Le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris présente jusqu'au 16 septembre 2007 des clichés de l'artiste Alexandre Rodtchenko qui au début des années 1920 abandonna la sculpture et la peinture au profit de la photographie.
Cet artiste constructiviste sut à merveille capter le caractère des personnages qu'il prit en photo entre 1922 et 1930 alors qu'il travaillait au service de la propagande soviétique tout en conservant un style très personnel qui devait finir par déplaire aux maîtres du Kremlin.
Rodtchenko aima prendre en photo des éléments d'architecture, des ponts, des escaliers ou des rails comme pour magnifier la révolution en marche dans son pays, ce qu'il fit par ailleurs en photographiant des événements sportifs et des parades. Plus tard, son esprit artistiques reprit cependant le dessus à travers des photos de scènes de ballets, de cirque ou de théâtre dans lesquelles il exprima une profonde sensibilité.
Rodtchenko (1891-1956) avait d'abord travaillé avec Varvara Stepanova, devenue sa femme, après avoir étudié à l'école d'art de Kazan et rejoint les artistes qui militaient contre l'académisme. En 1915, il fut l'initiateur du mouvement "Non-Objectivisme" et créa en 1920 avec Tatlin et El Lissitzky le Vkhoutemas, une école d'architecture basée sur le modèle du Bauhaus en Allemagne alors que Kamenev avait décrété au Soviet d'avril 1919 que l'Etat annulait l'aide en faveur des écoles cubistes et futuristes parce que les pitres qui en faisaient partie n'étaient pas des artistes prolétaires.
Un des rares avec Tatlin et Malévitch à ne pas quitter l'Union Soviétique lorsque les autorités limitèrent le champ d'action des artistes, Rodtchenko tenta de sauver ce qui pouvait l'être de son aventure de créateur et se dirigea peu à peu vers la photographie pour assurer sa subsistance. Auparavant, il avait à partir de 1913 développé un style décoratif stylisé sous l'influence de l'Art Nouveau avant de s'intéresser au Cubisme puis au Constructivisme en excluant toute sensibilité pour créer des formes géométriques très scientifiques. Il travailla dès lors sous l'influence de Malévitch puis revint au Cubisme qu'il explora avec plus d'audace que précédemment. Avec Tatlin et Jakouloff, il avait notamment réalisé en 1916-17 la décoration du "Café Pittoresque" à Moscou avec des reliefs en bois, métal et papier mâché et conçu des sculptures mobiles.
En 1918, il devint par la force des choses le rival de Malévitch en peignant son "Noir sur noir" pour répliquer au "Carré Blanc sur fond blanc" de ce dernier qu'il jugeait trop suprématiste tout en estimant que chaque figure géométrique recelait l'élément d'une dynamique plus vaste que les couleurs dotées d'une énergie pure telles que Malévitch les voyaient en les traitant d'une manière autonome. De son côté, Rodtchenko tenta à sa façon de mettre en exergue les contrastes entre les formes qui créaient de nouvelles tensions et de nouvelles compositions originales vouées à se développer hors du monde et à exister par elles-mêmes pour engendrer d'autres espaces.
En 1919, il appliqua le "Linéisme" en choisissant la ligne au détriment du plan comme motif principal de la construction et en 1921, il présenta trois tableaux de même format peints de trois couleurs fondamentales qui furent les premiers monochromes de l'histoire de l'art. Il s'était essayé aussi au collage et à restituer des fragments de mots, rejoignant en cela l'art des dadaïstes, mais en communiste convaincu, il adhéra sans état d'âme au principe du productivisme qui cherchait à subordonner la création artistique à la production rationnelle de ce qui pouvait être nécessaire au bonheur du peuple. Peut-être se rendit-il finalement compte que l'application de ce principe risquait de le mener dans une impasse, toujours est-il que dès 1922, il se consacra essentiellement à la photographie et au photomontage avant d'être soumis à partir de 1930 à des pressions qui le contaignirent à renoncer à la créativité dans ses travaux photographiques.
Il recommença à dessiner et à peindre en 1930 mais sans chercher à innover en cherchant des thèmes dans le monde du cirque avant de créer des oeuvres abstraites lumineuses néanmoins non rationnelles ou construites, tournant ainsi le dos à ce qu'il avait mis en avant dix ans plus tôt tout en ne manifestant aucune résignation, persuadé qu'il était de travailler avant tout au service du peuple.
