L'année 2016 a été
plutôt assez riche en trouvailles intéressantes mais également marquée par des
affaires de faux qui de leur côté ont mis le marché plutôt à mal.
Au plan des
découvertes, le musée d'art Nelson-Atkins de Kansas City s'est retrouvé en
possession d'un authentique Jérôme Bosch, un maître dont il n'existe que deux douzaines
d'oeuvres connues, en le sortant de ses réserves où il dormait depuis plus de
80 ans.
En France, c'est
une seconde version de Judith décapitant Holopherne donnée au Caravage qui a
été trouvée en février dans le grenier d'une maison près de Toulouse pour faire
la une des journaux. Réputée avoir été peinte à Naples par l'artiste, cette
version a néanmoins fait débat entre les spécialistes de ce dernier dont
certains ont jugé qu'elle pourrait en fait avoir été réalisée par Louis Finson (1580?-1617), un artiste flamand qui l'imita, alors que celle figurant au Palais Barberini de
Rome ne souffre d'aucune discussion.
En mai, ce sont une
soixantaine de sculptures de la Renaissance pillées à la fin de la Seconde
Guerre Mondiale par les troupes soviétiques au musée Bode de Berlin qui ont
fait leur réapparition au Musée Pouchkine de Moscou mais elles n'ont pu être
encore exposées du fait qu'elles nécessitent d'importantes restaurations.
En juin, un tableau
perdu de Paul Gauguin représentant une nature morte de fleurs a été découverte
par des représentants d'une maison de vente du Connecticut lors d'une visite
chez un antiquaire de Manhattan à la
retraite qui ignorait qui en était l'auteur.
En juillet, une
gravure de Dürer disparue de la Staatsgalerie de Stuttgart en 1945 a été
trouvée sur un marché aux puces de Sarrebourg par un chineur qui l'a restituée
à l'institution.
En septembre, considéré
comme l'oeuvre d'un peintre anonyme du 17e siècle, un tableau titré
"Meleagre et Atalante" qui dormait dans les réserves du musée de
Swansea a été authentifié comme étant de la main du peintre flamand Jacob
Jordaens à l'occasion d'une émission de la BBC intitulée "Faux ou
Fortune". Datant d'entre 1619 et 1622, l'oeuvre a été estimée à près de 4
millions de dollars tandis que les conservateurs du musée du château de Norwich
ont retrouvé sous un tableau de Magritte titrée "La Condition
Humaine", une toile peinte par ce dernier en 1927 intitulée "La Pose
Enchantée" qu'il avait découpée en quatre morceaux pour peindre dessus d'autres oeuvres.
En novembre, les
responsables du Städel Museum de Francfort ont découvert une scène de café
inédite du peintre expressionniste Ernst Ludwig Kirchner peinte vers 1926 sous sa toile intitulée
"Sclittenfahrt im Schnee" qu'il avait réalisée entre 1927 et 1929.
Les affaires de
faux ont par ailleurs beaucoup défrayé la chronique, à commencer par le
scandale concernant le peintre minimaliste sud-coréen Lee Ufan après
l'arrestation d'un faussaire sauf que l'artiste a maintenu que les 13 plagiats
que la police lui avait soumis étaient de sa main alors qu'un autre plagiaire a
cédé de nombreux faux de ce dernier à une galerie de Séoul qui les a revendus
pour plusieurs millions de dollars en provoquant une certaine panique parmi les collectionneurs de
ses oeuvres.
Les quelque 25 faux de
maîtres anciens mis sur le marché pour un total de 225 millions de dollars par
le marchand français Giulano Ruffini ont constitué le scandale de l'année en
impliquant à la fois plusieurs musées et collectionneurs suite à la saisie par
la police française à Aix d'un soi-disant tableau de Lucas Cranach le Vieux
provenant de la collection du prince du Liechtenstein et de la découverte
d'autres oeuvres litigieuses, comme un David avec la tête de Goliath d'Orazio
Gentileschi ou un portrait du cardinal Borgia par Vélasquez.
De là, d'autres
plagiats ont fini par surgir pour mettre à mal La National Gallery de Londres et le
Metropolitan Museum qui en avaient exposé certains ou Christie's qui s'en était
vu proposer à la vente.
L'autre grand
scandale qui a éclaboussé le marché a concerné le Château de Versailles, dupé
dans des achats de faux sièges de grands ébénistes du 18e siècle auprès de
l'expert Bill Pallot et de la galerie Kraemer suite à une dénonciation de la
part d'un spécialiste qui avait découvert que le nombre de ces pièces en existence
dépassait celui possédé par le château sous Louis XVI.
Aux Etats-Unis, le faussaire Lawrence Ulvi qui
avait passé des années à produire des plagiats d'artistes comme Mark Tobey,
Kenneth Callahan ou Morris Graves, a finalement été arrêté après avoir vendu
des faux à des galeries américaines et canadiennes pour quelque 66 000 dollars
depuis 2008, ce qui lui a seulement valu une peine d'emprisonnement d'un an en
raison d'une santé défaillante.
En France, ayant repris ses activités clandestinement, c'est un
marchand du Var âgé de 72 ans, un vieux routier de la brocante interdit
d'exercer pour avoir fait faillite en 2014, qui a été condamné à un an ferme de prison par un tribunal de Toulon pour avoir grugé plusieurs personnes en leur soutirant de la
marchandise ou de l'argent ou en leur vendant des faux.
Accusés d'avoir volé
271 oeuvres de Pablo Picasso juste après son décès en 1973, Pierre Le Guennec, son
ancien électricien, et son épouse ont quant à eux été condamnés à deux ans
d'emprisonnement avec sursis en se voyant forcés de restituer celles-ci aux
héritiers de l'artiste.
Autre problème, le
refus de certains artistes de reconnaître leurs propres créations, comme cela a
été le cas notamment pour la succession de l'artiste Agnes Martin (1912-2004) qui s'est
opposée à l'authentification de 13 de ses oeuvres présentées par la galerie
Mayor de Londres et déjà vendues en forçant celle-ci a rembourser ses
acquéreurs pour un montant de plus de six millions de livres sterling.
On peut gager que pour l'année 2017 d'autres découvertes seront faites mais aussi que d'autres scandales émergeront dans un contexte rendu difficile par une crise économique persistante.