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LE DELICAT PROBLEME DES RESTITUTIONS D'OBJETS PILLES EN AFRIQUE SOUS L'ERE COLONIALE
22 Novembre 2018
Catégorie : FOCUS
Cet article se compose de 2 pages.
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Le rapport de deux universitaires français et sénégalais sur la question très sensible des restitutions d'œuvres d'art aux pays d'Afrique sub-saharienne sera remis le 23 novembre à l'Elysée à l'intention du président Emmanuel Macron qui avait annoncé un an auparavant la mise en œuvre dans un délai de cinq ans de restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique.

 

"Le patrimoine africain (…) doit être mis en valeur à Paris, mais aussi à Dakar, Lagos, Cotonou. Ce sera l'une de mes priorités. D'ici cinq ans, je veux que les conditions soient réunies pour un retour du patrimoine africain à l'Afrique", avait-il dit dans son discours à l'université de Ouagadougou. Le chef de l'Etat avait confié à Bénédicte Savoy, historienne de l'art, et Felwine Sarr, économiste, la charge de mener une réflexion, en consultant des spécialistes en Afrique et en France et dont le rapport défend la voie vers des restitutions pérennes.


Alors que la lettre de mission aux universitaires faisait état de "restitutions définitives" et de "restitutions temporaires", Felwine Sarr et à Bénédicte Savoy ont estimé que l'expression "restitutions temporaires" prend le sens de "solution transitoire le temps que soient trouvés des dispositifs juridiques permettant le retour définitif et sans condition d'objets du patrimoine sur le continent africain". Selon eux, "le processus de restitutions doit être progressif" en fonction de l'état de préparation des pays africains.

Selon le magazine Le Point, le rapport établit des "critères de restituabilité". Doivent être rendus les objets saisis dans certains contextes militaires avant 1899 (première convention de La Haye codifiant le droit de la guerre), les objets collectés lors de missions scientifiques (sauf témoignages prouvant le consentement des propriétaires), les objets donnés aux musées français par des agents de l'administration coloniale ou leurs descendants (sauf si le consentement du vendeur peut être attesté), les objets acquis après 1960 dans des conditions de trafic illicite.

Sont donc exclues de cette restitution  les œuvres acquises "à la suite d'une transaction fondée sur un consentement à la fois libre, équitable et documenté" et celles acquises "avec la vigilance nécessaire sur le marché de l'art après l'entrée en vigueur de la convention Unesco 1970".

Pour éviter que certaines collections françaises ne se retrouvent totalement vidées, les auteurs ont proposé la confection de "doubles". Mais sur ce point, Felwine Sarr et à Bénédicte Savoy n'ont pas cherché à rassurer. "Le problème se pose lorsque le musée n'est pas le lieu de l'affirmation de l'identité nationale mais qu'il est conçu, comme le souligne Benoît de L'Estoile, comme un musée des Autres ; qu'il conserve des objets prélevés ailleurs, s'arroge le droit de parler des autres (ou au nom des autres) et prétende énoncer la vérité sur eux.", ont-ils écrit.

Dans les milieux des musées et galeries, ce rapport a été attendu avec inquiétude, beaucoup espérant que le président tempérera les propositions les plus radicales concernant les règles des restitutions. 

Appelé à être publié le 27 novembre en partenariat avec le Seuil, le rapport Savoy-Sarr rapporte les spoliations à travers l'histoire mondiale, évalue la part de la France, dresse un premier inventaire des œuvres spoliées, fait le récit des tentatives des pays africains pour se réapproprier leur patrimoine, analyse les questions juridiques qui se posent, et énonce un certain nombre de recommandations pratiques pour la mise en œuvre des restitutions alors que les collections publiques françaises détiennent pas moins de 88.000 objets  provenant de l'Afrique subsaharienn.sauf que les experts ne s'accordent pas entre eux sur ce qu'on doit entendre comme spoliations lors de la colonisation, craignent des surenchères politiques en soulignant la difficulté de restituer des œuvres quand les royaumes et les pays qui les possédaient ont disparu.

LE SUCCES DES MUSEES EUROPEENS, UN FREIN POUR LES RESTITUTIONS

Le Musée du quai Branly – ou musée des arts et civilisations non occidentales d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques – a connu un véritable succès depuis sa création en 2006 lorsque la France voulut rendre honneur à l'art de ses anciennes colonies pour marquer son rôle de messager universel de la paix en oubliant qu'un jour le souvenir douloureux de la colonisation deviendrait le cheval de bataille de nombre d'associations et de mouvements militants partis pour réclamer la restitution d'objets d'art pillés durant des décennies.

Depuis plus de dix ans, les musées occidentaux ont consacré de nouveaux espaces à leurs collections ethnographiques en traduisant le succès rencontré auprès du public, que ce soit au British Museum ou au Dahlem Museum de Berlin ou à celui du Quai Branly sans trop se soucier du débat qui prenait corps au sujet de la question des restitutions d'objets collectés entre 1870 et la fin de la Première Guerre Mondiale lorsque les Européens qui contrôlaient une bonne partie de la planète avaient saisi nombre d'entre eux au cours de campagnes militaires pour remettre aujourd'hui sur la table le problème de la présence de butins dans ces musées lesquels demeurent vivants dans la mémoire des peuples colonisés.

