Jeudi 20 février, j'apprends que la salle de vente de Fribourg a retiré d'une de ses vacations une fleur peinte par Adolf Hitler en 1913 après avoir subi les foudres de sa clientèle. Comme je l'ai indiqué au début de ce journal, il eut en fait mieux valu que l'homme qui provoqua le plus grand désastre de l'histoire de l'humanité devinsse un peintre apprécié de la critique. Malheureusement, le destin en voulut autrement.
Ainsi donc, le poids d'une immense tragédie reposerait vraisemblablement sur les épaules d'un marchand ou d'un critique n'ayant pas voulu reconnaître les talents artistiques de Hitler. Si seulement un galeriste avait pu lui donner sa chance, la face du monde aurait été certainement changée, comme quoi il ne faut pas toujours prendre les artistes à la légère. Et pourtant, on se doit de convenir que ce peintre peu apprécié n'était pas aussi mauvais qu'on laissa le croire.
Hitler aurait ainsi peut-être pu se faire un nom comme artiste, se sublimer, exposer probablement avec les Expressionnistes allemands, qu'il traita plus tard de "dégénrés", et vivre décemment de sa peinture. Mais, ironie du sort, la Première Guerre Mondiale passa par là avec son cortège de drames et de souffrances qui laissa Allemagne exsangue et soumise à une situation qui mena à la naissance du nazisme et à l'envol du sinistre Adolf vers les cimes de la cruauté et de la désolation.
Il est impossible de refaire l'histoire mais il reste tout de même incroyable qu'un peintre raté devenu aigri avant de se transformer en petit caporal ivre de revanche ait pu se muer dans la peau d'un ignoble dictateur attiré seulement par les thèmes du racisme, de la destruction et de la mort. Pour le plus grand malheur du monde, un peintre jugé nase se transforma comme le pire des nazis…