Mardi 26 mai 2015, Marina Picasso a annoncé qu'elle avait reçu une offre de 155 millions d'euros pour la villa "La Californie" où elle a selon ses dires passé une enfance pas très heureuse avant de l'hériter de son grand-père pour finalement décider de la vendre.
"Picasso était un génie mais surtout pour cruauté", s'est-elle exclamée en jour en rappelant que son grand-père n'était pas vraiment du genre affectueux avec elle.
A l'âge de six ans, Marina aujourd'hui âgée de 64 ans, rendait visite une fois par semaine à ce dernier qui lorsqu'il consentait à la recevoir n'exprimait aucune joie. Avec son frère Pablito, alors âgé de sept ans, elle se cachait derrière son père Pablo lorsque celui-ci sonnait à la grille de "La Californie" tandis que le gardien venait l'ouvrir en demandant s'il était attendu pour le laisser les bras ballants avant de la refermer en disant qu'il allait voir si le maître était là.
Pablo Picasso prenait ainsi un malin plaisir à faire poireauter les membres de sa famille devant sa porte tandis que Paulo fumait une cigarette pour calmer ses nerfs et que les enfants attendaient derrière lui avec la peur au ventre.
Après une attente interminable, le gardien revenait en disant parfois que le maître était trop occupé pour les recevoir et Paulo, humilié, ramenait les enfants à la maison sans avoir reçu son salaire pour son travail consistant à servir de chauffeur pour son père tandis qu'il ne pouvait servir à ses enfants qu'une pomme pour dîner.
Lorsque Picasso acceptait de recevoir Paulo, les enfants étaient en même temps heureux de le visiter et terrifiés de les voir se disputer. "Tu es incapable d'élever tes gosses et de gagner ta vie," lui assénait-il souvent en ajoutant qu'il était à ses yeux qu'un moins que rien tandis que Paulo se retenait d'exploser du haut de son mètre 85.
A l'égard de Marina et de Pablito, Picasso eut parfois un acte de bonté en prenant une noix pour la mettre dans une figue ou une datte et la placer sur leur langue mais celle-ci comprit plus tard qu'il s'agissait d'une sale blague en se rappelant finalement qu'il appelait ce genre de friandise un mendiant.
Picasso était en fait un solitaire doté d'un cerveau hautement inventif mais aussi d'un tempérament sadique affichant un dédain profond envers ses maîtresses, ses enfants et ses grands-enfants. Il causa ainsi de profondes déchirures chez les siens et ce, même après sa disparition.
Marina a évoqué sa cruauté dans son livre sur Picasso paru en 2002 dans lequel elle a indiqué que ce dernier se prenait pour un dieu. Haïssant "La Californie" qui lui a rappelé tant de mauvais souvenirs, elle a fini par croire que la propriété était hanté par le fantôme de son grand-père en espérant maintenant que la vente de ce lieu lui permettra de tourner la page sur une triste histoire et de racheter son âme.
Tandis que Picasso vivait richement à Cannes, Marina et Pablito eurent une enfance miséreuse tandis que Paulo fut sans cesse humilié et maltraité par son père depuis sa jeunesse bien qu'il fût le seul fils né de l'union de ce dernier en juillet 1918 avec Olga Khokhlova, une danseuse ukrainienne des Ballets Russes dirigés par Serge Diaghilev.
Lorsque Picasso emmena Olga voir sa mère à Barcelone, cette dernière ne put s'empêcher de dire: "Ma pauvre fille, vous ne savez pas ce que vous faites et ce qui vous attend. Si j'étais votre amie, je vous conseillerais de fuir car aucune femme ne peut être heureuse avec mon fils"
La mère de Picasso avait dit vrai car Olga ne mit pas longtemps à le détester lui et ses amis tandis qu'il n'apprécia pas ses goûts de luxe et son côté névrosé. Intolérant et égoïste, il devint vite infidèle et ne fit aucun effort pour le cacher en allant même jusqu'à placer dans son portetfeuille une photo de sa maîtresse Marie-Thérèse Walter, qu'il avait séduite à 45 ans alors qu'elle venait d'en avoir 17.
