De fausses toiles signées Picasso, Braque ou De
Chirico ont été produites
en quantité depuis ces 75 dernières année mais certaines d'entre elles pourraient être
du célèbre peintre surréaliste belge René Magritte (1898-1967) qui, durant la Seconde
Guerre Mondiale, s'amusa à
vendre des plagiats de ces maîtres pour jouer un tour à ceux qui s'enrichissaient grâce au
marché noir.
Il y a
donc en circulation des faux de Picasso, Braque ou Chirico qui sont d'authentiques Magritte
qu'il est malheureusement impossible de découvrir parmi des centaines d'autres
plagiats et c'est plutôt dommage car ces toiles vaudraient bonbon.
Par
ailleurs, engagé contre le fascisme et le rexisme durant les années 1930 en
Belgique, le fantasque artiste avait été un pacifiste convaincu qui s'était notamment encarté à trois reprises au Parti communiste mais, réfractaire à toute
autorité, celui-ci avait
à chaque fois rendu sa carte.
Ce qu'on
sait encore moins est que Magritte tenta à tout prix de cacher une blessure secrète,
causée par la mort de sa mère, abandonnée par
un mari volage qui la laissa avec trois enfants en bas-âge à élever pour
provoquer son suicide lorsqu'elle alla se noyer alors que son fils n'avait que
14 ans.
Magritte
ne parla jamais de ce drame, pas à même à son épouse Georgette qui ne l'apprit
que par hasard des années après leur mariage tandis qu'il essaya
de le refouler sans toutefois pouvoir s'empêcher de peindre des têtes ou des
corps voilés qui lui rappelèrent apparemment
l'image tragique de sa mère repêchée le visage recouvert par sa chemise de nuit.
Ayant
vécu une jeunesse difficile en compagnie d'une mère dépressive forcée de déménager
fréquemment, Magritte arrêta ses études à 15 ans et mena une vie dissolue en
fréquentant des prostituées avant de se lier
avec des poètes au début des années 1920 puis avec des philosophes avec lesquels il
débattit de la retranscription de la réalité en peinture.
Habillé
comme un petit bourgeois et habitué à peindre dans un coin de sa salle à manger, Magritte
fut toutefois un dadaïste à l'humour corrosif
qui co-écrivit à 50 ans nombre de tracts subversifs contre la société et ses conventions sociales dont la
virulence se retrouve dans plusieurs
de ses toiles présentées durant la rétrospective qui lui est consacrée à partir du 21
septembre au Centre Pompidou, la première du 21e siècle après celle qui eut lieu il y a 37 ans.
Magritte
mit du temps à gagner sa vie en se voyant obligé de travailler comme concepteur
publicitaire, ce qui l'amena au passage à se poser des questions sur la
représentation des objets du quotidien et saisir la puissance de leurs images
alors que la publicité s'empara
plus tard de son oeuvre qui elle aussi frappa les imaginations des artistes du
Pop Art américain, notamment Warhol, Lichtenstein
ou Rauschenberg.
Etonnant
personnage que ce Magritte qui, refusant d'être considéré comme un peintre génial demeura
sans ostentation dans un petit appartement
de Jette; dans la banlieue de Bruxelles avec pour seul souci d'instiller dans ses oeuvres de la poésie
et ses questionnements philosophiques sur
l'existence.