Le Musée d'Orsay présente jusqu'au
23 janvier 2011 une exposition consacrée au peintre Jean-Léon Gérôme
(1824-1904), grand maître de l'art pompier, admiré de son temps par le public
mais aussi décrié par les intellectuels.
Célébré dans les Salons officiels
et riche de commandes, Gérôme ne se fit pas des amis en critiquant vertement
Manet vu comme le déshonneur de l'art français pour se voir moqué par Zola
avant de devenir un artiste oublié durant des décennies. Pourtant, l'homme
avait un talent fou pour faire de l'académisme une peinture à grand spectacle à
travers des scènes orientalistes ou de l'antiquité à la mise en scène
stupéfiante.
Elève de Paul Delaroche, Gérôme a
été le roi de la peinture kitsch en montrant des scènes de harem plutôt équivoques, des
combats sanglants de gladiateurs, des Chrétiens livrés aux fauves dans des
arènes emplies de spectateurs ivres de massacres ou encore des reconstitutions historiques
annonçant étonnament le genre cinématographique hollywoodien des années 1940.
Ce fut durant un voyage en Italie
en 1842, lorsqu'il vit un casque de Gladiateur au Musée de Naples que Gérôme
s'écria : « Voilà qui m'ouvre un horizon immense, comment tous les
peintres sont venus ici, tous les sculpteurs ont vu cela et pas un n'a songé à
refaire un gladiateur ».
Ayant aussi voyagé en Turquie,
dans les provinces danubiennes et en Egypte, Gérôme s'employa à peindre dans un
style néo-grec ou néo-pompéien des scènes d'un réalisme époustouflant se rapportant à
l'antiquité, à l'orientalisme, à l'exotisme et à l'histoire qui devinrent très
populaires et lui valurent de vivre dans une certaine opulence. A la fin de sa
vie, toutefois conscient de l'infériorité de son art, l'artiste abandonna la
peinture pour se consacrer exclusivement à la sculpture
L'artiste ne s'embarrassait guère
de vérités historiques en mêlant les styles au mépris de leur datation pour
reconstituer sans se gêner les légendes d'une manière invraisemblable en collant
toutefois à un académisme hyper léché.
Gérôme ne chercha donc qu'à faire du
sensationnel et rien d'autre en instillant dans ses œuvres une étonnante forme
d'humour qui fit de lui un peintre kistch dans toute sa splendeur. Réinventant
l'histoire en n'hésitant pas à friser sans cesse le ridicule, il se plut avant
tout à être un metteur en scène avant la lettre en peignant des péplums que
Cinecitta remit à l'honneur sur les écrans de cinéma dans les années 1960, à
croire qu'il fut pour les cinéastes une véritable source d'inspiration.
Le propos des
organisateurs de cette exposition n'est pas de réhabiliter Gérôme, recherché
depuis 30 ans par nombre de collectionneurs outre-Atlantique mais de montrer
que cet artiste était quelque part moderne. Quoiqu'il en soit, cet artiste a sa
place dans l'histoire de l'art, tant pour son rôle en tant que roi de l'art
pompier que pour celui qu'il occupa en tant que professeur en comptant parmi
ses élèves nombre de futurs grands artistes.