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LES PILLAGES DES OEUVES D'ART PAR LES NAZIS EN EUROPE, UNE BLESSURE ENCORE OUVERTE
09 Mars 2014
Catégorie : News
A l'occasion de la sortie du film "Monuments Men" de George Clooney, la presse et la télévision ont rouvert le dossier des pillages d'oeuvres d'art commis par les nazis à partir de 1933 jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour évoquer le rôle de nombreuses personnes de l'ombre qui oeuvrèrent pour sauver des centaines de milliers de trésors partis en Allemagne.

Dès l'annexion de l'Autriche en 1938 puis de l'invasion de la Pologne, de la Tchécoslovaquie, des Pays-Bas, de la Belgique, du Luxembourg et de la France, les nazis s'employèrent à piller les trésors artistiques des pays occupés pour leur profit et celui d'Adolf Hitler qui avait réservé les plus belles pièces pour son pharaonique projet de musée du Reich à Linz lequel ne vit cependant jamais le jour.

Placés sous la férule des Allemands, les pays occupés durent s'acquitter de rançons en argent, stocks militaires, produits agricoles ou manufacturés ou en commandes forcées sans pouvoir s'opposer au pillage de dizaines de milliers d'oeuvres d'art dont les listes avaient été préparées à Berlin bien avant l'entrée en guerre de la Wehrmacht.

Les pillages avaient d'abord visé les familles juives dès la fin de l'année 1940 tandis que plusieurs pays avaient pris la précaution de mettre leurs trésors à l'abri avant l'offensive allemande. Ainsi, en août 1939, les autorités françaises avaient déménagé les oeuvres les plus précieuses pour les cacher dans des châteaux à l'ouest ou dans le sud-ouest du pays.

En juillet 1940, soit moins de deux semaines après l'occupation de Paris, les Allemands commencèrent à mettre en oeuvre leur entreprise de pillage systématique des collections juives, notamment celles d'Alphone Kann, Paul Rosenberg, David-Weill, Schloss, Bernheim, Rothschild, Camondo, Wildenstein ou Seligmann qui furent immédiatement visées. Les oeuvres saisies s'entassèrent alors dans les locaux de l'ambassade d'Allemagne dirigée par Otto Abetz mais leur nombre fut tellement conséquent que les Allemands décidèrent de réquisitionner le Musée du Jeu de Paume pour les entreposer.

Dirigé par Alfred Rosenberg, l'Einsatz-stab Reichsleiter Rosenberg für die besetzten Gebiete (ERR), un organisme nazi chargé de rafler les œuvres d'art dans les pays occupés par le Reich, se chargea d'intensifier les saisies avec l'aide de séides français engagés en faveur de l'Allemagne en se servant du ­musée du Jeu de paume  comme dépôt central où furent répertoriées et classés les œuvres spoliées avant leur transfert vers le Reich.

De nombreuses oeuvres furent alors préemptées pour le futur Führermuseum, tandis que le reste du butin fut la proie de dignitaires nazis comme le maréchal Goering ou de marchands allemands à qui revinrent nombre de pièces considérées par les nazis comme "dégénérées", notamment des toiles de peintres expressionnistes, fauves ou cubistes qui firent l'objet de transactions avec des professionnels français ou étrangers peu scrupuleux. De leur côté, les oeuvres jugées mineures furent dispersées dans des ventes publiques au profit des nazis ou de l'Etat français, la législation antisémite de Vichy ayant prévu que les biens juifs placés sous ­séquestre seraient vendus au bénéfice du Secours national, ce qui entraîna une vive compétition entre le commissariat aux questions juives et l'administration allemande concernant le partage des oeuvres d'art saisies en France.

Les spoliations se déroulèrent en masse jusqu'en 1941 et continuèrent à une moindre échelle jusqu'en 1944. En quelques mois, la plupart des collections appartenant à des Juifs furent saisies, mais parfois aussi des biens provenant des collections ­publiques, comme celles d'Alsace ou de musées qui avaient accepté de protéger des collections juives, notamment celle des Rothschild. Possesseur d'une fabuleuse collection, les Rothschild avaient dispersé en 1939 leurs tableaux en province en les cachant dans leurs propriétés ou en envoyant d'autres en Espagne. Ils avaient aussi confié certains chefs d'oeuvre au Louvre sous couvert d'une donation. Lorsque Vichy ­annonça que les biens des Rothschild ­allaient être saisis et mis en vente, les membres de l'ERR se décidèrent à prendre les devants en s'emparant de 4 000 œuvres de leur collection pour les envoyer en février 1941 en Allemagne dans 19 caisses marquées H pour le Führer et 23 autres marquées G pour Göring.

