Le grand marchand d'art Heinz Berggruen, qui avait été un des principaux acheteurs des œuvres de Picasso après la Seconde Guerre Mondiale, est mort à Paris le 23 février 2007 à l'âge de 93 ans.
Né à Berlin en 1914, Berggruen était non seulement doté d'un flair extraordinaires mais aussi de connaissances affirmées en art, ce qui fit de lui un marchand respecté. Ayant fui le nazisme en raison de ses origines juives, il avait été se réfugier aux Etats-Unis où il avait travaillé au Musée d'art moderne de San Francisco avant de revenir en Europe après la guerre. Devenu l'ami de Picasso, il contribua à asseoir la gloire du maître en achetant et en revendant nombre de ses œuvres sans oublier de se constituer une remarquable collection qu'il a léguée au Musée de Berlin, ville où il a souhaité être enterré.
Arrivé à Paris juste après la guerre, Berggruen avait plus tard écrit « Souvenirs d'un marchand d'art », un recueil savoureux au sujet de ses rencontres et de ses coups de foudre pour de nombreuses œuvres.
Auparavant, il avait quitté l'Allemagne en 1936 pour étudier l'histoire de l'art à San Francisco avant de devenir critique et travailler pour le musée d'art moderne de cette ville.
Sa première rencontre avec Picasso eut lieu dans l'atelier de ce dernier à Paris, une prise de contact qui fut favorisée par Tristan Tzara, mais ensuite il sut séduire le maître par un discours franc et sans détour. Plus qu'avec paroles, Berggruen savait charmer ses interlocuteurs rien que par son regard et l'émotion qu'il ressentait face à une œuvre.
Il eut aussi le privilège de nouer d'étroites relations avec Matisse dont il obtint l'exclusivité d'exposer ses collages dans la gaelrie qu'il avait ouverte à Paris en 1947, à une période où les gens ne pensaient qu'à panser les blessures de la guerre en se désintéressant quelque peu de l'art.
Il collectionna des toiles de Picasso, Klee, Matisse ou Cézanne avec la boulimie d'un amateur fou d'art nanti d'un œil que ses rivaux jalousaient et sut construire une légende que d'aucuns enviaient.