Le journal d'un fou d'art

Il en vient à évoquer le flop de Christie's, qui n'a pas réussi, oh le gadin !, à vendre le portrait d'Olga peint par Picasso en 1923, estimé entre 30 et 40 millions de dollars et ravalé à 24 millions faute d'enchérisseur mais il m'assure que le tableau a en fait été racheté par la société de François Pinault pour faire bonne mesure vis-à-vis du vendeur.

Après tout, son affirmation n'est pas impossible du fait que la plupart des grandes maisons de ventes offrent de plus en plus de garanties de succès à des collectionneurs pour les inciter à leur faire confiance.

Cette attitude de favoritisme à l'égard des possesseurs d'œuvres majeures est en quelque sorte de l'anti-jeu puisque les propriétaires de pièces moins importantes sont pénalisés en étant soumis à des frais en cas de non-vente. Deux poids, deux mesures, les maisons anglo-saxonnes ignorent dans ce cas ce que fair-play veut dire.

Il règne ce week-end sur Paris une grosse chaleur qui a poussé des milliers de gens à chercher la fraîcheur du côté de la Manche où le thermomètre est monté plus haut que sur la Côte d'Azur.

Résultat : il n'y a pas grand monde aux Puces où de nombreux marchands somnolent à l'ombre au fond de leurs boutiques.

Le courtier me raconte alors que de nombreux collectionneurs argentés n'arrêtent pas de l'appeler pour lui demander des grosses pièces mais qu'il n'arrive pas à trouver des choses valables à leur proposer.

«Mes clients sont très acheteurs et le drame est qu'il n'y a absolument pas de bonne came pour les satisfaire», me dit-il d'une voix d'affamé avant de me supplier de lui trouver des sources d'approvisionnement.

Je lui réponds que je ne connais hélas aucune adresse digne de l'intéresser pour l'instant tout en lui signalant que logiquement, les grosses pièces passent pratiquement toutes par le même circuit, c'est à dire celui des grands marchands, et qu'à mon sens, il ne faut pas trop rêver.