L'Hôtel Drouot compte ouvrir ses portes comme prévu le 21 septembre sauf que depuis deux mois, le temple parisien des ventes aux enchères ventes s'estvu privé la collaboration des manutentionnaires de l'Union des commissionnaires de l'Hôtel des ventes (UCHV) suite à la mise en examen de ce groupement pour association de malfaiteurs, complicité et recel de vols en bande organisée.
En effet, cette mise en examen avec celle de René Revial, gérant de l'UCHV, survenue en juillet dernier implique un contrôle judiciaire interdisant à cette société d'exercer à compter du 1er septembre.
Pris de court, le conseil d'administration de l'Hôtel Drouot a lancé un appel d'offres auprès de sociétés de transport et de manutention pour remplacer les 110 « cols rouges », appelés également « Savoyards » afin d'assurer le bon fonctionnement des services afférents aux ventes. Au 31 août, date limite du dépôt des candidatures, trois groupes y ont répondu dont une entreprise nouvellement créée par 80 des anciens manutentionnaires de Drouot qui n'ont pas été mis en examen. Rôdés aux déménagements, à l'installation des salles et à la manutention, ceux-ci ont semblé de fait les plus qualifiés pour permettre le redémarrage des ventes.
Il y a cependant un problème de taille resté en suspens du fait que la longue enquête de la police concernant des malversations commises par certains « cols rouges » découvertes il y a bientôt dix mois n'est pas terminée. Jusqu'à présent, la police n'a fouillé que 40 des cent containers appartenant aux commissionnaires où ont été trouvé des centaines d'objets volés lors d'inventaires de succession ou de déménagements vers l'Hôtel Drouot, ce qui pourrait conduire d'autres « cols rouges » à être mis en examen à leur tour.
Constitué d'une douzaine de maisons de vente, le Conseil d'administration de Drouot prendrait donc une décision plutôt risquée en retenant la candidature de la société créée par ces anciens « cols rouges » encore réputés innocents mais en marquant sa préférence pour celle-ci, les responsables de l'Hôtel des ventes ont semblé vouloir parer au plus pressé afin d'assurer le bon fonctionnement des ventes après avoir laissé entendre que faire appel à ses services paraissait la solution la plus logique.
Pour ne plus avoir affaire à un autre scandale, qui sonnerait définitivement le glas pour Drouot, ses responsables ont indiqué qu'ils appliqueront des mesures de contrôle et de discipline à l'égard de ces manutentionnaires, un pouvoir qu'ils n'avaient pas auparavant sur l'UCHV mais il n'en reste pas moins que le retour des anciens « cols rouges » regroupés au sein d'une nouvelle société de manutention ne reviendra finalement qu'à poser une cautère sur une jambe de bois vu l'absence d'une véritable réforme pour Drouot, une entité quelque peu vieillotte dont la gestion est assurée par des groupes de commissaires-priseurs confrontés souvent à des conflits d'intérêt.