A.D
Le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris présente jusqu'au 16 septembre 2007 des clichés de l'artiste Alexandre Rodtchenko qui au début des années 1920 abandonna la sculpture et la peinture au profit de la photographie.
Cet artiste constructiviste sut à merveille capter le caractère des personnages qu'il prit en photo entre 1922 et 1930 alors qu'il travaillait au service de la propagande soviétique tout en conservant un style très personnel qui devait finir par déplaire aux maîtres du Kremlin.
Rodtchenko aima prendre en photo des éléments d'architecture, des ponts, des escaliers ou des rails comme pour magnifier la révolution en marche dans son pays, ce qu'il fit par ailleurs en photographiant des événements sportifs et des parades. Plus tard, son esprit artistiques reprit cependant le dessus à travers des photos de scènes de ballets, de cirque ou de théâtre dans lesquelles il exprima une profonde sensibilité.
Rodtchenko (1891-1956) avait d'abord travaillé avec Varvara Stepanova, devenue sa femme, après avoir étudié à l'école d'art de Kazan et rejoint les artistes qui militaient contre l'académisme. En 1915, il fut l'initiateur du mouvement "Non-Objectivisme" et créa en 1920 avec Tatlin et El Lissitzky le Vkhoutemas, une école d'architecture basée sur le modèle du Bauhaus en Allemagne alors que Kamenev avait décrété au Soviet d'avril 1919 que l'Etat annulait l'aide en faveur des écoles cubistes et futuristes parce que les pitres qui en faisaient partie n'étaient pas des artistes prolétaires.
Un des rares avec Tatlin et Malévitch à ne pas quitter l'Union Soviétique lorsque les autorités limitèrent le champ d'action des artistes, Rodtchenko tenta de sauver ce qui pouvait l'être de son aventure de créateur et se dirigea peu à peu vers la photographie pour assurer sa subsistance. Auparavant, il avait à partir de 1913 développé un style décoratif stylisé sous l'influence de l'Art Nouveau avant de s'intéresser au Cubisme puis au Constructivisme en excluant toute sensibilité pour créer des formes géométriques très scientifiques. Il travailla dès lors sous l'influence de Malévitch puis revint au Cubisme qu'il explora avec plus d'audace que précédemment. Avec Tatlin et Jakouloff, il avait notamment réalisé en 1916-17 la décoration du "Café Pittoresque" à Moscou avec des reliefs en bois, métal et papier mâché et conçu des sculptures mobiles.
En 1918, il devint par la force des choses le rival de Malévitch en peignant son "Noir sur noir" pour répliquer au "Carré Blanc sur fond blanc" de ce dernier qu'il jugeait trop suprématiste tout en estimant que chaque figure géométrique recelait l'élément d'une dynamique plus vaste que les couleurs dotées d'une énergie pure telles que Malévitch les voyaient en les traitant d'une manière autonome. De son côté, Rodtchenko tenta à sa façon de mettre en exergue les contrastes entre les formes qui créaient de nouvelles tensions et de nouvelles compositions originales vouées à se développer hors du monde et à exister par elles-mêmes pour engendrer d'autres espaces.
En 1919, il appliqua le "Linéisme" en choisissant la ligne au détriment du plan comme motif principal de la construction et en 1921, il présenta trois tableaux de même format peints de trois couleurs fondamentales qui furent les premiers monochromes de l'histoire de l'art. Il s'était essayé aussi au collage et à restituer des fragments de mots, rejoignant en cela l'art des dadaïstes, mais en communiste convaincu, il adhéra sans état d'âme au principe du productivisme qui cherchait à subordonner la création artistique à la production rationnelle de ce qui pouvait être nécessaire au bonheur du peuple. Peut-être se rendit-il finalement compte que l'application de ce principe risquait de le mener dans une impasse, toujours est-il que dès 1922, il se consacra essentiellement à la photographie et au photomontage avant d'être soumis à partir de 1930 à des pressions qui le contaignirent à renoncer à la créativité dans ses travaux photographiques.
Il recommença à dessiner et à peindre en 1930 mais sans chercher à innover en cherchant des thèmes dans le monde du cirque avant de créer des oeuvres abstraites lumineuses néanmoins non rationnelles ou construites, tournant ainsi le dos à ce qu'il avait mis en avant dix ans plus tôt tout en ne manifestant aucune résignation, persuadé qu'il était de travailler avant tout au service du peuple.