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Lettre d'information
Le journal d'un fou d'art
Chapitre : 27 titres
23/27
XXIXème Chapitre
LES CHEQUES EN BOIS PROLIFERENT AVEC LA CRISE
20 Décembre 2008
Samedi 20 décembre 2008, rien de palpitant au marché aux Puces de Vanves où les chineurs ont eu l'occasion de voir la police la police intervenir pour déloger les vendeurs à la sauvette.
Rencontre avec un marchand de Saint-Ouen, déconfit d'avoir été refait de 24000 euros lors d'une foire à Montpellier, où il avait vendu des objets et des meubles à des Italiens qui lui avait payé par chèque.
Autre victime, un antiquaire de Tours dont le vendeur a accepté un chèque de 8000 euros d'une cliente italienne pour une commode qui a été livrée à Turin avant que la banque ne l'avertisse que cette somme n'avait pu être débitée du compte de cette dame faute de provision. La crise a ainsi eu le don de faire multiplier les chèques en bois pour donner des angoisses supplémentaires aux marchands.
Angoisses aussi pour certains marchands de la rue de Seine interrogés par la police au moment de la divulgation d'un soupçon de détournement d'environ 350 000 euros des caisses des Parrains de SOS Racisme et du syndicat lycéen Fidl dont aurait pu bénéficier Julien Dray, député de l'Essonne membre du bureau national du Parti socialiste et ancien porte-parole de Ségolène Royal lors de la dernière campagne présidentielle.
Dans le cadre de l'enquête menée par la police, les enquêteurs ont voulu savoir dans quelles conditions le député, connu surtout pour être un collectionneur de montres de grandes marques, aurait acheté certaines pièces, notamment des sculptures de Philippe Hiquily, auprès de ces galeristes.
Dimanche 21 décembre 2008, des archéologues israéliens ont découvert 264 pièces d'or datant du VIIe siècle lors de fouilles organisées près de la Vieille ville de Jérusalem.
Ce trésor constitué de pièces faites d'or pur de 24 carats portant l'effigie de l'empereur byzantin Heraclius, qui a régné de 610 à 641, a été découvert dans une niche dissimulée dans un mur.
Les archéologues qui ont été à l'origine de cette trouvaille n'ont pas été en mesure d'expliquer pourquoi le propriétaire de ce pactole n'était jamais venu les récupérer. On pourrait toutefois imaginer que ce dernier l'avait caché dans cette niche lors de la conquête omeyadde de la Palestine entre 634 et 640 et qu'il fut obligé de fuir dans un autre endroit sans pouvoir revenir le reprendre.La découverte a été faite lors de fouilles effectuées dans la "cité de David", un site antique de Jérusalem situé dans la partie orientale de la ville annexée par Israël.
Vendredi 26 décembre 2008, temps sibérien au marché aux Puces de Saint-Ouen où moins de dix brocanteurs ont déballé leur marchandise alors que d'autres sont venus vider les leurs après avoir décidé de cesser leur activité. L'année 2009 s'est donc annoncée très difficile pour ceux qui ont continué à faire le dos rond face à une crise sans précédent.
Dans l'après-midi, visite de l'exposition consacrée au Grand Palais au peintre expressionniste allemand Emil Nolde qui salua l'avènement de l'hitlérisme en croyant naïvement qu'il allait bénéficier de la protection des dignitaires du IIIe Reich alors que le régime nazi ne se priva pas de décrier son oeuvre en l'assimilant à l'art dégénéré avant d'aller jusqu'à faire brûler nombre de ses toiles. Cet opportunisme vain entacha ainsi la carrière de ce peintre que d'aucuns auront jugé comme extraordinaire. Dommage et navrant. Dans la foulée, visite de l'exposition "Picasso et les maîtres" pour admirer la virtuosité du génie espagnol de la peinture qui s'amusa à pasticher des artistes comme Manet, Zurbarran, Rembrandt, Le Titien, Delacroix et d'autres en maniant comme jamais l'art du clin d'oeil. Chapeau !
Mercredi 31 décembre 2008, auteur d'une escroquerie de quelque 50 milliards de dollars commise au détriment de riches investisseurs plutôt naïfs, le financier américain Bernard Madoff s'est fait voler une sculpture d'une valeur de 10000 dollars dans sa propriété de Floride. Les voleurs ont eu néanmoins le chic de la restituer accompagnée d'un message l'invitant à les imiter, c'est à dire en remboursant ses victimes. Il est malheureusement à craindre que ce dernier n'aura pas la faculté de satisfaire ce souhait étant donné que sa fortune personnelle ne servira même pas à combler le 100e des sommes englouties.
