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Le journal d'un fou d'art

Chapitre :
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XXVIème Chapitre
DES CANAUX DE VENISE AUX BASSINS DE VERSAILLES
08 Juin 2007

 

Samedi 2 juin 2007, quelques amateurs, dont un brocanteur du marché Serpette de Saint-Ouen, sont venus assister à une vente organisée à Rueil-Malmaison dans la soirée après avoir repéré deux bronzes décrits comme étant du XIXe siècle et estimés entre 1500 et 2000 euros dans la petite plaquette publiée pour annoncer cette vacation.

 

Le marchand en question avait subodoré que ces deux sculptures, l'une représentant une Vénus et l'autre une femme symbolisant les sciences, pouvaient  avoir été fabriquées à la fin du XVIe siècle, vraisemblablement dans l'atelier de Jean de Bologne. Las, dès son arrivée dans la salle, il s'est retrouvé nez à nez avec le rabatteur d'un grand marchand de la Rive Droite et a compris dès lors que la bonne affaire qu'il pensait faire aller lui échapper.

 

Lorsque le tour est venu de vendre les lots qu'il visait, les enchères ont alors fusé à toute allure sous l'impulsion de deux enchérisseurs qui bataillaient au téléphone. A 200 000 euros, devenu subitement tout rouge comme victime d'un coup de chaleur, l'expert s'est levé de sa chaise et a demandé à sortir en présentant ses excuses au commissaire-priseur qui a continué à égrener les enchères jusqu'à que son marteau s'abatte à 353 000 euros pour le compte d'un marchand de la Rive Gauche qui téléphonait d'Espagne pour disputer ces sculptures à son rival de l'autre côté de la Seine.

 

Une fois les lots adjugés, l'acheteur a signifié au bout du fil qu'il demanderait l'annulation de la vente si son résultat était communiqué à la Gazette de l'Hôtel Drouot, une demande qui en fait n'a rien eu d'illégitime, tout acheteur pouvant requérir  qu'une adjudication demeure confidentielle. On pourra imaginer que l'antiquaire qui a acquis ces deux magnifiques sculptures, montées sur des socles du XIXe siècle mais qui étaient bien du XVIe et attribuables à l'atelier de Jean de Bologne, n'ait pas voulu que le résultat soit publié dans la Gazette afin que son futur acheteur ne connaisse ni le prix d'achat ni la provenance de ces pièces.

 

L'expert, quant à lui, s'est sacrément ridiculisé en décrétant que ces sculptures étaient du XIXe siècle tout en les estimant pour trois fois rien, ce qui a fait dire à des esprits mal pensants - il y a partout des méchantes langues- qu'il comptait peut-être se les réserver. On croira plutôt qu'il n'aura pas assez examiné ces oeuvres montées sur des socles rapportés lesquels l'ont probablement induit en erreur.

 

N'empêche, malgré le camouflet subi, il aura quand même touché une confortable commission sur celles-ci, ce qui n'a finalement pas semblé très moral. A ce propos, on ne répétera jamais assez qu'il serait plus convenable de baser les commissions d'un expert non pas sur les résultats des lots qu'il aura examinés mais plutôt sur ses estimations. Tout travail mérite salaire et il paraît injuste qu'un expert qui ne fait pas convenablement son travail puisse tirer profit de sa bourde.

Mercredi 6 juin 2007, le sculpteur Christian Maas, plus habitué à fréquenter les célébrités et nombre de personnalités politiques, a comparu devant le tribunal correctionnel de Melun pour contrefaçon en ayant à se défendre d'avoir produit des fausses épreuves du " Cheval Cabré" faisant partie de "La Fontaine aux chevaux", une oeuvre monumentale en bronze de l'artiste local Frédéric Jager.

Plutôt cabré dans le box des accusés, Maas, 56 ans, a dû expliquer à la cour pourquoi il avait été faire fabriquer en Thaïlande des copies de l'oeuvre de Jager pour les revendre ensuite à plusieurs municipalités au prix unitaire de 30 000 euros.

Tout cela ne serait peut-être pas arrivé si un marchand belge n'avait pas acheté en 1994 un exemplaire haut de 250 cm de "La Fontaine aux Chevaux" dont il fit réaliser des moules qui auraient été ensuite récupérées par Maas lequel aurait ainsi fait fabriquer à Bangkok l'élément incriminé pour son compte.

