Mercredi 22 août, visite au Musée de la Vieille Charité à Marseille où le charme des vieux quartiers est contre-balancé par la laideur de nombreux bâtiments modernes érigés un peu partout en dépit du bon sens. Deux expositions sont offertes au menu dans ce lieu exceptionnel édifié durant la seconde moitié du XVIIe siècle par cet artiste complet et trop méconnu des Français que fut Pierre Puget, né d'ailleurs dans une rue voisine du lieu exceptionnel qu'il conçut.
Puget fut vraiment une sorte de Michel-Ange français puisqu'il exerça comme peintre, sculpteur et architecte, notamment pour la ville de Marseille et pour la Marine Royale.
Dans le temple à la grecque situé au milieu de la cour de cet imposant édifice et dont la coupole ressemble étrangement à celle du Panthéon qui domine la rue Soufflot à Paris, la première exposition est consacrée aux sculptures en pierre d'Indonésie dont le modelé oscille entre celles d'Afrique et d'Océanie.
Certaines, très cubistes, rappellent étrangement certaines œuvres de Picasso. D'autres ont une connotation très érotique avec des phallus en érection qui ont de quoi faire dresser les cheveux sur les têtes de prudes visiteuses ou à susciter des questions gênantes de la part des petites filles. Elles peuvent toujours servir de préambule à un cours d'éducation sexuelle et ce sera déjà ça de gagné.
Pour le reste, quelques œuvres en pierre aux motifs régulièrement scandés mais pour la plupart récentes paraissent trop ressortir de l'art populaire et ont parfois de quoi laisser le spectateur de marbre mais dans l'ensemble, cette exposition a au moins le mérite de nous faire découvrir un domaine méconnu des Européens.
La seconde exposition sert à mettre en valeur l'artiste Claude Viallat, digne représentant du groupe Support-Surface, dans plusieurs salles austères de l'édifice, avec une multitude de peintures et de sculptures des années 1970 à nos jours. Du «veux-tu en Viallat», voilà à quoi se résume cette présentation qui s'enlise dans une répétition plutôt fatigante et fait dire aux gardiens de ces lieux quelque peu réfrigérés qu'ils ne comprennent rien à l'œuvre de l'artiste.
En fait, Viallat se révèle magistral et confine au grandiose lorsqu'on décide de se concentrer sur une seule de ses œuvres, peintes généralement sur des toiles de stores ou de parasols avec des motifs pareils à d'énormes osselets. Mais à chercher à les englober toutes du regard, l'effet tombe complètement à plat.
Cette multiplication de peintures trop stéréotypées dessert Viallat tout comme l'enchevêtrement de sculptures faites de cordes et de morceaux de bois qui perdent ainsi de leur force en étant regroupées dans une seule salle. Perdu dans cette profusion, le visiteur ressort de la Vieille Charité quelque peu chahuté.