Olga et Picasso se séparèrent en juin 1935 mais ils restèrent mariés jusqu'à la mort de cette dernière vingt ans plus tard. Les jambes paralysées à la suite d'une attaque cérébrale, elle avait vainement vainement espéré qu'il vînt lui rendre visite surtout qu'il demeurait à peine à une heure de l'hôpital
Pour Marina, Picasso fut surtout cruel envers son père qu'il ne cessa pas de traiter de nul. Né sous le joug de la tyrannie, Paulo en mourut, trahi, déçu et détruit, écrivit-elle.
Devenu adulte, Paulo fut engagé comme chauffeur par son père qui lui versait un salaire hebdomadaire en le considérant comme une marionnette et comme un mendiant quémandant sa pitance
En conséquence de quoi, Paulo s'adonna à la boisson tout comme sa femme Emilienne qui avait espéré mener la grande vie en l'épousant en allant se vanter d'être "Madame Picasso" auprès des commerçants à qui elle laissa d'innombrables ardoises.
Paulo et Emilienne se séparèrent lorsque Marina avait six mois. Celle-ci et son frère vécurent avec leur mère qui devint un peu folle en croyant que son beau-père tomberait amoureux d'elle pour ensuite dire que c'était à cause de son fils qu'il ne voulait pas la voir.
Le pire fut qu'aussi longtemps que Picasso rejetait les siens, le plus ces derniers recherchaient son affection. Atteinte selon elle de cet étrange "virus Picasso", Marina comprit enfin durant son adolescence que son grand-père n'était qu'un vampire qui signait ses toiles avec le sang de sa famille.
De son côté, Pablito devint obsédé par son grand-père en lui écrivant des lettres désespérées pour le rencontrer en allant même lui téléphoner pour s'entendre répondre par Jacqueline Roque, sa nouvelle épouse:" Pablo ? Il n'y a qu'un seul Pablo jeune homme et ce Pablo ne veut pas vous voir"
Pablito fut démoli par cette remarque et Marina écrivit que Jacqueline lui avait plongé un couteau dans le coeur. A la suite de quoi, il n'alla plus à l'école durant plusieurs jours en allant dormir dans des champs et en refusant de s'alimenter.
Le 8 avril 1973, Paulo appela ses enfants pour leur informer de la mort de son père tandis que Jacqueline Roque ne voulut pas de sa famille à ses funérailles. Quatre jours plus tard, Marina trouva Pablito étendu sur un canapé dans leur appartement en train de cracher du sang après avoir avalé une bouteille de détergent.
Pablito mourut trois mois plus tard suivi en 1975 par son père qui avait été détruit par l'alcool, une tragédie qu'avait prédite Picasso lorsqu'il avait déclaré qu'après sa mort, sa famille deviendrait comme un bateau en train de faire naufrage.
Pablito et Paulo en furent les premières victimes, puis ce fut le tour de Marie-Thérèse Walter, l'ex-muse de Picasso qui se pendit et de Jacqueline qui se tira une balle dans la tête alors que Dora Maar avait fini sa vie en recluse après qu'il l'eût quittée en 1945.
Il y eut des survivants comme Françoise Gilot qui eut deux enfants de Picasso mais Marina n'a jamais pardonné à son grand-père pour les souffrances subies par son père et son frère
Le Daily Mail a souligné que Marina a cité sur la page de titre de son livre.l'aphorisme de son grand-père: " Pour peindre une colombe, il faut d'abord lui tordre le coup". On peut donc penser qu'en se séparant de la villa "La Californie" elle n'a cherché qu'à exorciser le souvenir de l'homme qui tortura peut-être des dizaines de colombes...