Le Musée Carnavalet, 23 rue de Sévigné à Paris,
présente jusqu'au 3 janvier 2009 une exposition intitulée « La Révolution vue
d'Angleterre » à travers une trentaine de caricatures de dessinateurs
anglais de la fin du XVIIIe siècle provenant d'une donation faite au 19e
siècle par le vicomte de Liesville.
Il faut dire que la Révolution française de 1789 fut
accueillie favorablement par les Anglais qui bien avant les Français avaient rompu avec l'absolutisme
après la décapitation du roi Charles 1er en 1649. James Gillray,
Thomas Rowlandson, Richard Newton et Charles Williams, les caricaturistes de
l'époque s'en donnèrent ainsi à cœur joie pour saluer l'événement mais aussi
pour se moquer des hommes politiques de leur pays, les uns partisans, les
autres adversaires de la Révolution, avant de tirer à boulets rouges sur les effets de la Terreur en France.
La Révolution fascina énormément ces
dessinateurs qui se plurent à comparer avec un humour débordant les travers des
Français et de leurs compatriotes ou les misères des premiers et l'opulence
imbécile des seconds mais après la mort du roi Louis XVI, ils furent moins
complaisants à l'égard des révolutionnaires considérés un peu comme des
sauvages en livrant des caricatures où figurait souvent la guillotine.
En attendant, ils eurent matière à tourner en
dérision les hommes politiques anglais, tels Charles James Fox, chef du parti
Whigh et le Premier ministre tory William Pitt. Séduit par la Révolution, Fox
devint ainsi leur souffre-douleur au point qu'il perdit nombre d'élections par la
faute de leurs dessins irrévérencieux, vulgaires et souvent scatologiques
lesquels néanmoins amusèrent beaucoup les bourgeois anglais.
On ajoutera que leurs représentations de Bonaparte,
surnommé à travers un truculent jeu de mot « Boney Part » (Osseux) ou
« Fartes » (Pet) firent beaucoup pour exacerber encore plus la rivalité entre
l'Angleterre et la France après la Révolution.
En dehors
de cette mini-exposition, le Musée Carnavalet présente en permanence les
collections les plus importantes connues sur la Révolution constituées de 500
œuvres réparties dans 14 salles, notamment 140 tableaux, 17 sculptures et des
maquettes de la Bastille ou de la guillotine.