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"La différence entre le mot juste et le mot presque juste est la même que celle qui existe entre l'éclair de la foudre et la lumière du ver luisant" (Mark Twain)
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Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
Xème Chapitre
PHILLIPS A TOUT D'UNE GRANDE
01 Juillet 2001 |
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Mercredi 25 juillet, La maison de vente Phillips annonce avoir décroché la timbale en obtenant d'organiser la vente de la collection Smooke de tableaux modernes évaluée à plus de 100 millions de dollars.
Moins de deux ans après son rachat par Bernard Arnault, la vieille institution anglaise ne cesse pas de gagner du terrain sur les géants des ventes aux enchères, Sotheby's et Christie's.
Ce sont surtout les méthodes employées par Phillips qui font la différence et celles-ci sont plutôt simples : moins de commissions prélevées sur les vendeurs, plus de garanties en leur faveur, quitte à racheter les lots qui n'atteindraient pas les prix fixés. Voilà un jeu risqué qui paie pour l'instant car le marché est en manque de pièces exceptionnelles.
A juste titre, la collection Smooke verse dans le sublime avec des tableaux rares signés de Modigliani, Picasso, Feininger, Vlaminck, Derain, Matisse, Schiele, Jawlensky, Kirchner, Nolde, Soutine, Kandinsky. Que des grands noms à faire rêver.
A n'en pas douter, les grands collectionneurs de la planète seront au rendez-vous le 5 novembre à New York pour se disputer des œuvres qui ne sont plus apparues sur le marché depuis longtemps. Parmi eux, peut-être les frères Joe et Ben Weider, les rois du culturisme partis de rien au début des années 1950 au Canada et aujourd'hui à la tête de belles fortunes. Tous deux sont devenus des collectionneurs musclés aux goûts éclectiques quoique Ben soit avant tout un passionné de Napoléon qui a amassé une quantité impressionnante d'objets et de vêtements ayant appartenu à l'empereur.
Pourquoi cette passion pour Napoléon qui fut quand même considéré comme un tyran puisqu'il mit l'Europe à feu et à sang ? Tout simplement parce que ce dernier permit d'adoucir le sort des Juifs à son époque, un fait suffisant aux yeux de Ben Weider pour lui vouer une reconnaissance éternelle. Il semble toutefois oublier que ce que l'empereur accorda d'une main, il le retira de l'autre puisque tout en favorisant l'envol de l'émancipation des Juifs au XIXe siècle, il les soumit cependant à certaines restrictions.
Son frère Joe est quant à lui plus porté sur l'art moderne ainsi que la sculpture à l'image de son amour invétéré pour les athlètes sculpturaux. En propageant le culturisme à travers la planète, c'est lui qui a découvert Arnold Schwarznegger pour propulser ensuite le musculeux Autrichien vers la gloire. A la tête d'un véritable empire, il peut maintenant s'acheter ce qu'il veut en glissant aisément du culturisme vers la culture.
En attendant, la vente Smooke promet d'être fumante avec quelques enchères volcaniques à la clé.
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Mercredi 25 juillet, La maison de vente Phillips annonce avoir décroché la timbale en obtenant d'organiser la vente de la collection Smooke de tableaux modernes évaluée à plus de 100 millions de dollars.
Moins de deux ans après son rachat par Bernard Arnault, la vieille institution anglaise ne cesse pas de gagner du terrain sur les géants des ventes aux enchères, Sotheby's et Christie's.
Ce sont surtout les méthodes employées par Phillips qui font la différence et celles-ci sont plutôt simples : moins de commissions prélevées sur les vendeurs, plus de garanties en leur faveur, quitte à racheter les lots qui n'atteindraient pas les prix fixés. Voilà un jeu risqué qui paie pour l'instant car le marché est en manque de pièces exceptionnelles.
A juste titre, la collection Smooke verse dans le sublime avec des tableaux rares signés de Modigliani, Picasso, Feininger, Vlaminck, Derain, Matisse, Schiele, Jawlensky, Kirchner, Nolde, Soutine, Kandinsky. Que des grands noms à faire rêver.
A n'en pas douter, les grands collectionneurs de la planète seront au rendez-vous le 5 novembre à New York pour se disputer des œuvres qui ne sont plus apparues sur le marché depuis longtemps. Parmi eux, peut-être les frères Joe et Ben Weider, les rois du culturisme partis de rien au début des années 1950 au Canada et aujourd'hui à la tête de belles fortunes. Tous deux sont devenus des collectionneurs musclés aux goûts éclectiques quoique Ben soit avant tout un passionné de Napoléon qui a amassé une quantité impressionnante d'objets et de vêtements ayant appartenu à l'empereur.
Pourquoi cette passion pour Napoléon qui fut quand même considéré comme un tyran puisqu'il mit l'Europe à feu et à sang ? Tout simplement parce que ce dernier permit d'adoucir le sort des Juifs à son époque, un fait suffisant aux yeux de Ben Weider pour lui vouer une reconnaissance éternelle. Il semble toutefois oublier que ce que l'empereur accorda d'une main, il le retira de l'autre puisque tout en favorisant l'envol de l'émancipation des Juifs au XIXe siècle, il les soumit cependant à certaines restrictions.
Son frère Joe est quant à lui plus porté sur l'art moderne ainsi que la sculpture à l'image de son amour invétéré pour les athlètes sculpturaux. En propageant le culturisme à travers la planète, c'est lui qui a découvert Arnold Schwarznegger pour propulser ensuite le musculeux Autrichien vers la gloire. A la tête d'un véritable empire, il peut maintenant s'acheter ce qu'il veut en glissant aisément du culturisme vers la culture.
En attendant, la vente Smooke promet d'être fumante avec quelques enchères volcaniques à la clé.
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