Jeudi 1er janvier 2009, la nouvelle année est arrivée avec la crainte de voir la crise économique mondiale se poursuivre encore durant plusieurs mois. Parmi les plus mal lotis, les brocanteurs, antiquaires et galeristes ont eu bien du souci à se faire, ne serait-ce déjà pour survivre étant donné que leur activité a toujours consisté à ne vendre que du superflu. Le moral des ménages étant au plus bas, ce ne sera certainement pas vers le marché de l'art que les gens dirigeront leurs priorités. Triste constat...
Vendredi 2 janvier 2009, le marché aux Puces de Saint-Ouen est resté fermé, les marchands ayant préféré rester à la maison, pas tant pour récupérer des excès du réveillon mais surtout pour ne pas sombrer un peu plus dans la déprime. Il fallait être plutôt inconscient de procéder à un déballage en pareille circonstance d'autant plus que le niveau des affaires n'a jamais cessé de baisser depuis les attentats commis en septembre 2001 à New York.
Samedi 3 janvier 2009, reprise poussive au marché aux Puces de Vanves où il n'y a rien eu d'excitant à chiner. Temps glacial, ardeurs refroidies, esprits engourdis, affaires gelées, le début de la nouvelle année a été à l'image de la fin de 2008 alors qu'en formulant leurs voeux pour la nouvelle année, les professionnels ont cette fois échangé des souhaits pour leur survie. En soirée, ils n'auront pas manqué de tirer la galette des rois pour tenter au moins de s'offrir la fève du samedi soir...
Il a fallu s'adapter brutalement à cette nouvelle crise, plus pernicieuse que les précédentes, avec l'espoir de revenir un jour à des temps meilleurs sauf que les changements de goûts opérés depuis une décennie ont bouleversé la situation des marchands au point de mettre en péril l'existence de leur profession. A cela est venue s'ajouter la baisse du pouvoir d'achat des clients potentiels confrontés eux aussi à des difficultés de tous ordres et dans ce contexte, nul devin ne pourrait être à même de prédire quand aura lieu le retour aux belles affaires.
Cela dit, le monde a sans cesse vécu avec les crises pour trouver à chaque fois l'opportunité de repartir de l'avant mais depuis la Première Guerre Mondialela modernité et le progrès ont amplifié le processus de leur déclenchement pour le rendre plus chaotique et fragile. Il y a donctoujours un tribut à payer, ce qui signifie que les professionnels de l'art et des antiquités ne sortiront pas tous indemnes du séisme boursier et financier qui a frappé la planète pour ensuite faire d'eux des victimes collatérales de la récession. Il y aura donc une nouvelle redistribution des cartes qui malheureusement réduira leur contingent.
Samedi 20 décembre 2008, rien de palpitant au marché aux Puces de Vanves où les chineurs ont eu l'occasion de voir la police la police intervenir pour déloger les vendeurs à la sauvette.
Rencontre avec un marchand de Saint-Ouen, déconfit d'avoir été refait de 24000 euros lors d'une foire à Montpellier, où il avait vendu des objets et des meubles à des Italiens qui lui avait payé par chèque.
Autre victime, un antiquaire de Tours dont le vendeur a accepté un chèque de 8000 euros d'une cliente italienne pour une commode qui a été livrée à Turin avant que la banque ne l'avertisse que cette somme n'avait pu être débitée du compte de cette dame faute de provision. La crise a ainsi eu le don de faire multiplier les chèques en bois pour donner des angoisses supplémentaires aux marchands.
Angoisses aussi pour certains marchands de la rue de Seine interrogés par la police au moment de la divulgation d'un soupçon de détournement d'environ 350 000 euros des caisses des Parrains de SOS Racisme et du syndicat lycéen Fidl dont aurait pu bénéficier Julien Dray, député de l'Essonne membre du bureau national du Parti socialiste et ancien porte-parole de Ségolène Royal lors de la dernière campagne présidentielle.
Dans le cadre de l'enquête menée par la police, les enquêteurs ont voulu savoir dans quelles conditions le député, connu surtout pour être un collectionneur de montres de grandes marques, aurait acheté certaines pièces, notamment des sculptures de Philippe Hiquily, auprès de ces galeristes.
Dimanche 21 décembre 2008, des archéologues israéliens ont découvert 264 pièces d'or datant du VIIe siècle lors de fouilles organisées près de la Vieille ville de Jérusalem.
Ce trésor constitué de pièces faites d'or pur de 24 carats portant l'effigie de l'empereur byzantin Heraclius, qui a régné de 610 à 641, a été découvert dans une niche dissimulée dans un mur.
Les archéologues qui ont été à l'origine de cette trouvaille n'ont pas été en mesure d'expliquer pourquoi le propriétaire de ce pactole n'était jamais venu les récupérer. On pourrait toutefois imaginer que ce dernier l'avait caché dans cette niche lors de la conquête omeyadde de la Palestine entre 634 et 640 et qu'il fut obligé de fuir dans un autre endroit sans pouvoir revenir le reprendre.La découverte a été faite lors de fouilles effectuées dans la "cité de David", un site antique de Jérusalem situé dans la partie orientale de la ville annexée par Israël.
