Etre
sûr de l'authenticité d'un dessin non signé de Picasso ne signifie
malheureusement pas que les ayants-droit de ce grand maître soient
volontiers susceptibles d'adhérer à cette certitude malgré toutes les études poussées faites
autour de celui-ci.
C'est ce qu'a constaté un particulier, ancien sportif
de renom, qui depuis deux ans a tenté en vain de faire reconnaître l'authenticité d'une caricature
du compositeur russe Igor Stravinsky réalisée sur une invitation d'une
projection de film datée de 1938 le montrant au Marignan sur les Champs-Elysées
en 1935 et ce, après s'être appuyé tout autant sur de nombreuses études
analytiques de ce dessin que sur l'expertise de la mention manuscrite « Au
Marignan en 1935, Stravinsky aux Champs-Elysées » qui y figure.
Caricature de Stravinsky au "Marignan"
Ce dessin avait appartenu au
grand-oncle de son actuel détenteur, un certain Edmont Delcourt, collectionneur
passionné de tableaux et d'objets d'art en tous genres mort en 1999 à plus de
90 ans. Célibataire sans enfants, ce dernier avait passé sa vie dans les salles
de ventes publiques, les galeries d'art, chez les antiquaires et les
brocanteurs tout en visitant sans cesse des expositions. Edmond Delcourt
avait notamment hérité sa manie de collectionner de certains membres de sa famille du Nord de la
France et en particulier Jean Masurel,
Roger Dutilleul et Albert Prouvost, des industriels du textile qui achetèrent
des œuvres des plus grands peintres du XXeme siècle dont Picasso et ce, auprès
de l'artiste lui-même ou de marchands comme Vollard, Kahnweiler ou Rosenberg.
Il n'est donc pas impossible que
ce dessin représentant Stravinsky ait appartenu à l'origine à l'un de ceux-ci,
mais Edmond Delcourt, très secret au sujet de ses acquisitions, ne laissa après sa mort aucun
document pouvant déterminer sa provenance.
Etre
sûr de l'authenticité d'un dessin non signé de Picasso ne signifie
malheureusement pas que les ayants-droit de ce grand maître soient
volontiers susceptibles d'adhérer à cette certitude malgré toutes les études poussées faites
autour de celui-ci.
C'est ce qu'a constaté un particulier, ancien sportif
de renom, qui depuis deux ans a tenté en vain de faire reconnaître l'authenticité d'une caricature
du compositeur russe Igor Stravinsky réalisée sur une invitation d'une
projection de film datée de 1938 le montrant au Marignan sur les Champs-Elysées
en 1935 et ce, après s'être appuyé tout autant sur de nombreuses études
analytiques de ce dessin que sur l'expertise de la mention manuscrite « Au
Marignan en 1935, Stravinsky aux Champs-Elysées » qui y figure.
Caricature de Stravinsky au "Marignan"
Ce dessin avait appartenu au
grand-oncle de son actuel détenteur, un certain Edmont Delcourt, collectionneur
passionné de tableaux et d'objets d'art en tous genres mort en 1999 à plus de
90 ans. Célibataire sans enfants, ce dernier avait passé sa vie dans les salles
de ventes publiques, les galeries d'art, chez les antiquaires et les
brocanteurs tout en visitant sans cesse des expositions. Edmond Delcourt
avait notamment hérité sa manie de collectionner de certains membres de sa famille du Nord de la
France et en particulier Jean Masurel,
Roger Dutilleul et Albert Prouvost, des industriels du textile qui achetèrent
des œuvres des plus grands peintres du XXeme siècle dont Picasso et ce, auprès
de l'artiste lui-même ou de marchands comme Vollard, Kahnweiler ou Rosenberg.
Il n'est donc pas impossible que
ce dessin représentant Stravinsky ait appartenu à l'origine à l'un de ceux-ci,
mais Edmond Delcourt, très secret au sujet de ses acquisitions, ne laissa après sa mort aucun
document pouvant déterminer sa provenance.
Ayant récupéré ce dessin à la
mort de son grand-oncle, son dernier possesseur l'avait oublié dans un
garage durant près de huit ans sans penser une seconde qu'il pouvait être de la
main de Picasso alors qu'il se trouvait dans un cadre accompagné d'un extrait
de presse représentant le dessin de Stravinsky réalisé par Picasso en 1920 pour
la mécène du musicien Mme Errazuriz.
Portrait de Stravinsky par Picasso du 31 décembre 1920
C'est en voulant un jour décadrer ce dessin que son actuel propriétaire découvrit alors qu'il avait été réalisé au
dos d'une invitation datée du 20 avril 1938 pour une projection du film « Les
Disparus de Saint Agile » dont le dialoguiste n'était autre que
Jacques Prévert, ami du peintre. A partir de là, celui-ci commença à imaginer
que le dessin pouvait bien avoir été réalisé par le maître.
Ayant contacté divers
spécialistes du peintre, ceux-ci émirent un avis plutôt favorable au sujet de
ce dessin avant qu'il se décidât à requérir l'opinion de Claude Picasso dont il
n'obtint toutefois aucune réponse. L'idée lui vint ensuite de s'adresser à Maya
Picasso, fille de l'artiste et de Marie-Thérèse Walter ,qui elle non plus ne fut
pas réceptive à son courrier. Toutefois loin de se décourager, il alla au Musée
Picasso mais se heurta à nouveau à un mur.
