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La SNCF, c'est s'offrir parfois un film d'horaires (AD)
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Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
XVème Chapitre
Débandade
01 Mai 2002 |
Cet article se compose de 2 pages.
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Mercredi 15 mai, le parti populiste des Pays-Bas, dont le leader Pim Fortyun a été récemment assassiné, devient la deuxième force du pays à la suite des élections législatives, à croire que les Néerlandais font contre mauvaise Fortuyn bon cœur pour se dédouaner de ce dramatique pim pam poum qui les a bouleversés… Les antiquaires, eux, n'ont plus le cœur à supporter leur mauvaise fortune. Voilà des semaines que de nombreuses boutiques du Louvre des Antiquaires, de la Rive Droite, de la Rive Gauche et d'ailleurs n'enregistrent plus un seul euro de recette. Face à ce marasme, les marchands sont devenus salement nerveux alors que la bonne marchandise manque cruellement. Le concert des lamentations d'amplifie sans cesse et au rythme où vont les choses, il y a fort à craindre que de nombreuses faillites seront enregistrées d'ici la fin de l'année. Vendredi 17 mai, la cabale menée par des chineurs aigris contre Chester Fielx a fini par atteindre des proportions démesurées. Ces mauvais coucheurs qui ne cherchent qu'à acheter des tableaux à coup sûr pour les revendre ensuite dix fois plus cher veulent maintenant faire croire que ce dernier a monté un réseau avec des amis pour fourguer des « pompes » à tout va. A force de raconter n'importe quoi, ces petits plaisantins vont s'exposer à de sérieux retours de bâton. Déjà, des brocanteurs, écœurés d'être à leur tour la cible de la campagne de dénigrement menée insidieusement contre Chester, ont décidé de les boycotter. Le petit monde des chineurs vient brutalement d'éclater en morceaux par la faute de querelles stupides suscitées par ceux qui ne respectent pas les règles du jeu, à savoir que chacun se doit d'accepter de prendre des risques en achetant ce qui peut ressembler à un chef d'œuvre et qui ne l'est pas tant qu'il n'est authentifié comme tel. Samedi 18 mai, petite promenade matinale à Vanves, un marché qui tourne au ralenti depuis quelques semaines. Il y a là un curieux personnage aux cheveux gris courts qui circule sans arrêt à l'affût d'un trésor en trimbalant une serviette sous son bras. Chaque fois qu'il repère un truc intéressant, il s'approche comme un tigre prêt à bondir sur sa proie tout en prenant garde de ne pas attirer l'attention d'un autre chineur. Il semble avoir l'œil pour mettre la main sur des pièces apparemment intéressantes mais j'ignore quel a bien pu être son pourcentage de réussite auprès des experts qu'il a ensuite consultés. Je le vois s'éloigner avec un tableau ancien sous le bras, à première vue une croûte sans importance. S'agit-il simplement d'un rêveur ?
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Mercredi 15 mai, le parti populiste des Pays-Bas, dont le leader Pim Fortyun a été récemment assassiné, devient la deuxième force du pays à la suite des élections législatives, à croire que les Néerlandais font contre mauvaise Fortuyn bon cœur pour se dédouaner de ce dramatique pim pam poum qui les a bouleversés… Les antiquaires, eux, n'ont plus le cœur à supporter leur mauvaise fortune. Voilà des semaines que de nombreuses boutiques du Louvre des Antiquaires, de la Rive Droite, de la Rive Gauche et d'ailleurs n'enregistrent plus un seul euro de recette. Face à ce marasme, les marchands sont devenus salement nerveux alors que la bonne marchandise manque cruellement. Le concert des lamentations d'amplifie sans cesse et au rythme où vont les choses, il y a fort à craindre que de nombreuses faillites seront enregistrées d'ici la fin de l'année. Vendredi 17 mai, la cabale menée par des chineurs aigris contre Chester Fielx a fini par atteindre des proportions démesurées. Ces mauvais coucheurs qui ne cherchent qu'à acheter des tableaux à coup sûr pour les revendre ensuite dix fois plus cher veulent maintenant faire croire que ce dernier a monté un réseau avec des amis pour fourguer des « pompes » à tout va. A force de raconter n'importe quoi, ces petits plaisantins vont s'exposer à de sérieux retours de bâton. Déjà, des brocanteurs, écœurés d'être à leur tour la cible de la campagne de dénigrement menée insidieusement contre Chester, ont décidé de les boycotter. Le petit monde des chineurs vient brutalement d'éclater en morceaux par la faute de querelles stupides suscitées par ceux qui ne respectent pas les règles du jeu, à savoir que chacun se doit d'accepter de prendre des risques en achetant ce qui peut ressembler à un chef d'œuvre et qui ne l'est pas tant qu'il n'est authentifié comme tel. Samedi 18 mai, petite promenade matinale à Vanves, un marché qui tourne au ralenti depuis quelques semaines. Il y a là un curieux personnage aux cheveux gris courts qui circule sans arrêt à l'affût d'un trésor en trimbalant une serviette sous son bras. Chaque fois qu'il repère un truc intéressant, il s'approche comme un tigre prêt à bondir sur sa proie tout en prenant garde de ne pas attirer l'attention d'un autre chineur. Il semble avoir l'œil pour mettre la main sur des pièces apparemment intéressantes mais j'ignore quel a bien pu être son pourcentage de réussite auprès des experts qu'il a ensuite consultés. Je le vois s'éloigner avec un tableau ancien sous le bras, à première vue une croûte sans importance. S'agit-il simplement d'un rêveur ?
Vers quatorze heures à Saint-Ouen, un chineur me présente un de ses amis, qui selon lui n'a pas son pareil pour renifler un chef d'œuvre d'emblée. Ce type ne paie pas de mine dans sa tenue à l'indienne qui lui donne l'air d'un jeune gourou. Les cheveux longs noués derrière la nuque, il nous déclare avoir arraché pour moins de 5 000 euros à Drouot une belle huile d'un célèbre peintre suisse au nez et à la barbe d'autres amateurs qui n'avaient pas décelé le monogramme de l'artiste, il est vrai peu visible sur la toile. Ce crack de l'expertise a travaillé pour les plus grands spécialistes, tant dans le domaine de la peinture ancienne que dans celui de l'Impressionnisme et des peintres modernes. Son grand atout est d'avoir noué des relations très étroites avec de nombreux experts, ce qui lui permet de lever plus facilement leurs doutes lorsqu'il leur présente des pièces à authentifier. Voilà un homme dont le nom se doit de figurer en priorité dans le carnet d'adresses de tout chineur avisé. Découvrir une belle peinture est une chose, la faire authentifier est une autre affaire et dans ce cas, l'aide d'un personnage si influent s'avère plus que précieuse même si celle-ci n'est pas gratuite. Son tarif n'est cependant pas mince mais n'importe quel découvreur sait que ses chances de succès sont plutôt minimes en allant voir seul un expert…
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