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Le Titien aboie, Le Caravage passe (Georges Pérec)
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Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
IXème Chapitre
UNE EXPOSITION POUR SE FAIRE DES CHEVEUX…
01 Mai 2001 |
Cet article se compose de 2 pages.
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Mercredi 30 mai, second volet de l'exposition «Made by Chinese» à la galerie Enrico Navarra au carré du 16 avenue Matignon, un espace qui devient progressivement annexé par l'antiquaire Bernard Steinitz, ce qui fait dire à un visiteur, Ô méchante langue !, que son rival Perrin n'a plus qu'à aller se rhabiller… En quelques mois, l'insatiable Steinitz a agrandi son territoire en faisant main-basse sur de nouveaux lieux d'exposition remplis de meubles et d'objets rares qui sont comme la vision d'un petit Versailles. L'opposition entre les lieux occupés par Steinitz et les galeries d'art contemporain installées dans ce vaste espace en marbre est particulièrement saisissante et a de quoi inciter les occupants du carré Matignon à ne pas s'endormir sur leurs lauriers quoique l'exposition consacrée chez Navarra à l'artiste chinois Gu Wenda invite à une certaine circonspection.
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Mercredi 30 mai, second volet de l'exposition «Made by Chinese» à la galerie Enrico Navarra au carré du 16 avenue Matignon, un espace qui devient progressivement annexé par l'antiquaire Bernard Steinitz, ce qui fait dire à un visiteur, Ô méchante langue !, que son rival Perrin n'a plus qu'à aller se rhabiller… En quelques mois, l'insatiable Steinitz a agrandi son territoire en faisant main-basse sur de nouveaux lieux d'exposition remplis de meubles et d'objets rares qui sont comme la vision d'un petit Versailles. L'opposition entre les lieux occupés par Steinitz et les galeries d'art contemporain installées dans ce vaste espace en marbre est particulièrement saisissante et a de quoi inciter les occupants du carré Matignon à ne pas s'endormir sur leurs lauriers quoique l'exposition consacrée chez Navarra à l'artiste chinois Gu Wenda invite à une certaine circonspection.
Les œuvres de Gu Wenda, un spécialiste de la calligraphie, sont comme d'énormes toiles d'araignées réalisées en fait avec une sorte de résine et des cheveux humains formant des lettres et accompagnées d'écrans vidéo au sol. Cela paraît spectaculaire à première vue mais difficile à caser dans un appartement classique car chaque installation nécessite un plafond d'au moins quatre mètres de hauteur. Les éventuels acheteurs ont ainsi de quoi se faire des cheveux. Rencontre avec Daniel Delamare, le galeriste qui a fait fortune en vendant à la fin des années 1980 des pastiches de grands maîtres comme Renoir, Monet ou Les œuvres de Gu Wenda, un spécialiste de la calligraphie, sont comme d'énormes toiles d'araignées réalisées en fait avec une sorte de résine et des cheveux humains formant des lettres et accompagnées d'écrans vidéo au sol. Cela paraît spectaculaire à première vue mais difficile à caser dans un appartement classique car chaque installation nécessite un plafond d'au moins quatre mètres de hauteur. Les éventuels acheteurs ont ainsi de quoi se faire des cheveux. Rencontre avec Daniel Delamare, le galeriste qui a fait fortune en vendant à la fin des années 1980 des pastiches de grands maîtres comme Renoir, Monet ou Pissarro accompagnés du label «copie authentique d'après…» et ce, à plus de 100 000 FF l'unité. Son initiative n'avait pas manqué de faire bondir les galeries de l'avenue Matignon qui n'hésitèrent pas à le poursuivre en justice pour plagiat. Après un procès gagné haut la main et la création d'un musée de la copie au Japon, il a réussi revendre son affaire pour une somme qui l'a mis à l'abri du besoin. A ce titre, Delamare est plutôt difficile à copier… Steinitz, surnommé le «prince des antiquaires», jette un œil amusé sur les œuvres de Gu Wenda avant de s'en aller en compagnie de son fils qui, en digne héritier de la dynastie, trône à ses côtés sur d'énormes affiches créées à sa gloire placardées un peu partout alentour. Coupe de champagne à la main, un visiteur à l'air snob lâche à voix haute que « BBS » en fait un peu trop et l'envie me tenaille de lui répondre que ce dernier peut aisément se prendre pour un mégalo et plus certainement que son voisin, Hervé Odermatt, le marchand de tableaux modernes, dont la splendeur se conjugue plutôt au passé.
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