticences se font entendre, a souligné « La Croix ». « La restitution est une fausse bonne idée », a ainsi jugé l'artiste béninois Romuald Hazoumé. Les raisons ? Le mauvais état des infrastructures, mais surtout l'instabilité politique du pays. « Dans trois ans, il y aura des élections présidentielles au Bénin. Quelle sera la position du nouveau gouvernement sur cette question ?, s'est-il demandé. Les œuvres restituées seront-elles respectées ? »

Même crainte chez Julien Volper, échaudé par le sort réservé aux 114 objets de son musée qui ont été transférés vers les collections de l'Institut des Musées nationaux du Zaïre (l'actuelle République démocratique du Congo), entre 1976 et 1982. « En 2007, il n'en restait que 21. Une partie a été vendue sous la présidence de Mobutu… »,a-t-il signalé « S'inquiéter de l'avenir de ces œuvres, c'est être taxé de paternalisme. Mais c'est la logique de restitution qui est paternaliste par certains aspects. Ne serait-il pas plus glorieux pour un pays africain d'avoir un ou des musées qui répondent aux normes des plus grands musées occidentaux et de pouvoir organiser ou accueillir non seulement des expositions d'art africain mais aussi européen ? »

Si la volonté des nations africaines de se réapproprier leur patrimoine et de le transmettre aux jeunes générations est légitime, l'enjeu reste de trouver des lieux propices à l'accueil des œuvres et à leur conservation. De nombreux projets sont en cours, notamment au Bénin où pas moins de quatre musées sortiront de terre dans les prochaines années. « Mais rien n'a encore commencé », a remarqué Romuald Hazoumé. Au Togo, l'ancien palais du gouverneur de Lomé transformé en centre d'art ouvrira au premier semestre 2019. Au Sénégal, le musée des Civilisations noires de Dakar doit être inauguré en décembre. Le Quai Branly prêtera à cette occasion des masques issus de ses collections. « Notre politique a toujours été centrée sur la coopération. Nous sommes dans une logique d'échange et de circulation des œuvres », a rappelé Thomas Aillagon, directeur de la communication du musée.

Pour Pierre Amrouche, consultant international en art africain et océanien, la coopération entre les musées occidentaux et africains est aujourd'hui une nécessité, restitution ou pas. « Il n'y a aucune raison de ne pas partager ce patrimoine. D'autant que les réserves des musées français sont remplies d'œuvres qui sommeillent. Ce serait une bonne occasion de leur faire prendre l'air», a-t-il dit.  Le rapport Savoy-Sarr inspirera-t-il à l'Élysée un « plan restitutions » ? Sans toujours l'avouer, certains conservateurs de musées français lui souhaitent le même avenir que le plan « banlieue » de Jean-Louis Borloo, resté lettre morte, a conclu « La Croix ».

On gage qu'il faudrait beaucoup de temps avant que ces restitutions n'interviennent car nombre de pays africains n'ont pas encore les moyens d'accueillir les pièces de leur patrimoine alors que les musées européens font valoir qu'elles sont vues par des millions de visiteurs venus des quatre coins de la planète. Reste le problème de l'insécurité auxquels plusieurs pays africains sont confrontés, comme cela a été le cas à Tombouctou avec la destruction de mausolées historiques par des terroristes islamistes alors que Boko Haram a continué de menacer le Tchad, le Niger et le nord du Nigéria sans compter les troubles en RDC et dans d'autres pays. L'eau devrait donc couler longtemps sous les ponts avant que le British Museum, celui du quai Branly et d'autres Etats européens ne soient forcés de se séparer de pièces exceptionnelles qui ont été les témoins de cultures dépossédées par les colonisateurs français, anglais, belges ou allemands.

D'autre part, il conviendra de déterminer ce qui fut pillé ou vendu, voire troqué, volontairement en Afrique ou ailleurs, ce qui ne sera pas chose facile vu que les restitutions d'œuvres volées par les nazis à des collectionneurs juifs restent toujours d'actualité mais réclamer des oeuvres pillées bien avant 1970, l'année fixée par la convention de Washington sur les restitutions en la matière, pourrait provoquer un flot de demandes aussi folles les unes que les autres. On l'a constaté avec la Grèce qui a réclamé depuis 30 ans les frises du Parthénon emportées par Lord Elgin au début du 19e siècle alors que ce pays, en situation de faillite, a envisagé de privatiser ses sites archéologiques pour réduire son endettement ou avec l'Egypte qui a exigé le retour du buste de Néfertiti exposé au musée de Berlin. On risquerait à la longue de faire face à des exigences sans fin pour apprendre un jour que les Grecs exigeraient que la Turquie leur rende les sites antiques de leurs ancêtres ou que les orthodoxes exigent que Sainte-Sophie redevienne une église à Istanbul ou encore que les pays d'Amérique Latine réclament à l'Espagne l'or pillé aux Incas. En conclusion, le rapport sur les restitutions d'objets d'art aux pays africains est louable en soi mais risque de provoquer de nombreux problèmes pour la France, le Royaume-Uni, la Belgique ou l'Allemagne.

En attendant, sans même attendre d'avoir compulsé le rapport Savoy-Farr, ni même d'avoir eu recours à un processus législatif forcément long, le président Emmanuel Macron a décidé d'offrir au Bénin vingt-six œuvres appartenant aux collections publiques françaises issues de prises effectuées par l'armée française en 1892 contre un roi qui avait mis le peuple Yoruba en esclavage, a rapporté La Tribune de l'Art.

Le journal a estimé scandaleuse la déclaration du président de la République parce que les collections publiques sont inaliénables et que s'il pouvait dire qu'il souhaite que ces objets soient donnés au Bénin, il n'a aucun droit de le décréter alors que Stéphane Martin, le directeur du Musée Branly serait.furieux du contenu du rapport et qu'il n'aurait certainement pas proposé le don de ces vingt-six œuvres.

Cette décision a ainsi ouvert la porte à d'autres demande de restitutions de la part de pays d'Afrique sub-saharienne ou d'ailleurs, que ce soit sur ce continent, en Asie, en Amérique Latine ou en Océanie, a indiqué le journal en relevant que la personne la plus active pour réclamer les objets béninois était Marie-Cécile Zinsou, fille de Lionel Zinsou, ancien premier ministre du Bénin, qui avait travaillé avec Emmanuel Macron à la banque Rothschild  en devenant un de ses soutiens lors de la campagne présidentielle.

Le journal s'est aussi demandé où les œuvres venant de France seraient exposées du fait que celles conservées au palais d'Abomey le sont déjà dans de mauvaises conditions et qu'aucun bâtiment n'est dans un état acceptable pour les recevoir sans compter que nombre d'œuvres pourraient être la proie de termites, à moins que celles-ci ne soient destinées à la fondation Zinsou en signalant qu'Emmanuel Macron avait pris d'étonnantes libertés avec le code du Patrimoine et un principe, celui de l'inaliénabilité des collections publiques françaises, qui existe depuis le XVIe siècle. 

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