J'ai donc poursuivi ma visite de la ville en allant admirer l'hôtel Gellert et sa splendide piscine qui est probablement la plus belle du monde avant de déambuler autour du château et de la vieille ville de Buda qui regorge de restaurants folkloriques et de ruelles aux pavés d'un autre temps. Le château et ses remparts ont de quoi impressionner à première vue mais les proportions des bâtisses semblent lourdes et laissent deviner l'empreinte laissée par la domination autrichienne au cours du XIXe siècle.
La plupart des constructions datent en fait de cette époque et font trop d'ombre à celles qui sont plus anciennes. D'ailleurs, l'ensemble de Budapest dégage un peu partout cette impression de grande ville impériale au cachet bourgeois qui a fini par effacer les splendeurs des siècles précédents avant d'être elle-même défigurée par des buildings construits durant les ères communiste et capitaliste. Globalement, cela confine au kitsch bardé de mochetés et c'est quelque peu dommage car ici l'histoire de la Hongrie ne semble avoir été écrite qu'entre 1830 et 1910 puis entre 1945 et aujourd'hui.
ll faut donc avoir vraiment l'œil du connaisseur pour découvrir ça et là quelques monuments du XVIIIe siècle, perdus dans cette agglomération qui ne manque cependant pas de charme du côté de ses parcs et de la place des Héros ou dans d'autres endroits pittoresques alors que la banlieue a un air de cousinage avec des villes de l'ancienne Russie soviétique. Près de la place des Héros avec ses grandiloquentes statues, il y a le musée national, mais j'ai eu droit à une belle déconvenue car il était temporairement fermé. Au lieu d'aller admirer des chefs d'œuvre, j'ai donc été me promener devant la patinoire en plein air bondée de Sonja Hejne et d'Alain Calmat en herbe ou au château d'à côté entouré de petits lacs artificiels et d'un étang où s'ébattent des canards dans l'eau chaude provenant du bain public voisin envahi par des baigneurs qui ne craignent pas le froid de l'hiver. Le spectacle procuré par ces gens en maillots de bain au milieu de cette énorme piscine à ciel ouvert est surréaliste à souhait et vaut le voyage à coup sûr.
En fait, les belles pièces se trouvent dans des demeures cossues habitées par les nouveaux riches de Budapest qui ne manquent pas de se montrer gourmands lorsqu'il s'agit de les négocier. Les belles affaires ont été réalisées en fait il y a une dizaine d'années lorsque le communisme a rendu l'âme en Hongrie mais depuis que ce pays est devenu la Suisse de l'Europe de l'Est, les prix des antiquités de qualité sont devenus comparables à ceux pratiqués en France.
Je constate par ailleurs que la vie est chère en Hongrie où les investissements étrangers vont bon train mais je demande comment font les Hongrois pour vivre avec un salaire moyen de 2500 FF par mois alors que tout, hormis les restaurants et les transports en commun, me paraît cher dans cette ville envahie aujourd'hui de centres commerciaux gigantesques construits avec l'argent de riches hongrois fortunés qui se font construire de véritables petits palais dans les collines de Buda.