Les saisies opérées en France visèrent plus de 200 collections et près de 30000 tableaux, dessins, gravures, meubles, bijoux, argenterie, objets de valeur qui dans 4170 caisses quittèrent la France pour l'Allemagne dans 29 convois entre 1941 et 1944 .

Certains représentants des musées français firent tout leur possible pour s'opposer aux ordres du gouvernement de Vichy ou de l'ERR, comme Jacques Jaujard, directeur des Musées nationaux, ou Rose Valland, une attachée de conservation, qui au Jeu de Paume s'attacha à dresser en secret un inventaire des collections qui transitèrent dans le musée. Son initiative héroïque permit après la guerre de retracer la provenance de centaines d'oeuvres qui purent ainsi être restituées à leurs légitimes propriétaires.

Le film de Clooney ne rend hommage qu'à une poignée de personnes qui s'évertuèrent à remonter la piste des oeuvres d'art volées par les nazis alors qu'elles furent plus de 350 engagées dans cette opération en dehors de nombreux conservateurs et employés de musées de pays occupés qui au péril de leur vie s'opposèrent aux entreprises des nazis à travers l'Europe. Il ne dit malheureusement pas que les forces alliées n'eurent pas pour souci principal d'oeuvrer en faveur des propriétaires spoliés et reste silencieux sur le fait qu'elles aussi commirent des pillages en retour. 

Ainsi, lors de la défaite du Reich, les Soviétiques ne se privèrent pas de se servir parmi les oeuvres volées par les nazis. Les chambres secrètes des musées russes sont aujourd'hui remplies de milliers d'œuvres récupérées par l'Armée Rouge lors de son offensive vers l'Allemagne menée en 1944. En 1991, les autorités du Kremlin avaient d'ailleurs publiquement admis leur existence sans vouloir en restituer aucune en faisant d'ailleurs voter par la Douma une loi lui accordant le droit entier de les conserver. Ainsi, nombre d'oeuvres volées par les nazis furent à leur tour pillées par les Soviétiques.

On a rarement évoqué les prises de guerre des Américains alors qu'un témoin aujourd'hui décédé avait vu un navire rempli d'objets d'art partir de Saint-Nazaire vers New York au milieu de l'année 1945. On a ainsi quelque peu oublié que des centaines d'oeuvres retrouvées en Allemagne tombèrent dans les mains de soldats américains qui, les considérant comme des prises de guerre, les ramenèrent chez eux. 

Les Américains furent d'autre part victimes d'une incroyable arnaque commise par Ante Topic Mimara, un aventurier croate qui vécut entre les deux guerres en Allemagne où il collectionna des oeuvres d'art. Se faisant passer pour un représentant des autorités yougoslaves, ce dernier alla voir en 1946 les autorités américaines qui avaient rassemblé à Munich des oeuvres d'art pillées par les nazis à travers l'Europe pour soi-disant récupérer plus de 165 pièces et filer avec sans laisser de trace avant de réapparaître 17 ans plus tard en parvenant à vendre au Metropolitan de New York l'extraordinaire croix de Saint Edmonds que le musée possède encore. 

Il y eut aussi des historiens et experts juifs en art qui pour sauver leur peau travaillèrent avec les nazis en se voyant accorder par ces derniers un statut particulier leur évitant la déportation, notamment Max Jakob Friedländer qui était issu d'une famille d'origine juive de banquiers et de négociants en pierres précieuses.

Après des études d'histoire de l'art à Berlin et à Vienne, il débuta comme stagiaire, puis devint directeur du Cabinet Royal des Estampes à Berlin avant de travailler de 1896 à 1933 à la Gemäldegalerie de Berlin dont il était devenu entre-temps directeur en 1924 en cumulant cette charge avec son emploi au cabinet des Estampes.