Pour sa défense, le sculpteur a déclaré qu'il ignorait que cette sculpture était signée de Jager et qu'il avait laissé la fonderie libre d'utiliser son nom pour la diffuser mais son argument n'a pas paru convaincre le procureur qui a requis à son encontre une peine de neuf mois de prison avec sursis.

Cette affaire est quelque peu tombée à point pour rappeler que le domaine du bronze est celui qui est de loin le plus gangrené par les faux d'autant plus que de nombreux moules de fonderies tombées en faillite au début des années 1980 furent récupérés par des petits malins qui n'hésitèrent pas à tirer à loisir des copies de si belle qualité au point que les experts officiant dans des ventes publiques furent pour la plupart blousés.

Rien n'est plus compliqué que de déterminer l'authenticité d'une sculpture en bronze d'autant plus que les fonderies ont eu l'habitude de faire des tirages d'un même modèle durant des années. Si les bronzes réalisés en Extrême-Orient sont en général de pauvre qualité, il n'en est pas de même pour les épreuves produites en catimini en France par le biais de faussaires bien outillés et souvent pourvus de moules originaux ayant échappé à la destruction après la disparition de nombreuses fonderies réputées. A cet égard, on peut rappeler l'apparition sur le marché au début des années 1980 de plagiats de sculptures chryséléphantines de très belle facture et de quantités de faux bronzes portant notamment les signatures de Rodin, Pompon, Maillol, Bugatti, Giacometti ou Zadkine ainsi que des milliers de copies de bronzes animaliers de sculpteurs tombés dans le domaine public. Ce déferlement a constitué un véritable casse-tête pour les experts qui sont obligés d'avoir un sacré coup d'oeil ainsi que de solides connaissance en matière de technique de fonte pour éviter d'être piégés.

Jeudi 7 juin 2007, nommé président de l'Etablissement public du musée et du domaine de Versailles, Jean-Jacques Aillagon aura bouclé un parcours des plus intéressants après avoir été tour à tour président du Centre Pompidou, puis ministre de la Culture et de la Communication de 2002 à mars 2004 et directeur de la Fondation Pinault à Venise.

L'ancien professeur d'histoire et de géographie aura donc su se bâtir une belle carrière grâce à un superbe réseau de relations. Reste à savoir si le fait de quitter le Palazzo Grassi et les canaux de Venise pour les bassins de Versailles après n'être resté que quelques mois en fonction n'aura pas trop chagriné François Pinault qui comptait grandement sur lui pour valoriser ses collections d'art contemporain dans la cité des Doges. Bref, Aillagon a dû penser qu'il était plus intéressant d'être le grand taulier de Versailles qu'un chef gondolier à Venise.

Dimanche 10 juin 2007, nombre de chineurs se sont rués à la foire à la brocante qui s'est tenue à la Nation et parmi eux le redoutable "J.R" qui a réussi à mettre la main sur une marine attribuée à Maxime Maufra et à embobiner un particulier pour lui échanger un ivoire soi-disant de Dieppe contre une caricature de Toulouse-Lautrec. Un peu plus loin, l'homme aux mille bananes "Dodo la Marmotte" a trouvé une huile sur panneau signée Jongkind et une toile portant la signature de Victor Charreton, ce qui a paru être une belle pêche sauf que le bougre aura probablement du mal à obtenir des certificats d'authenticité pour ses trouvailles.

A Saint-Ouen, calme plat dans tous les marchés plus que jamais plongés dans la sinistrose.

A Fontainebleau, le sabre que portait Bonaparte lors de la bataille de Marengo a été vendu aux enchères pour la somme record de 4,2 millions d'euros sans les frais; du jamais vu.

Estimé quand même à un million d'euros, ce sabre a été acheté par l'épouse d'un descendant de Jérôme Bonaparte, frère de l'empereur, afin qu'il puisse rester dans la famille. Considéré comme trésor national, donc interdit d'exportation, il pourra déjà peut-être servir à découper des tranches de veau Marengo lors des dîners que celle-ci organisera pour des invités triés sur le volet. En attendant, on aura pu dire que les prix se corsent pour les souvenirs napoléoniens...

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