La panique qui a gagné les marchés financiers et boursiers de la planète après les inquiétudes suscitées par les envolées de la dette américaine ainsi que celles de l'Espagne et de l'Italie qui ont entraîné l'affaiblissement de la zone euros pour provoquer la hausse du prix de l'or et mettre les spéculateurs en transes à un mois de la reprise de l'activité du marché de l'art.
Le 4 juillet 2011, les places boursières ont abandonné plus de 3% en une seule journée pour s'ajouter aux 10% perdus en une dizaine de jours alors que le cours de l'or a atteint un nouveau record à 1680 dollars l'once et 37 770 euros le lingot d'un kilo.
Comme durant toute période de récession, le métal jaune a été considéré comme une valeur refuge tout autant que les tableaux et objets d'art de grande qualité. Vu que la crise ne sera pas surmontée de sitôt en raison des inquiétants problèmes économiques des USA et de plusieurs pays de la zone euro, il va sans dire que le marché de l'art sera appelé à connaître un nouveau boom dès la reprise des grandes ventes de New York, Paris et Londres à la fin du mois de septembre.
Bien entendu, les achats spéculatifs seront avant tout sélectifs et ne viseront que les oeuvres et objets recherchés alors que les pièces de moindre qualité seront certainement encore plus délaissées.
Les grandes maisons de vente n'ont pas attendu cette aggravation de la crise boursière et financière pour préparer leurs vacations sauf qu'elles ont eu un certain mal à réunir suffisamment d'oeuvres importantes pour satisfaire l'appétit de certains acheteurs désireux de réaliser de juteuses plus-values en comprenant l'urgence de diversifier leurs investissements.
En général, les riches sont en majorité parvenus à compenser leurs pertes boursières via des acquisitions dans les domaines de l'immobilier, des pierres précieuses et de l'art qui depuis maintenant deux décennies est devenu un mode de placement offrant une certaine sécurité.
Les oeuvres d'artistes reconnus comme Picasso, Warhol, Basquiat, Lichtenstein, Freud, Bacon et autres grandes pointures du marché n'ont pas cessé d'augmenter d'année en année alors que la dégringolade des actions boursières ont été constantes.
Une saturation au niveau des prix sur le marché de l'art aurait été à craindre si les économies des principaux pays industrialisés ou émergents avaient été florissantes mais cela n'a nullement été le cas au vu des différentes crises qui ont secoué le monde depuis les attentats du 11 septembre 2001 avant la catastrophe financière de l'automne 2008 qui n'a affaibli ce marché que durant une année à peine pour ensuite repartir de plus belle.
Nombre d'économistes avaient pensé naïvement que les effets de la crise de 2008 seraient dissipés progressivement après avoir constaté que les banques avaient recommencé à faire d'importants bénéfices mais c'était sans compter sur la faible croissance mondiale qui a fini par mettre en difficulté les pays les plus endettés et les exposer quasiment à la faillite, comme la Grèce, l'Irlande, le Portugal, l'Espagne et maintenant l'Italie.
C'est la confiance qui dicte les choix des investisseurs et savoir que les dettes des USA et de plusieurs nations sont devenues colossales est évidemment de nature à les rendre circonspects. Savoir aussi que le chômage s'étend sans arrêt, que les classes moyennes parviennent de moins en moins à joindre les deux bouts, que l'inflation gagne en Chine, que la situation au Proche-Orient reste volatile, que le Japon a eu du mal à se remettre du terrible séisme et du tsumani qui ont détruit les centrales nucléaires de Fukushima et que l'Afrique s'enfonce dans la misère n'augure rien de bon pour l'avenir.
Alors, pour préserver leurs fortunes il ne leur reste qu'a se rabattre sur l'or et les objets d'art de qualité dont les prix s'envolent de trimestre en trimestre et cela durera tant que le monde sera économiquement instable à condition toutefois d'éviter un écroulement total des places financières et boursières qui ne manquera pas de provoquer un sauve-qui-peut général pour faire éclater leurs illusions comme des bulles de savon.
Adrian Darmon