Aujourd'hui, à moins de vivre sur une île déserte, on n'échappe plus aux nouvelles, malheureusement souvent plus mauvaises que bonnes, et comme le monde vit désormais au rythme des infos qui nous parviennent en rafales, on en vient à se payer une sacrée indigestion pour nous faire croire qu'il n'y a pas que les concombres ou le soja qui soient porteurs d'une bactérie tueuse.
Depuis le début de l'année, l'actualité a été riche d'événements incroyables. Nous avons eu les révolutions arabes qui ont entraîné la fuite de Ben Ali de Tunisie et la mise au placard de Moubarak en Egypte, le séisme et le tsunami qui ont ravagé le Japon et détruit les centrales nucléaires de Fukushima, les révoltes en Libye, au Yémen et en Syrie, la mort de Ben Laden ou la descente aux enfers de Dominique Strauss-Kahn pour ne citer que ceux-là.
Pour corser le tout, la crise a mis l'Irlande, le Portugal et la Grèce en état de faillite, les prix des matières premières n'ont pas cessé de grimper et la dette de la France s'est amplifiée alors que notre pouvoir d'achat a continué de baisser.
Nous sommes donc tous atteints par le virus de l'info dont on ne parvient pas à échapper à moins de se priver de lire les journaux, d'écouter la radio ou de regarder la télé. Le problème est qu'il est devenu impossible de nous passer du frisson que l'actualité nous procure à l'image d'un feuilleton dont on a envie goulûment de connaître la suite.
Nous voilà maintenant devenus des malades de l'actu attendant en particulier de savoir si DSK va être relaxé, cette fois non pas par une masseuse mais par la justice américaine, si la France va renoncer au nucléaire pour développer d'autres énergies moins nocives, si l'Egypte et la Tunisie pourront se doter de régime démocratiques et retrouver leurs touristes, si Kadhafi va se décider à faire ses valises et ne plus se trouver d'alibi pour s'accrocher au pouvoir, si la capitale de la Syrie ne va pas finir par s'appeler Damassacre, si l'addition ne va pas être saléh au Yemen, si Georges Tron va faire des pieds et des mains pour se défendre des accusations d'harcèlement portées contre lui, si les Grecs vont se priver d'Ouzo pour mieux manger à leur faim, si le gouvernement va créer un ministère de la fonction pubique pour traiter du problème de la prostitution, si Cohn-Bendit n'est pas maintenant vert de rage de ne pas avoir été choisi comme le chef de file des écolos, si le criminel de guerre Ratko Mladic n'a pas été acerbe de se faire prendre, si la sécheresse ne va pas être la cause de douches froides pour les agriculteurs, si l'ex-nageuse Charlene Wittstock ne sera pas appelée la princesse Brasse de Monaco ou si le pape va finir par avoir une crise de foi…
Heureusement, les vacances arrivent bientôt. Nous essaierons alors d'oublier un peu les infos qui nous rendent carrément fous avant de rentrer bronzé et reposé pour ensuite vite s'angoisser en découvrant des tas de factures dans notre courrier tout en recevant à nouveau en pleine figure des flots de nouvelles aussi désagréables les unes que les autres. Et dire que nous aspirons tous au bonheur…
Seulement voilà, le propre de l'homme est de lutter pour sa survie et dans un monde où la compétition est devenue de plus en plus féroce, nous sommes devenus accro aux infos pour constater que si les choses vont plutôt mal en France, il y a pire ailleurs quand bien même nous ne serions pas satisfaits de notre sort.
En fait, nous voulons toujours plus pour finir par ne plus nous reposer l'esprit en craignant comme les Gaulois que le ciel nous tombe sur la tête saisis d'angoisse en restant ainsi scotché à l'info sauf que si elle n'existait pas nous serions encore plus terrifiés à l'idée de ne pas savoir ce qui se passe ailleurs.
Adrian Darmon