Depuis quelques semaines, le
possesseur de ce dessin a néanmoins réussi à obtenir l'appui d'un historien
d'art réputé et de l'arrière-petite-fille de Stravinsky pour tenter enfin de
convaincre les ayants-droit de Picasso de son authenticité.
Contactée
au début de l'année 2008 par ce collectionneur néophyte qui au passage a été un
authentique champion dans le domaine sportif, une graphologue patentée s'est
donc attelée à l'expertise de la mention manuscrite figurant sur le dessin en
la comparant à des écrits originaux de Picasso des années 1930 pour déterminer
finalement au bout d'un an de travail que celle-ci était sans conteste de la
main de l'artiste.
Toutes les études comparatives
faites autour de ce dessin ont par ailleurs tendu à démontrer qu'il avait été
probablement réalisé par le maître mais au grand dam de son possesseur, Maya
Picasso,(née en 1935) qui est la seule habilitée à
certifier les œuvres de son père, n'a toujours pas daigné délivrer une opinion
à son sujet.
Mme Dupuis-Labbé, ancienne
conservatrice du Musée Picasso, n'a toutefois pas manqué d'encourager son
possesseur à poursuivre ses efforts pour parvenir à faire reconnaître
l'authenticité de cette caricature alors que plusieurs spécialistes de l'œuvre
de Picasso ont estimé de leur côté que la paternité de cette œuvre souffrant du handicap de n'être pas répertoriée paraissait
certaine tant les similitudes avec d'autres dessins du maître leur ont paru frappantes
mais son authentification est restée pour l'instant lettre.
Bref, la comparaison de cette
caricature de 1938 montrant un Stravinsky plutôt empâté avec un portrait au
visage émacié réalisé quinze ans plus tôt par Picasso pour Mme Errazuriz
mentionnée plus haut a pourtant permis de relever des similitudes stylistiques parlantes au niveau des moustaches, des lèvres, du tracé du profil, du nez,
des yeux, des sourcils et des cheveux quand bien même le dessin de 1920 a paru
plus travaillé alors que celui de 1938 a été fait sans reprise.
Juste avant de produire le dessin
de 1920, Picasso avait fait deux portraits de Stravinsky dont l'un n'avait pas
été au goût de ce dernier qui s'était trouvé un peu trop caricaturé, ce qui
avait donc amené l'artiste à le représenter une autre fois dans un style plus
académique en travaillant vraisemblablement d'après une photographie.
Le dessin montrant Stravinsky en
1935 ressemble effectivement à une caricature de presse dessinée de mémoire en
quelques minutes peut-être à la demande d'un ami écrivain de Picasso pour
servir d'illustration ou simplement pour l'offrir. Cette demande avait
d'ailleurs dû être inopinée puisque l'artiste prit comme support à sa
disposition le dos de cette invitation à une projection de film datée de 1938
sans trop se soucier d'alourdir les traits du musicien et de l'affubler d'une
grande oreille mais il est vraisemblable que ce dessin ne lui était pas
directement destiné surtout que les relations entre les deux hommes n'étaient
plus aussi étroites que dans les années 1917-1920. Entre-temps, Picasso s'était
séparé de sa femme Olga laquelle avait cependant conservé des liens d'amitié
avec Stravinsky.
Pour l'anecdote, on peut évoquer le fait que Stravinsky, Picasso et Coco Chanel auraient notamment dîné le 16
novembre 1938 au « Marignan » où l'artiste aurait ainsi
exécuté ce dessin. Transformé en pizzeria depuis 1969, ce restaurant de
luxe de 332 places fréquenté par une clientèle mondaine et des
personnalités politiques et dont le bar du sous-sol communiquait avec celui du
cinéma du même nom,avait été acquis en
1935 par les 3 frères Mercier et décoré par les célèbres architectes
Ruhlmann et Laurent.
Concernant cette oeuvre montrant
Stravinsky au "Marignan", l'élément intéressant à relever est que par rapport aux années 1920,
les dessins réalisés par Picasso en 1938 comportèrent plus de stries, hachures
et chevrons tels qu'on les retrouve dans celui-ci fait de mémoire lequel est particulièrement typique de s caricatures de presse des années 1930. Il n'en reste pas moins
que le nez représenté dans le dessin de 1920 et celui figurant dans cette caricature sont
demeurés identiques alors que les angles de ces deux profils coïncident étonnamment sans compter des similitudes remarquables au niveau des lèvres
supérieures.
Il est néanmoins patent qu'en
travaillant de mémoire, Picasso se laissa aller à exagérer l'empâtement du
visage de Stravinsky dans ce dessin de 1938, vraisemblablement pour insister sur
son côté caricatural sans pour autant rendre le musicien méconnaissable. Il
n'en reste pas moins que l'empreinte de Picasso paraît bien présente dans cette
caricature, ce qui n'a néanmoins pas eu l'heur de susciter l'intérêt de sa
fille. Dommage pour son possesseur…