Bien évidemment, les sociétés qui ont produit ces objets désirent y avoir accès pour redécouvrir leur propre histoire sauf qu'ils n'ont pas de musées suffisamment grands ou sécurisés pour les abriter sans compter que nombre de pays africains sont actuellement confrontés à des actes de terrorisme.

En 1987, l'ONU avait voté une résolution indiquant que le retour des biens culturels de valeur spirituelle et culturelle fondamentale à leurs pays d'origine était d'une importance capitale pour les peuples concernés en vue de constituer des collections représentatives de leur patrimoine culturel. Depuis lors, de multiples initiatives ont vu le jour pour inciter les musées à organiser des rencontres, colloques et expositions pour parvenir à régler un jour ce différend qui mérite un traitement raisonné alors qu'en Afrique, le mouvement œuvrant en faveur de la réparation et de la restitution des biens culturels spoliés s'est développé à la fin des années 1980.

Au cours du sommet de 1992, les chefs d'Etat africains ont créé un groupe d'experts, chargé d'étudier la question, une initiative qui a débouché en avril 1993 sur la proclamation d'Abuja qui se référait « à la "dette morale" et à la "dette compensatoire" dues à l'Afrique par les pays engagés dans la traite négrière, le colonialisme et le néocolonialisme en exigeant le retour des "biens spoliés" et des trésors traditionnels (...). Pleinement convaincue que les dommages subis par les peuples africains n'étaient pas une "affaire du passé" (...).Convaincue que de nombreux pillages, vols et appropriations avaient été perpétrés sur les peuples africains, la proclamation en appela à ceux qui étaient en possession de ces biens spoliés de les restituer à leur propriétaires légitimes. 

Le Monde Diplomatique a rappelé que la question de la restitution des biens culturels africains a en outre été inscrite au plan stratégique de la commission de l'Union africaine pour 2004-2007. Depuis les années 1980, les demandes de restitution ont connu une croissance importante en voyant notamment le Nigeria demander depuis vingt ans la restitution par le Royaume-Uni des centaines de plaques en bronze évoquant l'histoire du royaume d'Edo (Nigeria actuel) saisies durant l'expédition punitive de 1897. L'Ethiopie a pour sa part réclamé à Londres les objets saisis en 1868 durant le siège de Magdala tandis que les descendants de Béhanzin, « dernier » roi d'Abomey (République du Bénin) renversé par les Français en 1892,ont réclamé, par l'intermédiaire d'une question écrite au gouvernement formulée le 18 novembre 2005 par la députée française Christiane Taubira, la restitution du trésor royal, aujourd'hui conservé au Musée du quai Branly.

Par ailleurs, une association internationale a réclamé à l'Autriche le retour de la couronne du roi aztèque Moctezuma (Mexique), emportée par les soldats de Hernán Cortés en 1519 et aujourd'hui conservée au Museum für Völkerkunde de Vienne. L'Egypte a exigé de l'Allemagne le retour du buste de Néfertiti alors que la Chine a demandé le retour des objets pillés durant le sac du Palais d'été opéré conjointement par les troupes anglaises et françaises, durant la seconde guerre de l'opium, en 1860. La Corée du Sud a pour sa part réclamé la restitution des deux cent quatre-vingt-dix-sept volumes de manuscrits saisis en 1866 par les militaires français au sein d'archives royales, déposés à la Bibliothèque nationale de France. Dans les décombres d'un autre empire, le Japon a dû aussi faire face à de nombreuses requêtes émises par les gouvernements de ses anciennes colonies, dont la Corée. Tokyo a ainsi restitué en 2005 à la Corée du Nord, via la Corée du Sud, le « monument à la grande victoire » de Bukgwan emporté par les Japonais lors de la guerre russo-japonaise de 1905 dans la péninsule, a signalé « Le Monde Diplomatique ».

Malgré la complexité juridique accompagnant le transfert d'un objet inaliénable d'un patrimoine à un autre, la restitution est restée possible. Elle s'est déjà produite à plusieurs reprises et certains objets de la polémique ont connu le chemin du « retour ». Le sceau du dey d'Alger saisi par l'armée française, au cours de la prise d'Alger en 1830, a été donné au président Abdelaziz Bouteflika par M. Jacques Chirac le 2 mars 2003. Dès 1954, Tanzanie obtint la restitution du crâne du sultan Mkwaka, qui tint tête à un bataillon de l'armée allemande, et qui fut rapportée comme trophée en 1898, le traité de Versailles de 1918 ayant prévu sa restitution. Une partie du trésor de l'île de Lombok, sur laquelle régnaient les familles princières de Bali, saisi en 1893, a été de son côté restitué à l'Indonésie par les Pays-Bas en 1977.

