Les extraordinaires bijoux de René Lalique sont présentés jusqu'au 27 juillet 2007 au Musée du Luxembourg à Paris, un événement à ne pas manquer pour se rappeler qu'il fut un orfèvre de génie avant de devenir un maître de la verrerie d'art.
Orfèvre à partir du milieu des années 1880, Lalique s'appliqua à mettre l'Art Nouveau à l'honneur dans ses créations à première vue étonnantes pour son époque. Il faut dire que produire des bijoux représentant des libellules, des guêpes et autres insectes avaient de quoi surprendre ses contemporains et que sa clientèle, quoique fort aisée, était restreinte. Pour tout dire, il réinventa l'art du bijou avec une audace inouïe en devenant ainsi le « Benvenuto Cellini » de la fin du XIXe siècle.
Vite célébré, il attira à lui les clientes les plus en vue du nouveau siècle, notamment Sarah Bernhardt, la comtesse de Béarn ou Mme Waldeck-Rousseau qui eurent un béguin fou pour ses incroyables créations produites entre 1890 et 1912.
Avec lui, le travail de l'or, de l'émail, du sertissage savant des pierres précieuses, du modelage et de la miniaturisation des formes ainsi que leur assemblage devint ainsi de la magie. Il produisit ainsi non pas des bijoux mais de véritable chefs d'œuvre artistiques en devenant aussi le premier à introduire le verre dans ses créations, une démarche qui l'amena naturellement à maîtriser l'art du verre au début de la Première Guerre Mondiale, une période sombre au cours de laquelle ses bijoux trop colorés étaient devenus subitement démodés.
Ayant repris une verrerie en 1913, il sut encore une fois transcender son talent à travers des créations mêlant l'art et le fonctionnel qui plurent à un éventails de gens épris de luxe et de beauté. Il n'est d'ailleurs pas étonnant de constater qu'il fut parmi les premiers à faire des flacons de parfum de véritables bijoux et non plus de simples fioles usuelles et qu'il alla jusqu'à embellir les automobiles avec de fabuleux bouchons de radiateur et les intérieurs d'appartements cossus avec des portes en verre extraordinaires.
On peut croire que René Lalique (1860-1945) fut navré de ne plus produire de bijoux après 1914 bien qu'il sut se reconvertir admirablement en devenant un des plus grands maîtres verriers du XXe siècle. Ce ne fut qu'à la fin des années 1980 que ses incroyables bijoux émergèrent de l'oubli sur le marché pour devenir aujourd'hui extrêmement recherchés des amateurs.
A.D