Pour quelle raison? Tout simplement parce qu'au Pavillon des Antiquaires organisé à Paris en mars 2000, Camille Burgi s'était vu refuser par le comité d'expertise d'exposer un magnifique secrétaire du XVIIIe siècle au motif que la modification des bronzes décorant l'abattant altérait l'authenticité de ce meuble. Or, celui-ci avait été vendu comme authentique plusieurs années auparavant par Jean-Marie Rossi qui dirigeait ce comité. A l'occasion, Jacques Perrin, qui en faisait partie, aurait imité sa signature notifiant ce refus.
Ecoeuré par cette sanction qui détruisait sa réputation et mettait à mal son commerce, Camille Burgi n'avait pas hésité à engager une procédure pour dénoncer ce qu'il considérait comme un coup tordu.
Contre toute attente, le verdit du tribunal fut des plus sévères pour Jacques Perrin qui avait également été condamné à verser un million d'euros pour le préjudice commercial subi par le plaignant ainsi que près de 8 000 euros de frais de justice.
Absent à l'audience, Jacques Perrin avait été atterré par le jugement du tribunal lequel avait été bien au-delà des requisitions du procureur prononcées le 21 mai 2005 et avait décidé alors de faire appel.
Ruiné de son côté, Camille Burgi s'était félicité d'avoir eu gain de cause et exprimé l'espoir de pouvoir enfin s'en sortir après cinq années cauchemardesques mais la joie du jeune loup fut de courte durée puisqu'il perdit en appel. L''ancien brocanteur des Puces de Montreuil, devenu un temps une des stars montantes du marché, déclara alors qu'il avait eu le tort de vouloir jouer dans la cour des grands et de rivaliser avec eux.
Sur le point de cesser son activité après avoir perdu nombre de clients importants, Burgi s'était pourvu en cassation avec le mince espoir de gagner son bras de fer et c'est donc contre toute attente qu'il a obtenu gain de cause, le tribunal ayant même estimé que l'indemnité qui lui avait été accordée en première instance paraissait légère en regard du préjudice subi. L'affaire se poursuivra désormais devant la cour d'appel de Versailles. Autant dire que le marathon de Burgi n'est pas encore terminé.
Dans l'après-midi, rencontre à côté de l'Hôtel Drouot avec "Bierrot" dit "l'Expert du CRAD" qui a évoqué d'un ton amusé le vol de deux tableaux de Picasso commis en mars 2007 au domicile de la petite-fille de l'artiste en se demandant si la police avançait dans son enquête.
Pour lui, le fait qu'il n'y avait pas eu d'effraction indiquerait que l'auteur du vol était d'une part bien renseigné sur la topographie de la résidence visée et que d'autre part, il devait vraisemblablement avoir rencontré un jour la propriétaire des lieux pour préparer son coup mais qu'il aurait oublié stupidement que les tableaux qu'il voulait dérober étaient invendables. Quoiqu'il en soit, des bruits ont couru que cet énergumène ou peut-être un comparse, allez savoir, aurait tenté de les fourguer en demandant pour ceux-ci une somme de 5 millions d'euros. Autant dire que personne n'a dû se précipiter pour les acheter ou même accepter de les avoir pour rien. Il reste maintenant à espérer que le voleur ne les détruira pas par dépit ou simplement pour oublier la connerie qu'il a commise.