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Le comble pour un broc, c'est de voir son affaire partir en carafe...
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Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
IVème Chapitre
L'AFRIQUE AFFAIRE DE FRIC…
01 Décembre 2000 |
Cet article se compose de 3 pages.
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Un expert, nommé par le tribunal pour débrouiller les fils de cette affaire embrouillée, a déclaré que ce tableau n'est que la copie du premier et qu'il s'agit en fait d'un faux. Tout cela pour dire que Madame Gen Paul n'est pas la seule veuve d'artiste à commettre des bourdes et que les compagnes, et également les enfants, de nombreux peintres se permettent de délivrer des opinions souvent contestables. La liste est longue entre les veuves d'artistes comme Foujita, Oguiss, Derain, van Dongen, Marquet, Dufy et tutti quanti sans parler des assistantes, des amis ou des responsables d'associations devenus les détenteurs du droit moral sur l'œuvre d'un peintre disparu qui se sont permis de délivrer de temps à autre des avis surprenants Récemment, on a reproché au fils de Fautrier et à celui de Latapie d'avoir authentifié des œuvres douteuses. Bizarrement, alors que je dirigeais le magazine «Art et Valeurs», j'avais signalé en 1991 dans un article intitulé «Fautrier, faut trier» que des oeuvres fausses signées Fautrier circulaient sur le marché. L'expert pour cet artiste m'avait alors mis au défi de prouver mes dires. J'avais fait de même au sujet de Camille Claudel, en signalant que des bronzes contestables se vendaient à Paris et l'experte pour Claudel m'avait écrit que je ne faisais que répandre des rumeurs mensongères. Mais là encore, je ne m'étais pas trompé. Contrairement à ce que l'on pense, les héritiers des artistes ne disposent que d'un droit moral sur leurs œuvres qui leur permet seulement de faire saisir celles qu'ils considèrent comme fausses. Il revient en réalité à un tribunal de juger s'ils ont raison en nommant des experts, qui ont seuls la capacité de se prononcer sur leur authenticité.
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Mercredi 27 décembre, visite au musée Dapper pour découvrir une fabuleuse collection d'art africain, un domaine qui a le vent en poupe dans les ventes. Plus d'une heure de queue pour avoir le droit de visiter ce merveilleux endroit mais l'attente est finalement récompensée par un merveilleux éblouissement.Ce musée, situé rue Paul-Valéry, près de la place Charles de Gaulle, recèle de superbes trésors qu'il faut absolument voir pour s'imprégner des mystères d'un art plus que millénaire, qui nous démontre que le Cubisme et l'abstraction n'avaient pas de secrets pour de nombreuses tribus d'Afrique. C'est un régal pour les yeux et aussi une révélation quant à constater que les artistes modernes du monde occidental ont bien puisé leur inspiration dans l'art africain. La source des «Demoiselles d'Avignon» de Picasso s'offre ainsi à notre regard sous la forme d'une statue qui semble avoir été outrageusement copiée par l'artiste espagnol qui eut néanmoins le génie d'adapter l'art primitif à ses fabuleuses créations. Certaines statues du XIVe ou du XVe siècle témoignent d'ailleurs de l'avant-gardisme de ces artistes anonymes qui travaillèrent en Afrique de l'Ouest ou Centrale bien avant l'arrivée des explorateurs portugais. On reste confondu devant tant de maestria dans l'élaboration d'une harmonie parfaite et d'une stylisation épurée qui émerveilla Picasso, Matisse, Braque, Vlaminck et tant de maîtres européens. Ce n'est donc pas par hasard que les prix pour l'art africain flambent dans les ventes, d'autant plus que les bonnes pièces, ramenées en Europe entre 1880 et 1940, deviennent rares sur le marché.
Je lis dans le quotidien «Le Figaro» de ce vendredi 29 décembre que la veuve du peintre Gen Paul a commis quelques bourdes regrettables concernant l'authentification d'œuvres de feu son mari. En 1989, un amateur avait acheté à Drouot chez Ader-Picard-Tajan, pour 182 000 FF une peinture de Gen Paul puis l'avait confiée à la vente à l'étude Calmels-Chambre-Cohen mais cette œuvre avait été retirée de la vacation à la demande de la veuve de l'artiste. Le propriétaire du tableau demanda alors l'annulation de la vente faite par Ader-Picard-Tajan. Devant le tribunal on évoqua ainsi la destinée de deux œuvres identiques de Gen Paul, la première ayant été considérée d'abord comme fausse puis comme authentique par la veuve de Gen Paul et la seconde ayant été jugée authentique puis fausse par cette dernière. La première, représentant une vue de Gonesse, accompagnée d'un certificat d'authenticité délivré par l'artiste, avait été prêtée à une galerie par la marraine du fils de Gen Paul, puis elle apparut dans une vente publique en Suisse mais fut retirée de la vente à la demande de la veuve du peintre qui par la suite changea d'avis au sujet de son authenticité. La seconde, intitulée «Vieille rue à Gonesse», avait été achetée par la même galerie qui avait acquis la première œuvre et était accompagnée d'un certificat d'authenticité rédigé par la veuve et le fils du peintre. Elle passa ensuite en vente à Calais en 1988 puis chez Ader-Picard-Tajan l'année suivante mais Madame Gen Paul changea alors d'avis.
Un expert, nommé par le tribunal pour débrouiller les fils de cette affaire embrouillée, a déclaré que ce tableau n'est que la copie du premier et qu'il s'agit en fait d'un faux. Tout cela pour dire que Madame Gen Paul n'est pas la seule veuve d'artiste à commettre des bourdes et que les compagnes, et également les enfants, de nombreux peintres se permettent de délivrer des opinions souvent contestables. La liste est longue entre les veuves d'artistes comme Foujita, Oguiss, Derain, van Dongen, Marquet, Dufy et tutti quanti sans parler des assistantes, des amis ou des responsables d'associations devenus les détenteurs du droit moral sur l'œuvre d'un peintre disparu qui se sont permis de délivrer de temps à autre des avis surprenants Récemment, on a reproché au fils de Fautrier et à celui de Latapie d'avoir authentifié des œuvres douteuses. Bizarrement, alors que je dirigeais le magazine «Art et Valeurs», j'avais signalé en 1991 dans un article intitulé «Fautrier, faut trier» que des oeuvres fausses signées Fautrier circulaient sur le marché. L'expert pour cet artiste m'avait alors mis au défi de prouver mes dires. J'avais fait de même au sujet de Camille Claudel, en signalant que des bronzes contestables se vendaient à Paris et l'experte pour Claudel m'avait écrit que je ne faisais que répandre des rumeurs mensongères. Mais là encore, je ne m'étais pas trompé. Contrairement à ce que l'on pense, les héritiers des artistes ne disposent que d'un droit moral sur leurs œuvres qui leur permet seulement de faire saisir celles qu'ils considèrent comme fausses. Il revient en réalité à un tribunal de juger s'ils ont raison en nommant des experts, qui ont seuls la capacité de se prononcer sur leur authenticité.
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