Sa retraite en 1933 coïncida avec l'arrivée au pouvoir des nazis qui interdirent aux juifs de travailler dans des établissements publics. Il continua cependant à travailler comme expert auprès de marchands allemands et étrangers avant de quitter en 1939 l'Allemagne pour les Pays-Bas. Lors de l'occupation nazie, il fut épargné par les persécutions anti-juives en jouissant de la protection d'Herman Goering qui le sollicita à maintes reprises pour faire entrer des oeuvres spoliées dans sa collection personnelle.

Le site "Face Cachée de l'Etoile Jaune" de Thierry Noël-Guitelman rapprte également que le plus grand hold-up du siècle initié par les nazis avait commencé à prendre forme en juin 1939 lorsque le Dr Hans Posse, directeur de la Gemâldegalerie de Dresde reçut un ordre d'Hitler pour l'inviter à collecter des oeuvres d'art afin d'alimenter son futur Führermuseum de Linz.

Pour mener à bien sa mission, Posse réclama en août 1942 au moins quatre exemptions du port de l'étoile jaune en faveur de marchands juifs à son service, notamment Allan et Emmanuel Loebl, Hugo Engel, un galeriste juif autrichien, et son fils Herbert qui fut le premier à bénéficier de ce privilège.

Posse mourut d'un cancer en décembre 1942 et fut plus ou moins remplacé par le marchand berlinois Charles Habertock qui délivra les exemptions des Loebl, valable jusqu'au 21 octobre 1943. Allan fut notamment étroitement en relation avec l'industriel Achille Boitel, liquidé par la Résistance en 1944, et l'antiquaire Yves Perdoux qui révéla aux nazis les cachettes du marchand d'art Paul Rosenberg dans le Bordelais et obtint en contre-partie trois toiles de Pissarro et une de Renoir.

Thierry Noël-Guitelman a précisé que les opérations de spoliation à grande échelle en France furent lancées dès le 17 septembre 1940 avec l'application par le général Keitel, chef du haut-commandement de la Wehrmacht à Paris de l'ordre du Führer de confisquer via l'ERR les objets précieux des juifs pour les transporter en Allemagne.

Il reste donc des milliers d'oeuvres spoliées- dont près de 2000 conservées dans des musées français dans l'attente de retrouver leurs propriétaires- qui n'ont toujours pas été rendues aux ayant-droits des victimes des exactions des nazis. Autant dire que le pillage des trésors artistique de l'Europe et de centaines de grands collectionneurs juifs reste une blessure qui n'est toujours pas sur le point de se refermer. 

Au moment de la sortie du film "Monuments Men", la ministre de la Culture Aurélie Filipetti a restitué trois tableaux spoliés lors d'une cérémonie organisée le 11 mars 2014 rue de Valois .

Parmi ces trois tableaux, un paysage montagneux  du peintre flamand Joos de Momper (1564-1635) exposé depuis 1953 au musée des beaux-arts de Dijon, a été rendu aux ayants droit du baron Cassel van Doorn, un banquier belge non juif qui possédait des résidences en France. Ses biens avaient été confisqués en décembre 1943 malgré les protestations des représentants du baron en France et emportés dans un convoi ferroviaire. La demande de restitution avait été adressée au Service des musées de France en novembre 2012.

Le deuxième tableau appartenant à Rosa et Jakob Oppenheimer, marchands d'art à Berlin, est un portrait de femme datant du XVIIIsiècle conservé au département des peintures du Louvre, vraisemblablement la copie d'un portrait de l'actrice Angelique Drouin réalisé par le peintre Louis Tocqué  qui avait été vendue aux enchères dans le cadre d'une vente publique de biens juifs. La demande de restitution avait  été adressée au service des musées de France en février 2013.

La troisième œuvre est une Vierge à l'Enfant peinte sur panneau  conservée au département des peintures du Louvre, une copie d'après Lippo Memmi ou un artiste de son cercle qui avait été saisie en juin 1944 à Cannes par les nazis. La demande de restitution de ce tableau, en dépôt au Louvre, avait été faite par Ileana Florescu, arrière-petite-fille du banquier Richard Soepkez. En mars 2013, la ministre avait déjà restitué sept œuvres aux descendants d'un industriel juif de Vienne et d'un banquier juif de Prague. Au total depuis une vingtaine d'années, l'action de l'Etat français n'a permis de restituer que quelque 70 œuvres sur les 2000 conservées dans des musées français


Adrian Darmon

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