Vendredi 26 décembre 2008, temps sibérien au marché aux Puces de Saint-Ouen où moins de dix brocanteurs ont déballé leur marchandise alors que d'autres sont venus vider les leurs après avoir décidé de cesser leur activité. L'année 2009 s'est donc annoncée très difficile pour ceux qui ont continué à faire le dos rond face à une crise sans précédent.
Dans l'après-midi, visite de l'exposition consacrée au Grand Palais au peintre expressionniste allemand Emil Nolde qui salua l'avènement de l'hitlérisme en croyant naïvement qu'il allait bénéficier de la protection des dignitaires du IIIe Reich alors que le régime nazi ne se priva pas de décrier son oeuvre en l'assimilant à l'art dégénéré avant d'aller jusqu'à faire brûler nombre de ses toiles. Cet opportunisme vain entacha ainsi la carrière de ce peintre que d'aucuns auront jugé comme extraordinaire. Dommage et navrant. Dans la foulée, visite de l'exposition "Picasso et les maîtres" pour admirer la virtuosité du génie espagnol de la peinture qui s'amusa à pasticher des artistes comme Manet, Zurbarran, Rembrandt, Le Titien, Delacroix et d'autres en maniant comme jamais l'art du clin d'oeil. Chapeau !
Mercredi 31 décembre 2008, auteur d'une escroquerie de quelque 50 milliards de dollars commise au détriment de riches investisseurs plutôt naïfs, le financier américain Bernard Madoff s'est fait voler une sculpture d'une valeur de 10000 dollars dans sa propriété de Floride. Les voleurs ont eu néanmoins le chic de la restituer accompagnée d'un message l'invitant à les imiter, c'est à dire en remboursant ses victimes. Il est malheureusement à craindre que ce dernier n'aura pas la faculté de satisfaire ce souhait étant donné que sa fortune personnelle ne servira même pas à combler le 100e des sommes englouties.
Jeudi 1er janvier 2009, la nouvelle année est arrivée avec la crainte de voir la crise économique mondiale se poursuivre encore durant plusieurs mois. Parmi les plus mal lotis, les brocanteurs, antiquaires et galeristes ont eu bien du souci à se faire, ne serait-ce déjà pour survivre étant donné que leur activité a toujours consisté à ne vendre que du superflu. Le moral des ménages étant au plus bas, ce ne sera certainement pas vers le marché de l'art que les gens dirigeront leurs priorités. Triste constat...
Vendredi 2 janvier 2009, le marché aux Puces de Saint-Ouen est resté fermé, les marchands ayant préféré rester à la maison, pas tant pour récupérer des excès du réveillon mais surtout pour ne pas sombrer un peu plus dans la déprime. Il fallait être plutôt inconscient de procéder à un déballage en pareille circonstance d'autant plus que le niveau des affaires n'a jamais cessé de baisser depuis les attentats commis en septembre 2001 à New York.
Samedi 3 janvier 2009, reprise poussive au marché aux Puces de Vanves où il n'y a rien eu d'excitant à chiner. Temps glacial, ardeurs refroidies, esprits engourdis, affaires gelées, le début de la nouvelle année a été à l'image de la fin de 2008 alors qu'en formulant leurs voeux pour la nouvelle année, les professionnels ont cette fois échangé des souhaits pour leur survie. En soirée, ils n'auront pas manqué de tirer la galette des rois pour tenter au moins de s'offrir la fève du samedi soir...
Il a fallu s'adapter brutalement à cette nouvelle crise, plus pernicieuse que les précédentes, avec l'espoir de revenir un jour à des temps meilleurs sauf que les changements de goûts opérés depuis une décennie ont bouleversé la situation des marchands au point de mettre en péril l'existence de leur profession. A cela est venue s'ajouter la baisse du pouvoir d'achat des clients potentiels confrontés eux aussi à des difficultés de tous ordres et dans ce contexte, nul devin ne pourrait être à même de prédire quand aura lieu le retour aux belles affaires.
Cela dit, le monde a sans cesse vécu avec les crises pour trouver à chaque fois l'opportunité de repartir de l'avant mais depuis la Première Guerre Mondialela modernité et le progrès ont amplifié le processus de leur déclenchement pour le rendre plus chaotique et fragile. Il y a donctoujours un tribut à payer, ce qui signifie que les professionnels de l'art et des antiquités ne sortiront pas tous indemnes du séisme boursier et financier qui a frappé la planète pour ensuite faire d'eux des victimes collatérales de la récession. Il y aura donc une nouvelle redistribution des cartes qui malheureusement réduira leur contingent.
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