Malgré la crise, le marché de l'art ne faiblit pas, bien au contraire, comme en témoignent les 68,96 millions de dollars, un nouveau record mondial, obtenus pour un nu assis au divan (« La belle Romaine ») d'Amedeo Modigliani le 2 novembre 2011 chez Sotheby's à New York.
Pulvérisant l'estimation initiale de 40 millions de dollars, ce résultat a certainement ravi le vendeur de cette œuvre datant de 1917 qu'il avait acquise aux enchères pour 16,7 millions de dollars en 1999. Pas moins de cinq enchérisseurs étaient en lice pour acquérir cette oeuvre qui est revenue, dit-on, à un amateur russe. Au cours de cette même vente, une autre de Modigliani, « Portrait de Jeanne Hébuterne au chapeau » a été adjugée pour 19,1 millions de dollars sur une estimation haute de 12 millions de dollars. Le précédent record pour une œuvre de Modigliani avait été établi à 52,3 millions de dollars (43 millions d'euros) en juin 2010 chez Christie's à Paris pour une tête sculptée de cariatide.
Une magnifique toile de Claude Monet titrée « Bassin aux Nymphéas » a de son côté été adjugée pour 24,7 millions de dollars.
Chez Christie's le 3 novembre, un bronze de Matisse titré « Nu de dos » d'après un plâtre créé en 1930 mais fondu seulement en 1978, soit 24 ans après la mort de l'artiste, a été acheté par la galerie Gagosian pour le prix record de 48, 8 millions de dollars alors qu'une toile de 1913 peinte par l'artiste espagnol Juan Gris titrée « Violon et Guitare » a atteint 28,6 millions de dollars.
Avec respectivement des produits de vente de 227,5
millions de dollars (67 lots vendus sur 84) et 231,4 millions de dollars (46
lots vendus sur 61) Sotheby's et Christie's ont réalisé des scores meilleurs
qu'en novembre 2009 pour leurs ventes de New York, ce qui a représenté un signe
encourageant pour le marché qui est cependant resté très sélectif.
Si la « Belle Romaine » de Modigliani et le
bronze de Matisse, « Nu de dos » ont suscité l'engouement, il n'en a
pas été de même pour « Danseuse dans le fauteuil, sol en damier » peint
par ce dernier en 1942 qui a été adjugé à 20,8 millions de dollars soit 900 000
dollars de moins qu'en 2007. La prudence est donc restée de mise parmi les
acheteurs.
Subissant un autre test le 4 novembre concernant sa vente
de tableaux importants du 19e siècle, Sotheby's s'en est assez bien
sorti avec quelques résultats inespérés pour un genre plutôt réputé stagnant.
Ainsi, une huile sur toile de Sir Lawrence Alma-Taddema titrée « Moïse
sauvé des eaux » a pulvérisé son estimation haute de 5 millions de dollars
pour atteindre 35,922,500 dollars, soit plus de dix millions de dollars de plus
que pour le « Bassin aux Nymphéas » de Monet resté dans la fourchette moyenne de
son estimation.
Autres vedettes de cette vente, les deux toiles de
l'artiste italien Giovanni Boldini, « Portrait de Giovinetta
Errazuriz » de 1892 et portrait de l'artiste Lawrence Alexander
(« Peter ») Harrison de 1902 ont atteint respectivement
6,578,500 dollars (plus de 4 fois l'estimation haute) et 2,098,500 dollars
(deux fois l'estimation basse).
A retenir également l'enchère de 386,500
dollars pour « La Vendeuse de fleurs sur les Champs-Elysées » par
Louis Marie de Schryver, les 374,500 dollars payés pour une sculpture en marbre
de Carrare du 20e siècle représentant les trois Grâces par A.
Bargelli, l'adjudication à 554,500 dollars pour « Le Grand Frère »,
un pastel et crayon noir de Jean-François Millet, les 386,500 dollars (près de
4 fois l'estimation basse) obtenus pour « Le Versant rocheux » de
Corot, les 554,500 dollars enregistrés sur « L'Eté », une huile sur
toile de 1891 par Jules Breton, les 482,500 dollars octroyés à « La
Lavandière » de 1899, une toile d'Eugen Von Blaas, le prix de 1,314,500
dollars pour « Le crabe » une huile sur toile de William Bouguereau
de 1869 et les 422,500 dollars (plus de 4 fois l'estimation basse) payés pour « Marché aux Fleurs à la
Madeleine » du peintre polonais Ladislaus Bakalowicz.
AD
pour Violon et guitare de Juan Gris. Peinte en
1913, cette huile cubiste était mise en vente anonymement par le financier bien
connu Henry Kravis.