Lundi 26 février, «Dodo» dit «La Marmotte» vient me rendre visite à mon bureau pour me montrer quelques merveilles qu'il a chinées durant ces derniers mois, à croire qu'il a enfin pu conjurer ce mauvais sort qui lui a collé aux semelles avec tant de «bananes» achetées depuis de si nombreuses années. Il semble excité comme s'il avait découvert un fabuleux trésor en ouvrant un gros sac d'où il ressort un tableau représentant des fleurs dans un vase en cuivre. - Alors ? Il te plait ?
Je laisse courir mes yeux sur ce tableau puis le regarde sans bien comprendre et, pour ne pas le vexer, me contente alors de lui dire que sa toile paraît intéressante.
- Intéressante? Seulement ? Tu ne devines donc pas ?
- Eh bien, j'avoue à première vue que non …
- Sais-tu que Van Gogh a peint pratiquement le même tableau durant sa période parisienne ?
- Parce que tu crois qu'il pourrait s'agir d'un Van Gogh ?
- Je ne crois pas, j'en suis persuadé !
Je me retiens de piquer une crise de rire tout en lui conseillant de faire des recherches plus approfondies afin de défendre un jour son dossier devant le redoutable Comité Van Gogh tout en me demandant sérieusement si le pauvre n'est pas tombé sur la tête.
Ne voulant pas épiloguer, je lui demande d'emblée s'il n'a pas autre chose à me montrer de plus palpitant que ce «Van Gogh» un peu triste au niveau des couleurs en évitant de dire à haute voix qu'à mon avis il s'agit en fait d'un Van Gogo…
Comme le magicien qui désire impressionner ses admirateurs, il plonge lentement la main dans son sac et en ressort une pièce encadrée dont il ne me montre d'abord que le dos.
- Là ! Ca vaut beaucoup de sous !
«La Marmotte» retourne enfin l'œuvre mystérieuse sous mes yeux et me fait découvrir une scène érotique signée «Picasso».
Sur le coup, seule la signature a des airs d'authenticité alors que le dessin semble mal assuré avec des traits réalisés comme à l'aide d'un calque. A mes yeux, il s'agit ni plus ni moins que d'un faux grossier.
- Ca me semble un peu mou pour un Picasso…
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