Chargés de la succession du sculpteur Alberto Giacometti, l'avocat et ex-ministre des Affaires étrangères Roland Dumas et le commissaire-priseur Jacques Tajan avaient mis en vente des oeuvres de ce dernier dans des conditions dénoncées par la Fondation Giacometti dont la plainte en justice s'était traduite par une condamnation plutôt lourde des intéressés.
En appel, Roland Dumas avait été condamné à 12 mois de prison avec sursis et 150 000 euros d'amende et Jacques Tajan à 15 mois avec sursis et 200 000 euros d'amende. En outre, ils avaient été sommés de payer solidairement des dommages et intérêts s'élevant à 850 000 euros à la Fondation Giacometti. S'étant pourvus en cassation, ceux-ci ont vu les décisions de la cour d'appel être confirmées le 10 mai 2007. Autant dire que l'addition leur aura semblée plutôt salée.
Samedi 12 mai 2007, rien de palpitant au marché de Vanves, à part une huile sur toile de Maximilien Luce posée négligemment parterre, qui a été lâchée pour moins de cent euros après qu'un marchand l'ait eue en main sans se décider à l'acheter parce que le brocanteur qui la vendait lui a fait tout un cinéma pour la lui fourguer histoire de faire sa première vente de la matinée.
« Il m'a carrément sauté dessus pour me faire l'article et ça m'a agacé. Je me suis alors dit qu'il était plus sage d'aller prendre un café pour revenir ensuite discuter en espérant qu'il se montrerait moins excité. Ce que j'ai fait mais dix minutes plus tard, la toile n'était plus là. Voilà comment on loupe un coup de plus de 6000 euros », a –t-il lâché sur un ton dépité.
"Un Luce loupé pour moins de cent euros, l'eusses-tu cru ?", lui ai-je demandé d'une voix goguenarde ce à quoi il m'a répondu qu'il n'était vraiment pas en veine puisque dans la semaine il avait laissé filer une toile de Félix Ziem adjugée en un quart de tour pour 800 euros lors d'une vente courante à Drouot.
Lundi 14 mai 2007, trois hommes soupçonnés d'avoir agressé dans la nuit du 8 au 9 mars un galeriste parisien âgé de 94 ans pour lui dérober deux toiles d'une valeur de 900 000 euros, ont été arrêtés par la police. Ces idiots n'avaient pas compris qu'il leur serait impossible de négocier les toiles volées puisque celles-ci étaient dûment répertoriées et donc invendables, tout comme les deux œuvres de Picasso dérobées également en mars au domicile de la fille de Maya Picasso, laquelle aurait reçu depuis une demande de rançon que les voleurs auront du mal à concrétiser sans risquer de se faire prendre.
Il est plus facile de voler de l'or pour le faire ensuite fondre et le vendre à la casse que de s'emparer de tableaux de maîtres qui ne peuvent aucunement être bidouillés mais il existe apparemment des voleurs pourvus de cerveaux miniatures pour se fourrer dans des situations inextricables. Autant dérober une toile d'araignée pour essayer de se transformer en Spiderman qu'une toile de Picasso pour se retrouver derrière les barreaux.
Mardi 15 et mercredi 16 mai 2007, pluie de records pour l'art contemporain à New York chez Sotheby's et Christie's dont les ventes ont totalisé plus de 539 millions de dollars. 52,68 millions de dollars pour un tableau de Bacon représentant un pape tordu sur un fond rouge sang, 71,72 millions de dollars pour "Green car crash" de Warhol et 72,84 millions de dollars pour une oeuvre de Rothko titrée "White Center", du pur délire, à croire que la planète regorge de millionnaires en dollars assoiffés d'art. Ca spécule grave en ce moment et on se demande quand cette frénésie va se calmer.
Dans la soirée de ce mercredi, Charles Debbasch, l'ancien président de l'Université d'Aix-Marseille et directeur de la Fondation Victor Vasarely qu'il avait dirigée de 1981 à 1993, a été interpellé à l'aéroport de Bruxelles en vertu d'un mandat d'arrêt délivré par la France suite à sa condamnation à deux ans de prison- dont un ferme- par la cour d'appel d'Aix pour détournement d'œuvres et de fonds au préjudice de cette fondation.
Ce dernier s'était réfugié au Togo où il était devenu conseiller juridique du président Faure Gnassingbé qui avait succédé au début de 2005 à son père, le général Eyadéma. Remis en liberté avec obligation de rester en Belgique, Debbasch, 69 ans, s'est dit victime d'une machination orchestrée par la famille Vasarely qui selon lui serait seule responsable des faits qui lui ont été reprochés. En attendant, il s'est retrouvé comme un Togolais sur le feu en osant s'aventurer à Bruxelles. En restant sagement planqué au Togo, il avait au moins l'assurance de s'éviter un quelconque mélo à Lomé…