Néanmoins, la réponse des musées occidentaux à la multiplication des demandes a été sans équivoque comme l'a démontré la « Déclaration sur l'importance et la valeur des musées universels », rédigée en décembre 2002 et signée par dix-neuf directeurs de quelques-uns des principaux musées du monde (notamment le British Museum, le Louvre, le Metropolitan Museum of Art de New York, le Prado de Madrid, le Rijksmuseum d'Amsterdam, l'Hermitage à Saint-Pétersbourg) qui, en rappelant le principe d'universalité d'inspiration humaniste fondant ces institutions, ont mis l'accent que sur « la nature essentiellement destructrice de la restitution des objets », en rajoutant ensuite que « les musées sont les agents du développement culturel, dont la mission est d'encourager la production de la connaissance en entretenant un processus permanent de réinterprétation. Ils ne sont pas seulement au service des citoyens d'une nation, mais au service des peuples de toutes les nations », signifiant donc l'irrecevabilité des demandes de restitution, ce qui n'était pas de l'avis de certaines institutions transnationales puisque dès 1907, la convention de La Haye concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre avait stipulé dans son article 28 qu' il était interdit de livrer au pillage une ville ou localité même prise d'assaut alors que la convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, ratifiée en 1954 toujours à La Haye, à la suite des destructions massives infligées au patrimoine culturel au cours de la seconde guerre mondiale, avait été le premier instrument international à vocation universelle exclusivement axé sur la protection du patrimoine culturel. Plus récemment, le code de déontologie du Conseil international des musées (International Council of Museums, ICOM) a publié une déclaration sans équivoque stipulant que  si une nation ou une communauté d'origine demandait la restitution d'un objet ou spécimen qui s'avérait avoir été exporté ou transféré en violation des principes des conventions internationales et nationales, et qu'il s'avérait faire partie du patrimoine culturel ou naturel de ce pays ou de cette communauté, le musée concerné devait, s'il en avait la possibilité légale, prendre rapidement les mesures nécessaires pour favoriser son retour 

Reste à savoir si la communauté internationale abordera un jour avec la même fermeté les spoliations coloniales que les spoliations des biens culturels juifs , a poursuivi le journal mais pour cela, il faudrait que soit juridiquement admis que la conquête fut une guerre et non une succession d'expéditions punitives visant à la « pacification ». On n'en est pas encore à faire un tel geste qui serait compris comme l'expression d'une véritable volonté de coopération universelle via l'admission d'une responsabilité morale et historique. Le Monde Diplomatique signale toutefois que pour faire sens le retour sur le passé que permet le débat sur la restitution des butins ne doit pas seulement venir des pays occidentaux, mais aussi des relais locaux de la mécanique d'exploitation coloniale, dont les avatars sont bien souvent à la tête de dictatures actuelles. Il serait donc déplacé de formuler des excuses ou de restituer des butins à des dirigeants d'Etats sanguinaires et obscurantistes ! Néanmoins, si ces derniers ne sont pas représentatifs des populations, cela ne remet pas en question la légitimité des demandes. Dès lors, que faire ?, a demandé le journal. Comment sortir de ce double lien, sinon en affirmant l'universalité de ce patrimoine ? Ne faudrait-il pas inscrire les objets de la polémique sur la liste du patrimoine universel, de manière que juridiquement ils n'appartiennent plus à personne ? Cette liste serait gérée par des commissions internationales incluant bien évidemment les représentants des mandants, les conservateurs des musées des anciennes colonies et surtout des acteurs de la scène culturelle des pays concernés, a suggéré le journal.

Bref, ces commission devrait alors envisager certaines restitutions au cas par cas, et surtout organiser des expositions itinérantes permettant de faire circuler les objets, à l'instar de la récente exposition « Béhanzin, roi d'Abomey » coorganisée (du 16 décembre 2006 au 16 mars 2007) par le Musée du quai Branly et la fondation Zinsou  à Cotonou (République du Bénin), simultanément à la commémoration du centenaire de la mort du souverain. Ou encore l'exposition « Benin : kings and rituals. Court arts from Nigeria » (du 9 mai au 3 septembre 2007, Museum für Völkerkunde de Vienne), qui réunit plus de trois cents objets provenant de la cour du roi d'Edo pillée par les Anglais en 1897 et dont on espère qu'elle ira aussi en Afrique.

Pour atteindre l'objectif d'une véritable « restitution », qu'elle soit symbolique et sous forme de connaissance, ces expositions devront être accompagnées de projets pédagogiques. Cette démarche implique que l'utilité des musées du Sud soit reconnue et accompagnée par des financements adéquats, dont une partie pourrait provenir d'une taxe sur les bénéfices réalisés sur le marché des arts non européens, a suggéré le journal. Elle devra accorder une grande importance à la diffusion des informations inhérentes à l'objet : archives, bases de données, publications, etc., qui restent trop souvent inaccessibles alors qu'il est fondamental que les jeunes générations du Nord et du Sud accèdent aux fruits de la recherche et de la conservation réalisés par les musées du Nord. 

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