Le bilan du premier semestre 2014 a été
plutôt encourageant pour le marché parisien sauf que Christie's a dévissé de sa
première place au profit de Sotheby's qui a enregistré 116 millions d'euros de
ventes devant le groupe Artcurial avec 105 millions.
Christie's n'a totalisé que 78,9 millions (85 millions avec ses ventes privées) durant un premier semestre
jugé déprimant mais la maison de vente a pu se consoler avec ses ventes
mirifiques de New York ou de ondres.
Comme Artcult l'avait prédit, Drouot a
poursuivi sa chute avec seulement 221 millions d'euros de vente contre 237
millions en 2013, Piasa ayant plus ou moins tiré son épingle du jeu avec 17 millions en
attendant l'ouverture cet automne de son nouvel espace de vente rue du Faubourg
Saint Honoré. Le groupe Aguttes a enregistré pour sa part 16,72 millions
d'euros pour 114 ventes organisées à Drouot, Neuilly-sur-Seine ou à Lyon tandis
que l'étude Pierre Bergé & Associés a cumulé 11,79 millions d'euros de
ventes.
Christie's a donc été plus performante à
l'étranger, notamment à Londres où un amateur a déboursé.
13,97 millions de livres (17,46 millions d'euros) pour Ja-Was?-Bild,, un tableau post-cubiste et post-dadaïste de Kurt
Schwitters réalisé en 1920 et constitué de peintures et de collages de détritus
pour pulvériser le précédent record mondial de l'artiste établi à
1,2 million de livres en juin 2012.
Toutefois, Kurt
Schwitters n'a pas sauvé la vente d'art impressionniste et moderne de Christie's
qui n'a totalisé que 107,23 millions d'euros au lieu des 120 à
176 millions espéréss, avec 67 % des 60 lots vendus, 71 %
en valeur.
Les huit oeuvres de Giacometti
proposées au catalogue n'ont pas rencontré de succès, La Main, une sculpture de 1947
en bronze, n'a pas atteint l'estimation basse de 10 millions de livres
alors que la dernière Main mise en vente avait atteint
26 millions d'euros. Seule uneFemme de Venise (1956), a trouvé
preneur à 9,04 millions de livres (11,30 millions d'euros.
La veille, Sotheby's, avec seulement 46 lots, avait
totalisé 152,55 millions d'euros, dont 91,3 % des lots vendus avec
les Nymphéas de Monet de 1906, vendus
pour 31,7 millions de livres (39,56 millions d'euros), juste
au-dessus d'une estimation revue à la baisse. Il y a quatre ans, ce
tableau avait été ravalé chez Christie's.
Une huile d'Yves Tanguy titrée Fin
de la rampe, de 1934, n'a pas trouvé preneur en s'arrêtant à 950.000 livres pour démontrer au
passage que les estimations pour l'impressionnisme et l'art moderne étaient
devenues plus modestes.
Ainsi, un Monet titré La
Côte de Varengeville, n'a
atteint que 2,88 millions de livres pour prouver ainsi que les collectionneurs
étaient moins motivés et que les acheteurs asiatiques étaient encore peu
intéressés par les oeuvres impressionnistes.
Le marché n'est resté solide qu'à travers les ventes d'art
contemporain même si Picasso reste très prisé, même parmi les collectionneurs
asiatiques, alors que des artistes surréalistes comme Magritte ou Max Ernst ont un peu mieux rallié les suffrages actuellement.
Les artistes phares du marché restent les mêmes, notamment Jeff
Koons, Andy Warhol ou Jean-Michel Basquiat dont une oeuvre a atteint 48,8 millions de
dollars en mai tandis que Christie's a enregistré des scores conséquents pour
ses ventes d'art contemporain à New York pour connaître une progression de 33%
en un an.
On pourrait donc croire que le marché soit à l'abri de la crise
économique qui sévit à travers la planète et ce grâce à des milliardaires
friands de gros achats mais à y regarder de plus près, celui-ci demeure sous la
menace d'un effondrement. Il suffit de quelques mauvaises ventes pour créer un
vent de panique et le placer sous le risque d'un krach comme en 2008.
A l'évidence, le marché de l'art se retrouve dans la position
d'un équilibriste si on songe que les pièces de moyenne qualité se vendent très mal et que le marché aux Puces de Saint-Ouen, le plus grand centre de vente
d'antiquités au monde est devenu sinistré sans compter que de nombreux galeristes,
notamment Yvon Lambert, ont décidé de mettre la clé sous la porte faute de
pouvoir survivre décemment.
Certains acteurs du marché se veulent néanmoins optimistes en
signalant que celui-ci n'est pas dans la situation de 1991 ou de 2008 d'autant
plus que le nombre des milliardaires de la planète n'a pas cessé d'augmenter.
C'est toutefois oublier que ceux-ci ont transformé le marché en club privé au
détriment des véritables collectionneurs en faisant monter les prix exagérément
pour certains artistes dont la cote a explosé en moins d'une décennie.
Il n'y a ainsi aucune explication concernant certaines de ces
hausses exponentielles nonobstant le fait que les ventes d'art en Chine ont reculé de 22% en
une année tandis qu'ailleurs certaines oeuvres d'artistes réputés sûrs sont
restées en rade dans des ventes. Il suffirait donc d'un nouveau recul du marché
chinois pour lézarder le marché surtout que les autorités chinoises se sont
décidées à renforcer leurs contrôles sur les mouvements de capitaux après
avoir soupçonné que des achats d'oeuvres d'art importantes étaient issus d'opérations de blanchiment d'argent.